Les assureurs ont-ils la vivacité d’esprit, l’agilité et la capacité d’innover pour assurer les actifs intangibles des géants virtuels tels que Facebook, Apple, Amazon, Google et Netflix ? C’est la question que se pose le réassureur Swiss Re.

Aller au-delà de la brique et du mortier

Thomas Holzheu, économiste en chef de la région des Amériques, juge qu’il est primordial que les assureurs fassent évoluer leur modèle d’affaires. Ils ne doivent plus assurer uniquement « la brique et le mortier ». Ils doivent reconnaitre l’importance des actifs liés au capital intellectuel, à la recherche et au développement, ainsi qu’au secteur des services, dit-il.

« Ces entreprises font face à des risques différents que dans le secteur manufacturier. Les assureurs doivent donc adapter leur offre de produits en assurance des entreprises », ajoute M. Holzheu.

Il ajoute que des risques qui n’étaient pas assurables il y a peu le sont maintenant, grâce aux avancées en traitement des données, en analytique avancée ou encore en modélisation. « Ces avancées ont permis de créer des produits qui couvrent l’approvisionnement, les cyberrisques, les rappels de produits, les risques météorologiques ou encore les variations des prix de l’énergie », souligne l’économiste.

L’économie a changé

Pour appuyer son propos, M. Holzheu rappelle que les plus grandes sociétés cotées en bourse ne sont plus les mêmes qu’il y a 40 ans. « Dans les années 1990, des entreprises œuvrant dans les secteurs manufacturier et de l’énergie étaient les plus grosses sociétés cotées en bourse. En 2018, ce sont les entreprises de technologie qui occupent le haut du pavé. Elles s’appuient sur des actifs intangibles », dit-il.


 Actifs tangibles vs intangibles en tant que part de marché du S&P 500, 1975-2015


Autre exemple, dans le secteur automobile, les entreprises ayant la plus forte capitalisation boursière ne possèdent pas de voitures. « Pourtant, Uber et Lyft prennent la place des joueurs traditionnels dans le marché du transport, tant en termes de croissance que de capitalisation », dit M. Holzheu.

Des solutions qui doivent évoluer vers le « clé en main »

L’économiste de Swiss Re voit une seule avenue possible pour les assureurs : faire évoluer les solutions d’assurance. Selon M. Holzheu, les produits d’assurance doivent tendre vers la protection des bénéfices et des flux de trésorerie (cashflow).

« Les solutions d’assurance les plus innovantes visent à protéger les besoins spécifiques d’un client. Ces concepts pourront s’adapter à la masse avec le temps. Ces solutions repoussent les limites de ce qui est assurable, élargissant du même coup la portée de l’assurance en matière de gestion de risques. »