Selon deux PDG, la capacité de recruter et de retenir la main-d’œuvre est un élément clé de l’avenir de l’industrie de l’assurance au Québec. Plus de 260 personnes ont participé au débat organisé par le Cercle finance du Québec, ce mardi à Québec, où l’on réfléchissait à l’avenir de l’industrie de l’assurance au Québec. Les échanges étaient animés par Emilio Imbriglio, président de Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT).

Participaient à la discussion Yvon Charest, président et chef de la direction de L’Industrielle Alliance Groupe financier (iA) et Jean St-Gelais, président du conseil et chef de la direction de La Capitale.

La main-d’œuvre

Les nouveaux outils permettent de traiter plus de demandes avec la même main-d’œuvre, ce qui n’est pas une mauvaise chose dans le contexte actuel de rareté de personnel, reconnaissent les deux dirigeants.

« Le défi de la main-d’œuvre lié au changement démographique, nous le vivons comme plein d’autres secteurs », souligne Jean St-Gelais. La technologie permettra de combler certains besoins et de limiter le travail de bureau et la saisie de données, « mais nous aurons toujours besoin d’une expertise de pointe », indique-t-il.

Même si l’innovation technologique peut provenir d’ailleurs, les assureurs auront toujours besoin de personnel en TI pour maintenir les systèmes patrimoniaux de base. « La technologie ne fait pas disparaitre les besoins fondamentaux que sont la nécessité d’assurance et des placements », ajoute M. St-Gelais.

Le risque associé à la pénurie de main-d'œuvre ne doit pas être négligé. Selon les chiffres du gouvernement fédéral, d'ici cinq ans, il y aura un déficit de 250 000 informaticiens au Canada, ajoute-t-il.

Le Québec a une performance très peu enviable en matière d'intégration des immigrants, déplore Yvon Charest. Cinq ans après leur arrivée, le taux de chômage des immigrants est trois fois plus élevé que la moyenne nationale. 

Défi de rétention

La rétention de la main-d’œuvre représente un défi constant. L’un de ses vice-présidents lui mentionnait avoir récemment perdu deux de ses employés au profit de l’Industrielle Alliance, qui les a attirés « grâce à des conditions plus avantageuses. On espère que c’est passager », lance M. St-Gelais en souriant.

Sans réagir à cette boutade, Yvon Charest affirme que la technologie ne fera pas en sorte de réduire les besoins de personnel, mais aura certainement un effet sur la nature des emplois. Le secteur des TI représente déjà 17 % de la main-d’œuvre chez iA, et l’entreprise doit embaucher 85 personnes de plus dans cette division, seulement en 2018.

« Le client veut être servi sept jours par semaine, 24 heures par jour, et ça ne se fera pas tout seul », dit-il.

« La technologie ne remplacera pas l’humain »

Depuis 30 ans, la technologie a permis aux assureurs d’offrir des produits de plus en plus complexes. « La journée où la technologie remplacera l’humain, je n’y crois pas », insiste M. Charest. Même si à l’avenir, les clients choisiront de converser avec un robot, ça prendra encore des gens pour configurer le système.

Jean St-Gelais souligne que La Capitale fait de grands efforts pour rendre son personnel heureux. La firme est lauréate 2018 dans la catégorie « Employeurs de choix » du classement Aon Hewitt. Des efforts particuliers sont menés pour encourager les femmes à grimper dans l’organigramme de la société.

Distinction entre rétention et recrutement

La rétention et le recrutement de la main-d’œuvre sont deux enjeux distincts, souligne Yvon Charest. Depuis deux ans chez iA, l’entreprise mène un sondage interne auprès de 25 % de ses employés tous les trimestres, où cinq questions très précises leur sont posées afin de mesurer leur taux de satisfaction à l’égard de leur employeur et de leur travail.

Pour le recrutement, on fonctionne par le bouche-à-oreille et on encourage les employés actuels à recommander des candidats pour les postes à pourvoir. « On pense que nos employés peuvent être les meilleurs ambassadeurs », dit-il.

C’est par leur entremise que l’assureur arrive à intéresser des étudiants à venir faire des stages, occuper un emploi d’été et éventuellement, joindre les rangs d’iA.

À La Capitale, on travaille fort à offrir aux employés un environnement de travail moderne, aéré et lumineux, et à adapter leur poste de travail au besoin. « La rémunération est un élément important, mais la qualité du milieu de travail est une condition essentielle pour attirer les jeunes », souligne M. St-Gelais.