Les décideurs publics ne peuvent plus le nier. Le Canada est entré dans une ère trouble en termes de catastrophes naturelles, dit Don Forgeron, président du Bureau d’assurance du Canada (BAC).

M. Forgeron a tenu ces propos lors d’une allocution prononcée devant l’Economic Club of Canada, le 18 mai, à Ottawa, quelques semaines après qu’un incendie hors de contrôle ait détruit une bonne partie de la ville de Fort McMurray, dans le nord de l’Alberta.

« Il n’est plus important d’attribuer le tout au changement climatique. Ce sur quoi il faut se concentrer, ce sont les tendances à long terme. Et celles-ci sont claires. À travers le monde, les catastrophes naturelles sont plus fréquentes, avec une plus grande sévérité. Les risques varient de pays en pays. Au Canada, ils varient même de province en province. Il faut s’ajuster à ce qui devient la nouvelle norme et à ce que sera la vie sur Terre dans 20 ou 50 ans », dit-il.

Il a ajouté que les effets du changement climatique sont clairs : de plus grandes sécheresses, causant plus de feux de brousse. Plus de tempêtes, d’ouragans et d’épisodes prolongés de forte pluie, causant davantage d’inondations.

« Le gouvernement du Canada a publié un rapport indiquant qu’au cours des cinq prochaines années, le cout des catastrophes naturelles sera plus élevé que ce qui était initialement prévu. Depuis 1974, le gouvernement paie en moyenne 54 millions de dollars (M$) par année à partir de son fonds de catastrophes. Il estime maintenant que ce cout pourrait être de 900 M$ annuellement pour les cinq prochaines années. C’est une hausse notable, plus élevée que ce que le gouvernement a mis de côté dans le moment », dit M. Forgeron.

Combler l’écart

Où trouver l’argent pour combler l’écart ? M. Forgeron craint que le tout se fasse au détriment de programmes gouvernementaux ou encore par l’augmentation du déficit fédéral.

Il a réitéré l’intérêt de l’industrie de l’assurance de dommages pour soutenir les Canadiens face aux sinistres de demain. Il a notamment appelé les divers paliers de gouvernement à travailler de concert pour créer un programme national contre les inondations. Une culture de mitigation des risques doit ainsi voir le jour à travers le pays, dit-il.

Éviter la complaisance

« Nous ne pouvons être complaisants. Nous ne pouvons nous permettre de demeurer inactifs. Nous devons travailler en collaboration et en partenariats. Le monde change. Les risques grandissent et évoluent. Collectivement, nous devons nous y adapter. Le temps est venu pour notre pays d’avoir une approche durable et disciplinée pour aider la population à combattre les catastrophes naturelles. En agissant, nous pouvons minimiser les couts pour les contribuables, mais aussi mieux équiper les propriétaires d’habitation pour les risques et défis qui nous attendent », a conclu M. Forgeron.