Le professionnel en assurance doit veiller à ce que son client soit bien protégé en responsabilité civile. Et ce, même si les associations de quadistes et de motoneigistes peuvent vendre de l’assurance à même le droit d’un passage d’un sentier.

« On voit des clients qui sont poursuivis pour plus d’un million de dollars (M$), dit Pierre Duchesne, coordonnateur, assurance des particuliers, à La Capitale. Or, l’assurance qui vient avec la carte de sentiers offerte par les fédérations de motoneigistes couvre jusqu’à un million de dollars. Nos professionnels certifiés jouent donc ce rôle-conseil. »

L’assureur sensibilise ainsi tant ses agents en centre d’appels, ses agents autonomes que les courtiers avec qui il traite via sa filiale L’Unique assurances générales sur ce point. « Les sensibiliser est un défi. Il faut leur faire comprendre qu’avec le droit de sentier, ils ne seront plus assurés que pour 1 M$ en responsabilité civile, contrairement aux 2 M$ qu’ils ont dans leur contrat d’assurance. Pour les VTT, comme ils n’auront plus besoin d’une assurance privée, il faudra trouver le moyen de garder contact avec eux. On croit que les médias sociaux auront un rôle à jouer dans cette sensibilisation », dit M. Duchesne.

Ce dernier voit tout de même d’un bon œil que les associations de quadistes puissent offrir une protection d’assurance avec le droit de sentier. « Ça fait en sorte qu’il y aura plus de gens assurés en fin de compte. C’est donc à nous de continuer notre travail de sensibilisation pour gagner leur clientèle. »

Lucie Fréchette, présidente du cabinet de courtage Leclerc Assurances et Services financiers, abonde dans le même sens. Elle voit ce changement avant tout comme une façon d’avertir les quadistes et les motoneigistes des risques qu’ils encourent s’ils n’ont pas une protection d’assurance adéquate.

« C’est une occasion de parler de l’existence du produit, mais aussi du bon sens de s’assurer. On peut donc avoir une conversation qu’on ne tenait pas avec lui auparavant », dit-elle.

Mme Fréchette souligne que les motoneigistes ont pris l’habitude de s’assurer au fil du temps. Elle croit que les quadistes feront de même.

« Ça va créer des conversations. On pourra bâtir une crédibilité à partir de cela. Ça ne peut être que bénéfique », dit-elle.

Un quad plus luxueux fait augmenter la prime

Au tournant des années 2010, quelques motoneigistes avaient délaissé leur motoneige au profit d’un VTT. Pierre Duchesne dit ne plus remarquer cette tendance. Toutefois, il observe un changement au niveau du type de véhicule que les propriétaires de quads achètent. Les véhicules côte à côte, communément appelés side by side, sont de plus en plus populaires.

« Ce sont comme de petites voitures hors route. Leur valeur est aussi plus élevée qu’un 4-roues traditionnel. Le cout d’assurance est donc plus élevé, ce qui fait augmenter la prime moyenne. Ça en fait un produit intéressant pour un assureur. C’est aussi ce produit que mettent de l’avant les concessionnaires de véhicules de loisir », dit Pierre Duchesne.

Lucie Fréchette ajoute que le quad side by side permet de pratiquer ce sport en couple, le rendant moins solitaire. « On ne parle pas d’une prime énorme, mais il s’agit de véhicules plus récents. Il faut miser sur le renouvellement pour pouvoir augmenter la prime », dit-elle.

Souscription en progression

Côté souscription, M. Duchesne affirme que les affaires de La Capitale sont en constante progression du côté des véhicules récréatifs. Le pari d’en faire une classe à part entière comme l’assurance automobile, et non uniquement de l’accommodation, s’est donc avéré payant pour la mutuelle.

« C’est devenu un créneau intéressant pour nous depuis 2007. On y peaufine notre tarification, ce qui fait en sorte que nous offrons un produit plus personnalisé. »

Et ce marché est rentable, assure M. Duchesne. « L’indice de pertes n’y est pas particulièrement élevé. La prime y est plus faible, mais le but demeure de regrouper tous les produits du client. Le véhicule de loisir est une porte d’entrée. Pris individuellement, ça demeure des produits rentables. La prime reflète aussi le risque. Il y a moins d’accidents de motoneige que d’accidents automobiles. Il y a donc moins de pression sur la prime comparativement à l’automobile, où la prime est la plus basse possible », dit-il.

L’assurance des motoneiges et des quads est tout aussi rentable dans le courtage, souligne Lucie Fréchette. « On parle d’une croissance stable pour notre part, année après année. Là où ça amène une rentabilité supplémentaire pour le courtier, c’est que ça lui permet de compléter le portefeuille du client. Même si le véhicule de loisir est moins important que sa maison, l’assurer permet d’avoir le portefeuille au complet. C’est psychologique ! »

Chez Promutuel Assurance, on révèle que les taux de sinistre pour les VTT et les motoneiges sont inférieurs à 35 %, ce que l’assureur juge très bon. Le nombre de motoneiges souscrit est aussi en croissance, a révélé sa porte-parole Émilie Dick-Roy.

Chez Desjardins Assurances, la croissance des VTT a été de 9,5 % de 2011 à 2015, révèle sa porte-parole Valérie Lamarre. L’assureur en est aussi venu à offrir des tarifs plus intéressants vu sa bonne expérience dans ce segment, dit-elle.