Pour une septième année consécutive, les tarifs en assurance auto sont en baisse. Malgré tout, ce segment demeure rentable et en bonne santé.C'est ce qu'affirme l'Autorité des marchés financiers dans son Rapport annuel sur la tarification automobile 2009. L'Autorité note aussi qu'une saine compétition prévaut dans ce marché.

« On considère que les assureurs évaluent bien les risques auxquels ils sont exposés et que l'écart entre la prime moyenne demandée par les assureurs et la prime indiquée est raisonnable. La tarification pratiquée par les assureurs est adéquate. L'industrie de l'assurance automobile continue d'être en bonne santé. Cette situation ne peut qu'être favorable pour les consommateurs, car la concurrence s'intensifie. La baisse continue des tarifs depuis sept ans indique que le marché est efficace. Ce sont les consommateurs qui en bénéficient », écrit l'Autorité dans son rapport.

En 2009, le volume des primes souscrites s'est établi à 3 057 milliards de dollars (G $). Il a quelque peu diminué par rapport à 2008, puisqu'il était de 3 067 G $ en 2008.

Pointage de crédit : l’Autorité songe à obliger les assureurs à changer leurs pratiques
L’Autorité des marchés financiers s’interroge sur l’utilisation par les assureurs de la cote de solvabilité des assurés avant de souscrire une police d’assurance automobile.

Au Québec, cette pratique n’est pas interdite, mais elle soulève des questions concernant l’obtention du consentement au moment de souscrire un nouveau risque et lors des renouvellements. « La pratique des assureurs ne semble pas uniforme et dans certains cas, elle pourrait causer des préjudices aux consommateurs », prévient l’Autorité dans son Rapport sur la tarification automobile 2009.

Pour y voir plus clair, un sous-comité du Conseil canadien des responsables de la réglementation d’assurance a été créé en 2009. Il se donne pour mission d’étudier les pratiques des assureurs en la matière. L’Autorité participe activement aux travaux de ce comité. Celui-ci devrait émettre des recommandations au cours de l’année 2010.

D’autres provinces ont déjà tranché sur la question. L’Ontario a publié un avis interdisant l’utilisation de la cote de solvabilité des assurés comme outil de souscription et de tarification pour l’assurance automobile.

Quant au Nouveau Brunswick, il a déposé un amendement à sa loi sur les assurances, qui devrait interdire cette pratique à toutes les catégories de l’assurance de dommages.

Quant au bénéfice d'exploitation de l'ensemble des assureurs proposant ce produit au Québec, il a atteint 15,4 % des primes acquises en 2009. Il s'agit d'une hausse de 3,5 points de pourcentage par rapport à 2008, où il s'était établi à 11,9 % des primes acquises.

La rentabilité des assureurs automobile s'explique par différents facteurs. On note tout d'abord que la demande ne faiblit pas. Bien au contraire, elle augmente. En 2009, le nombre de véhicules souscrits a augmenté de 2,1 % par rapport à 2008, notamment parce qu'il y a de plus en plus de titulaires du permis de conduire. Leur proportion a augmenté de 1,1 % de 2008 à 2009.

Importante diminution des sinistres
Les assureurs auto ont profité d'une importante diminution du nombre de sinistres. Le cout total des sinistres est estimé à 1 784 G $ en 2009. De plus, le ratio sinistres/primes est ainsi passé de 62,1 % des primes acquises en 2008 à 58,4 % en 2009, soit une diminution de 3,7 points. Les conditions météorologiques ont grandement influencé le nombre de sinistres.

Les assureurs directs gagnent encore du terrain
Au Québec, les assureurs directs sont de plus en plus présents dans le secteur automobile. Alors que leur part de marché était stable en 2007 et 2008, elle a augmenté de 2 points de pourcentage en 2009.

Sa croissance a été amorcée il y a quelques années déjà. Ainsi, elle est passée de 41 % en 2000 à 54 % en 2009, augmentant ainsi de 13 points de pourcentage en 9 ans. Cette progression graduelle se fait, bien entendu, au détriment des courtiers. Ils détenaient 59 % du marché en 2000 et n’en possèdent plus que 46 % en 2009.

