Les régimes d’assurance et de retraite collectifs subiront une grande pression en raison du vieillissement de la population. En plus, ils devront se diversifier dans leur offre et leur approche alors que cinq générations se côtoieront au travail d’ici 2020, selon la firme d’actuaires-conseils Aon Hewitt.ja_23_03_img2

Dans une présentation sur l’avenir des soins de santé au Canada, le vice-président, assurance collective, d’Aon Hewitt, Jean-Guy Gauthier, a dit croire que les régimes seront appelés à modifier leur approche pour s’adapter aux différentes générations. M. Gauthier a tenu ces propos lors d’un forum sur la santé organisé par le consultant en avantages sociaux le jeudi 20 novembre à Montréal. Le Journal de l’assurance y a assisté. Aon y a accueilli plus d’une centaine de ses clients, principalement des gestionnaires en ressources humaines de grandes compagnies, dont Pratt & Withney.

Selon des statistiques tirées d’un sondage de Future Workplace, M. Gauthier a livré une projection de ce que représentera le bassin d’employés en 2020 sur le plan démographique : la génération Z comptera pour 7 % de la force de travail au Canada; la génération Y, pour 50 %; la génération X, pour 20 %; la génération des boumeurs, pour 22 %; et la génération des traditionalistes, pour 1 %.

Selon lui, il sera par exemple plus facile de mobiliser la génération Z en parlant de santé et en parlant de vivre une expérience plutôt que de parler d’assurance collective. Les régimes d’employeur devront tendre vers plus de flexibilité et d’accès aux données. Dans la prestation des soins de santé, les générations Y et Z seront davantage préoccupées par les délais d’attente et interpelées par la technologie et la possibilité de choisir leur praticien.

Parallèlement, le système de santé change. Selon des statistiques de la Base de données sur les dépenses nationales de santé (BDDNS) relatives à 2013, de l’Institut canadien d’information de la santé, les dépenses de soins de santé prodigués au Canada sont assumées à 70 % par le secteur public et à 30 % par le secteur privé. Or, M. Gauthier rappelle que la part du privé ne cessera de grandir. L’hospitalisation se déplacera de plus en plus vers la consultation externe; et les rencontres en personne, vers les rencontres virtuelles. Infirmiers, pharmaciens et autres praticiens seront de plus en plus consultés à la place des médecins. Les soins curatifs se déplacent aussi de plus en plus vers le maintien de la santé; et les interventions chirurgicales, vers les interventions non chirurgicales.

Au sein des régimes, les défis de la santé seront de plus tributaires du style de vie. M. Gauthier observe que 8 comportements à risque favorisent 15 maladies chroniques qui représentent 80 % des couts totaux de toutes les maladies chroniques dans le monde. Parmi les 15 figurent le diabète, le cancer, les maladies coronariennes et l’hypertension artérielle. Les comportements à risque sont la malbouffe, l’inactivité, le tabagisme, la consommation excessive d’alcool, le manque de sommeil, la mauvaise gestion du stress et le fait de négliger de passer les tests de dépistage suggérés par le médecin (colonoscopie, mammographie, etc.). La mauvaise qualité des soins offerts est aussi un facteur de risque.

M. Gauthier croit que les employeurs avant-gardistes sont ceux qui lieront de manière plus proactive la santé des employés aux résultats de l’entreprise. « Pour garder les bons employés dans un contexte difficile et mobiliser des employés avec des profils différents, il faut mieux comprendre les risques et agir en amont, a-t-il déclaré. Il faut changer notre interaction avec le système de santé et fournir aux employés l’information dont ils ont besoin. »

Enfin, l’impact de la technologie sera grand sur les régimes en raison de la création de nouveaux médicaments plus couteux. Le bénéfice qu’a retiré l’industrie de la révision du prix des génériques a déjà porté l’essentiel de ses fruits avec la fin de brevets de blockbusters comme le Lipitor et le Crestor.