Fort de sa démutualisation réalisée avec succès en 2006, Standard Life entend imposer une stratégie claire à sa division canadienne en 2007. Faire de l’assurance vie un outil complémentaire de l’activité principale de l’institution : la gestion de patrimoine.Dans une entrevue au Journal de l’assurance en novembre, Sandy Crombie, PDG du Groupe Standard Life, basé en Écosse, et Joseph Iannicelli, président de Standard Life Canada, ont étalé leur plan de match.

La démutualisation a exigé de la direction de l’institution qu’elle maximise la rentabilité de l’entreprise et qu’elle s’assure que son capital soit investi le plus judicieusement, a rappelé M. Crombie. Sur le marché canadien, cela signifie qu’il faut concentrer ses forces en gestion de patrimoine, particulièrement du côté des régimes de retraite.

Standard Life a donc relégué au second plan des produits qui requièrent des investissements importants à concevoir et à distribuer et qui présentent un faible taux de rendement. C’est le cas particulièrement de sa police d’assurance vie universelle. « Elle n’offrait tout simplement pas un bon rendement du capital que l’on y consacrait », explique M. Crombie.

M. Crombie précise que Standard Life souhaite continuer de vendre le produit, « mais certains sont disposés à l’offrir à de bien meilleures conditions que les nôtres ».

Pour l’instant, les produits d’assurance, dont l’assurance collective, correspondent à 22 % des ventes de Standard Life au Canada, et ce chiffre tournera plutôt autour de 10 % en 2009, dit M. Iannicelli. « Les efforts sur l’assurance vie sont au minimum. Il s’agit maintenant davantage d’un produit complémentaire », précise-t-il. « Les efforts vont à la gestion de patrimoine », dit-il. Cela s’applique aux régimes de retraite, aux produits de retraite, aux fonds communs de placement et aux fonds distincts.

D’ailleurs ce changement de tir fait écho à la stratégie retenue par le Groupe ailleurs dans le monde, affirme M. Crombie. « L’assurance est plutôt une activité restreinte pour nous, partout dans le monde. »

Au niveau international, même objectif : on cible les produits qui requièrent moins d’investissements à distribuer. « Nous n’avons pas carrément abandonné les autres gammes; nous nous en occupons simplement moins. Nous consacrons beaucoup d’efforts aux secteurs qui peuvent nous procurer une bonne marge bénéficiaire, et il semble bien que ce soit le cas des produits de gestion de patrimoine. »

Les résultats financiers du Groupe Standard Life à la période de neuf mois terminée le 30 septembre 2006, ont évoqué ce changement de cap. Un communiqué de presse, publié le 8 novembre 2006, signalait que les ventes canadiennes ont baissé de 7 % à la suite de mesures administratives prises afin de revenir à des gammes de produits rentables. Le communiqué de presse poursuit en précisant que la compagnie continuera de cibler les marchés des régimes d’épargne collective et de retraite, où elle a connu une augmentation de 32 % de ses ventes cumulatives au Canada. Entre-temps, les produits individuels en assurance, en épargne et en retraite ont chuté de 33 % après la modification de la tarification du produit d’assurance vie universelle.

Cap sur la visibilité

L’accroissement de sa visibilité au Canada figure parmi les grands objectifs de Standard Life en 2007, annonce M. Iannicelli. Les sondages en groupe échantillon ont permis de constater que « lorsque les gens nous connaissent, ils nous adorent. Or, ils sont trop peu à nous connaître ».

Les produits offerts par Standard Life se comparent avantageusement à ceux de la concurrence, ajoute-t-il, mais l’entreprise doit faire davantage d’efforts pour que l’on soit informé de ses nouveaux produits. « Nous avons tendance à rester tranquilles dans notre coin, et quand nous voyons qu’un autre lance quelque chose, on se dit ‘ On fait ça depuis des années! ’ »

Certaines entreprises sont plus fortes en marketing, diffusent davantage de communiqués de presse et achètent de pleines pages de pub, constate-t-il. Standard Life compte multiplier ses démarches de marketing, question que la clientèle canadienne la connaisse mieux.

Service impec

M. Crombie ajoute son grain de sel : comme Standard Life propose déjà des produits et services de très grande qualité, notre défi consiste maintenant à le faire savoir à plus de gens. Sur le marché canadien, l’entreprise dispose d’un grand atout qui manque à ses principaux rivaux : elle est devenue ce qu’elle est en croissant de l’intérieur et non en multipliant les fusions et acquisitions, dit-il. D’ailleurs, il fait remarquer au passage que la qualité du service est souvent la grande perdante des processus d’intégration des fusions. « Les gens qui viennent nous voir n’ont pas à douter qu’ils recevront un service de toute première qualité, de la part d’employés dûment formés et spécialisés », assure-t-il.

La machine à rumeurs

Qu’en est-il de la rumeur persistante voulant que les opérations canadiennes de Standard Life soient à vendre? « Je ne suis pas sûr que l’on pourra un jour faire taire des telles rumeurs, lance M. Iannicelli. J’ai l’impression que ça vient de notre concurrence. » (Voir Journal de l’assurance, mai 2005)

Chose certaine, M. Crombie nie catégoriquement la rumeur. Faisant remarquer que le Canada génère le quart des bénéfices et de la valeur du Groupe, il affirme qu’il n’y a absolument aucun projet en ce sens. « Nous sommes ici depuis 1833… C’est l’un des marchés très importants du monde en plus d’être le quatrième marché en termes de régimes de retraite, et on y occupe une place très intéressante. Nous n’avons sûrement pas l’intention de le laisser tomber! »