Les assureurs directs dominent aussi le marché de l’assurance auto des particuliers. Alors que leur part de marché et celle des assureurs à courtiers étaient restées stables respectivement à 58 % et 42 % en 2006, 2007 et 2008, les directs se démarquent en 2009. Leur part de marché s’établit à 61 %. Les assureurs à courtiers, eux, détiennent 39 %.

Au cours des dix dernières années, les directs ont pris l’ascendant dans la gestion du risque pour les voitures de tourisme, des motoneiges et des véhicules tout terrain. Dans ces trois segments, leur progression est ainsi estimée à 15, 12 et 13 points de pourcentage. Toutefois, les parts de marché des assureurs directs et à courtiers sont restées inchangées dans les catégories risques de motoneige et des véhicules tout terrain.

De plus, en 2009, les assureurs directs ne sont pas leaders sur le marché de l’assurance auto aux entreprises. Dans ce segment, plutôt stable ces neuf dernières années, les courtiers se distinguent toujours plus. En effet, en 2009, ils affichent une part de marché de 87 % contre 13 % pour les directs. Cela représente une augmentation de trois points de pourcentage par rapport à 2008.

Les courtiers obtiennent une grosse part du gâteau des véhicules utilitaires et celles des autres risques. En ce qui concerne les véhicules utilitaires, ils possèdent 79 % de part de marché. Les directs eux se partagent les 21 % restants. Quant aux autres risques, ils détiennent 93 % de part de marché. Les directs se disputent 7 % de ce segment.

Depuis trois ans, les assureurs à courtiers sont mieux positionnés que les directs dans le segment des véhicules publics. Leur part de marché est ainsi passée de 45 % à 59 %.

Les assureurs auto ont aussi bénéficié du faible taux de réclamations. En ce qui concerne la garantie « responsabilité civile », leur fréquence a diminué de 4,3 % par rapport à 2008, une des plus fortes baisses enregistrées au cours de ces dernières années. Elle a ainsi atteint un plancher jamais égalé durant la dernière décennie.

La garantie « sans collision » affiche une diminution de ses réclamations de 3,2 % par rapport à 2008, le deuxième taux le plus bas au cours des dix dernières années. L'état des routes, parfois glacées ou enneigées, a eu un impact sur les réclamations concernant ces deux garanties.
Enfin, la garantie « accident sans collision ni versement » a diminué de 6,4 % par rapport à 2008, ce qui constitue aussi un taux historiquement bas. Dans ce dernier cas, le vent, les tempêtes ou la grêle ont une incidence sur le nombre de réclamations.

La fréquence des réclamations des vols de véhicules complets et partiels a chuté de 60 % depuis 2000. En revanche, le cout moyen des sinistres continue d'être assez élevé. Cela est dû à l'âge du parc automobile, à l'évolution des tarifs horaires des réparateurs et des couts de location des véhicules de remplacement.

L'Autorité note aussi que le prix élevé de l'essence a incité les consommateurs à réduire leurs déplacements et leur vitesse, ainsi qu'à privilégier les transports en commun, ce qui a eu un impact sur les réclamations. La crise financière a aussi joué sur cette baisse, incitant les gens à modifier leurs habitudes de déplacement. L'Autorité juge aussi que l'interdiction d'utiliser un téléphone cellulaire au volant, l'imposition des cours de conduite et la limitation de vitesse des fardiers (camions poids lourds) a contribué à améliorer la fréquence des réclamations.

Si l'industrie de l'assurance automobile est rentable, ses principaux joueurs devront continuer de batailler pour conserver leur part de marché. Selon l'Autorité, la concurrence devrait s'intensifier, compte tenu de l'ampleur des bénéfices d'exploitation de 2009. On pourrait s'attendre à une baisse des primes dans les années à venir. La compétition sur ce secteur, pourrait profiter aux clients.

De plus, la tendance à la baisse observée en réclamation n'est toutefois pas accompagnée du même élan du côté des couts. Au contraire, dit l'Autorité, le cout moyen par sinistre pour les voitures de tourisme continue de se maintenir à des niveaux élevés. Cela s'explique entre autres par l'âge du parc automobile, de l'évolution des tarifs des réparateurs et des couts de location des véhicules de remplacement. Seul le cout moyen de la garantie « accident sans collision ni versement » a subi une diminution notable de 15,4 % en 2009, faisant en sorte qu'il présente son niveau le plus bas depuis les huit dernières années, révèle l'Autorité.

