2009 pourrait s'avérer coûteuse pour les assureurs. Même si le nombre de catastrophes est en deçà de la moyenne pour les six premiers mois de l'année, le montant des indemnités versées par les assureurs est quant à lui supérieur à la moyenne.Les principales catastrophes qui ont frappé la planète depuis le début de l'année ont touché des zones industrialisées fortement peuplées. C'est ce qu'explique le réassureur Munich Re, qui a compilé le nombre de catastrophes et les montants versés par les assureurs au cours des six premiers mois de 2009.

Munich Re estime que les assureurs ont dû débourser 11 milliards de dollars (G$) depuis le début de l'année. Ce montant est supérieur à la moyenne versée au cours des dix dernières et s'établit à 10 G$.

Ce sont 380 événements catastrophiques qui ont frappé la planète depuis le début de 2009. Pour les six premiers mois de l'année, la moyenne est de 400. Ces 380 événements ont causé des pertes économiques de 25 G$, bien en deçà de la moyenne sur dix ans, qui s'établit à 42 G$.

Généralement, les catastrophes naturelles sont moins nombreuses dans les six premiers mois de l'année que dans les six derniers, fait remarquer Munich Re. Tout dépendra donc de la saison des ouragans dans le Nord de l'Atlantique, ajoute le réassureur.

La catastrophe qui a coûté le plus cher aux assureurs au cours des six premiers mois de 2009 est la tempête hivernale Klaus, qui a causé des dommages assurés de 2,3 G$. Klaus a frappé l'Espagne et la France du 23 au 25 janvier, avec des vents de 195 kilomètres à l'heure.

États-Unis fouettés

Les États-Unis ont été particulièrement touchés depuis le début de l'année. Nos voisins du Sud ont dû faire face à quatre séries de tornades et de tempêtes sévères. La plus coûteuse a couté 1,35 G$ aux assureurs en février. Les trois autres ont respectivement coûté 990 millions de dollars (M$) en avril, 850 M$ en juin et 800 M$ en mars. Les quatre séries de tempêtes ensemble ont ainsi coûté 4 G$ aux assureurs.

Les feux de forêts qui ont touché l'Australie en février ont coûté 770 M$ aux assureurs. Munich Re prévient aussi les compagnies d'assurance que ce type d'événement sera plus fréquent, puisque le changement climatique entrainera des vagues de chaleur amenant des sécheresses plus longues, augmentant ainsi le risque d'incendies de forêt.

Le tremblement de terre qui a touché la région de L'Aquila en Italie le 6 avril dernier a coûté 260 M$ aux assureurs pour couvrir les dommages causés par la secousse de 6,3 sur l'échelle de Richter. Les coûts totaux liés à cette catastrophe sont de 2,5 G$.

2008 : 3e année la plus onéreuse

2008 a été la troisième année la plus onéreuse de l'histoire pour les assureurs, côté catastrophes, avec des dommages assurés avoisinant les 50 G$.

Selon le réassureur Munich Re, 750 catastrophes naturelles ont frappé la planète en 2008, faisant 163 000 décès. Ce sont 78 séismes, dix éruptions volcaniques, 282 tempêtes et 292 inondations et glissements de terrain. À cela, il faut ajouter que 88 événements ont été causés par des vagues de chaleur, des périodes de sécheresse, des incendies de forêts, des intempéries hivernales et le gel.

Dommages de 200 G$

Ces 750 catastrophes ont causé des dommages de 200 G$ et les assureurs ont dû en absorber 45 G$. En 2007, les dommages assurés se chiffraient à 30 G$, sur un total de 82 G$, selon Munich Re.

Pour sa part, le réassureur Swiss Re rapporte des dommages de 269 G$ en 2008, dont 52,5 G$ en dommages assurés. De ce chiffre, 45 G$ sont dus à des catastrophes naturelles et près de 8 G$ à des catastrophes techniques.

L'année 2008 n'est donc précédée que des années 2005 et 1995 en termes de dommages assurés. En 2005, le passage de l'ouragan Katrina et de plusieurs autres catastrophes avaient coûté plus de 250 G$ aux assureurs. En 1995, c'est le tremblement de terre survenu à Kobe, au Japon, qui avait fait grimper la facture des assureurs.

En 2008, c'est le passage de l'ouragan Ike aux États-Unis en septembre 2008 qui aura coûté le plus cher aux assureurs, avec des dommages assurés dépassant les 15 G$, sur un total de 38 G$, en plus de faire 168 morts. Ike a aussi causé des dommages au Canada. L'ouragan a provoqué des inondations en Ontario et au Québec. Il faut aussi y ajouter des rafales de vent de 80 km/h, qui ont renversé des arbres et des poteaux électriques, entraînant des coupures de courant dans la région du Saint-Laurent, y compris à Montréal.

Selon Munich Re, le traitement des réclamations de l'ouragan Ike prouve que les modèles d'évaluation des risques doivent être améliorés pour pouvoir utiliser les estimations de pertes après une catastrophe.

« Les estimations actuelles reposent sur la sélection d'événements similaires d'un modèle de risques. Elles ne reflètent pas en détail toutes les caractéristiques d'un même événement », affirme le réassureur dans son étude Topics Geo - Catastrophes naturelles 2008.

Munich Re ajoute qu'il faut arrêter la course aux chiffres divulgués rapidement et remplacer ces derniers par des estimations fiables s'appuyant sur des avis de sinistres réels.

« L'industrie des assurances se doit de limiter le risque au moyen de différentes mesures, telles que des primes techniques adaptées, des textes de police parfaitement explicites, des franchises adéquates et des informations spécifiques, locales et très précises, notamment pour les biens dont la somme assurée est élevée. En plus de ces instruments techniques, il est important de mener une politique active de prévention des sinistres, car il faut s'attendre à des charges de sinistre bien plus élevées dans les zones côtières très exposées, en raison, précisément, des implications du changement climatique et de la migration des populations et des valeurs », dit le réassureur.

Pour Munich Re, il ne fait plus de doute que les changements climatiques ont un impact sur les catastrophes naturelles. Le réassureur rapporte que l'Organisation météorologique mondiale considère que 2008 a été globalement la dixième année la plus chaude depuis 1850. Les dix années les plus chaudes enregistrées sont survenues au cours des 12 dernières années. En 2008, la température moyenne annuelle globale près du sol était supérieure de 0,31 degré Celsius (°C) à la moyenne enregistrée de 1961 à 1990, qui était de 14 °C.

Selon le réassureur, l'analyse à long terme des grandes catastrophes naturelles confirme une tendance en croissance constante. « Ceci est dû en grande partie aux développements socioéconomiques, tels que les concentrations croissantes de valeurs, l'augmentation des populations, l'urbanisation et l'industrialisation de régions exposées. Le changement climatique, ainsi que l'accroissement continu des événements météorologiques majeurs auquel il faut s'attendre, pourrait s'avérer être un élément générateur majeur de l'évolution à venir en matière de sinistralité », avertit Munich Re.