Jayme Colosimo

Les conditions météorologiques extrêmes ont déjà des effets significatifs sur les opérations, les bilans et les revenus des entreprises, selon un récent article du gestionnaire de fonds américain Capital Group, intitulé Surveillance météo : quatre secteurs qui subissent la force de la nature.

« Les inondations, les tempêtes et les chaleurs extrêmes devenant de plus en plus fréquentes et sévères, les conditions météorologiques semblent prêtes à jouer un rôle encore plus important dans les considérations d’investissement », écrit l’autrice, Jayme Colosimo, responsable de placements ESG à Capital Group, dans l’article de la série Capital Ideas

Mme Colosimo ajoute que les États-Unis ont connu 28 phénomènes météorologiques extrêmes en 2023, « soit plus du double de ce qui avait été observé dix ans plus tôt ». Elle entend par « extrêmes » les événements qui ont coûté au moins un milliard de dollars (G$) américains (tous les chiffres mentionnés dans ce texte du Portail de l’assurance sont en dollars américains). Un graphique présenté dans son article en retrace l’évolution. 

Source du graphique sur les événements climatiques à 1 G$ et plus, NOAA National Centers for Environmental Information (NCEI) présente des données d’après lesquelles les phénomènes météorologiques extrêmes survenus aux États-Unis en 2023 ont entraîné des coûts de 93,7 G$. 

De ces 28 événements, la majorité a été le fait de tempêtes violentes (19). L’article cite des données de Swiss Re Institute, selon lesquelles les orages ont causé aux États-Unis des pertes de 34 G$ en 2023, soit le total le plus élevé sur une période de six mois. 

Année record 

Dans le monde entier, les désastres survenus en 2023 ont engendré des pertes économiques de 380 G$ et des pertes assurées de 118 G$, révèle pour sa part Aon, dans son rapport 2024 Climate and Catastrophe Insight. Ils ont pris 95 000 vies humaines, soit le plus funeste bilan depuis 2010. Les États-Unis ont essuyé 67 % des pertes assurées. 

La somme des pertes économiques de 2023 reliées à des catastrophes naturelles est de 22 % supérieure à la moyenne annuelle du 21e siècle. Les pertes assurées de 2023 surpassent de 31 % la moyenne annuelle du 21e siècle. 

Aon estime à 66 le nombre de catastrophes de 1 G$ et plus survenues en 2023, et précise qu’il s’agit d’un record. La moyenne annuelle a été à ce jour de 42 par année. 

Sécheresse et chaîne d’approvisionnement 

Tout le monde aime parler du temps qu’il fait, y compris les dirigeants de grandes entreprises – Jayme Colosimo 

« Dans tous les secteurs, l’effet perturbateur des sécheresses sur les chaînes d’approvisionnement est un élément que les investisseurs devraient surveiller en 2024, et au-delà », soutient Mme Colosimo. 

« Tout le monde aime parler du temps qu’il fait, y compris les dirigeants de nombreuses grandes entreprises. Récemment, les mentions d’événements météorologiques lors des appels trimestriels aux investisseurs des sociétés du S&P 500 ont atteint un niveau record sur plusieurs années », remarque-t-elle. 

Disponibilité d’assurance problématique 

Jayme Colosimo rapporte dans son article les propos d’experts de Capital Group. Ils ont entre autres tenu compte des effets des conditions météorologiques extrêmes sur le secteur de l’assurance. 

« L’augmentation des pertes liées aux catastrophes naturelles a précipité un changement radical sur les marchés boursiers mondiaux », explique Rob Grube, analyste de placements en actions de Capital Group. Corrigée de l’inflation sur dix ans, la moyenne des pertes assurées du secteur a doublé au cours des cinq dernières années, selon M. Grube.  

L’analyste de Capital Group ajoute que les tempêtes de grêle, les feux de forêt et d’autres risques secondaires ont représenté plus de la moitié de cette augmentation. « L’accessibilité financière et la disponibilité de l’assurance des biens pourraient rester problématiques dans un avenir prévisible », conclut-il. 

La prolifération des phénomènes météorologiques extrêmes a incité les réassureurs à augmenter leurs prix, voire à se retirer de certains domaines de couverture, mentionne pour sa part Mme Colosimo. « Certains assureurs ont donc suivi le pas », ajoute-t-elle. 

Gestionnaire américain fondé à Los Angeles en 1931, Capital Group a ouvert un bureau à Toronto en 1998, puis à Montréal en 2021. En 2000, il a amorcé son offre de portefeuilles aux investisseurs individuels canadiens. Présent dans plusieurs pays, Capital Group gère plus de 2,5 billions de dollars (2 000 G$).