Néanmoins, l'Autorité considère que la rentabilité à long terme de l'industrie est adéquate. Elle affiche un bénéfice d'exploitation sur dix ans de 13,6 % des primes acquises. Sur 20 ans, ce bénéfice d'exploitation est de 9,5 %.

En 2009, pas moins de 96 assureurs automobile se disputaient le marché québécois de l'assurance automobile. Toutefois, les 15 premiers assureurs et se sont partagés 94 % du marché. Leur part s'élevait à 91 % en 2000.

L'Autorité a aussi révélé que les dix premiers joueurs détiennent 85 % du marché de l'assurance auto au Québec. Quant aux trois premiers, ils détiennent près de la moitié du marché, soit 46 %.

Diminution des modifications aux manuels de tarification
Rester compétitif est un défi permanent. Pour se maintenir dans la course, les compagnies d’assurance adaptent leurs pratiques d’affaires. Résultat : les manuels de tarification sont régulièrement modifiés.

Il y a eu moins de modifications en 2009 qu’en 2008, où un sommet avait été enregistré. En 2009, les assureurs automobiles ont émis 198 dépôts de modifications auprès de l’Autorité. On note une diminution de leur nombre de 34 %. Une telle baisse s’explique par le fait que plusieurs changements importants avaient déjà été apportés au cours des trois dernières années. On remarque que 66 assureurs en ont apporté en 2009 contre 71 en 2008.

En 2009, les assureurs qui ont intégré des changements au manuel, en ont introduit moins souvent au cours de l’année. Ces modifications demeurent un indicateur intéressant car elles indiquent que le marché est concurrentiel, dit l’Autorité dans son Rapport sur la tarification automobile.

On constate aussi des écarts de prix entre les produits de différents assureurs, destinés à des assurés de profils identiques. Ainsi en 2009, la prime demandée à un même assuré peut varier de 150 dollars et plus, d’un assureur à l’autre. Cela prouve aussi qu’il y a une véritable concurrence, dit le régulateur.

Celle-ci est forte dans le segment des voitures de tourisme, des véhicules utilitaires et des véhicules divers. Dans le secteur des véhicules divers, 18, 17 et 19 assureurs ont modifié leur tarification concernant respectivement les motocyclettes, les motoneiges et véhicules tout terrain en 2009. Pas moins de 32 assureurs en ont aussi apporté en ce qui a trait aux voitures de tourisme. Ils étaient douze pour la catégorie des véhicules récréatifs.

Mais la concurrence n’est pas toujours aussi accrue. Ainsi « la clientèle prisée par une majorité d’assureurs aura plus de choix, tant à l’égard de la protection offerte que du choix même de l’assureur avec lequel traiter. Par contre, pour d’autres catégories d’assurés certaines protections pourraient être plus difficiles à obtenir, la prime d’assurance qui leur sera demandée pouvant leur paraitre élevée », souligne l’Autorité dans son rapport.

Domination d'Intact
C'est Intact Corporation Financière qui domine ce segment depuis 2000. Sa part de marché, qui est aujourd'hui de 17,4 %, va toutefois en diminuant. Elle s'élevait à 19,5 % en 2003, soit une perte d'un peu plus de deux points.

Parmi les quinze principaux joueurs : Desjardins Groupe d'assurances générales et AXA Canada occupent respectivement les seconde et troisième places, avec respectivement 16,5 % et 11,8 % de part de marché. La Capitale groupe financier a gagné du terrain ces dernières années, passant de 6,7 % de part de marché en 2000 à 9,5 % en 2009. Elle a même atteint la barre des 10 % en 2008.

Viennent ensuite, Aviva Canada avec 8,5 % de part de marché, et Groupe Promutuel, dont la part de marché est passée de 4,9 % en 2000 à 7,2 % en 2009. Puis Groupe Co-Operators avec 4,1 %, Meloche Monnex avec 3,8 %, SSQ Assurances générales 3,1 %.

L'Industrielle Alliance a aussi gagné en importance dans ce secteur durant les dernières années. Sa part de marché, de 0,7 % en 2000 est estimée à 2,9 % en 2009. Quant à Allstate, Kingsway, Wawanesa, Groupe Economical et Lombard Canada, ils détiennent respectivement 2,1 %, 2 %, 2 %, 1,5 % et 1,4 % de part de marché.