Desjardins Securité financière (DSF) prévoit livrer au début de 2012 une nouvelle mouture de l’option de retraits garantis à vie disponible sur son produit de fonds distincts Hélios. Boni et recristallisation de la valeur attirent particulièrement son attention, a révélé Alain Bédard, premier vice-président, assurance et épargne pour les particuliers.
Les ventes de fonds distincts ont reculé de plus de moitié aux neuf premiers mois de 2011 chez DSF, soit 285 millions de dollars (M$) contre 608 M$ aux neufs premiers mois de 2010.
M. Bédard n’est pas déçu de ce niveau des ventes, qu’il considère au contraire plus adéquat que celui qu’a atteint l’assureur à la même période l’an passé.
En 2008, la garantie de retraits de DSF a attiré des ventes monstres grâce à un boni de 7 %, supérieur au boni de 5 % généralement offert par ses concurrents. Il a ramené ce boni à 5 % en juin 2010.
Mauvaise rentabilité
« Nous avions un gros volume de vente au premier semestre de 2010. Celui-ci s’est ensuite résorbé au niveau que nous observons maintenant. Le déclin des ventes entre les neuf premiers mois de 2011 comparé à la même période de 2010 tient à la version plus conservatrice du produit actuel. Le boni de 7 % était une excellente offensive en termes de marketing, mais peut-être pas en termes de rentabilité. »
En dépit des changements qu’il a apportés à la garantie de retraits en juin 2010, DSF n’est toujours pas à l’aise avec la structure du produit, explique M. Bédard. « La chute des taux d’intérêts à long terme depuis le début de l’année exerce une grande pression sur tous les compagnies qui offre des produits de garanties de retraits. C’est pourquoi nous revoyons nos options. »
Il prévoit que DSF explorera certaines avenues comme la retarification des frais de gestion ou le rajustement de l’option de retraits garantis.
Considérant les caractéristiques qui pourraient être révisées, M. Bédard déclare ne pas avoir la réponse. « Nous nous penchons sur celles-ci. Mais tous les économistes prédisent que les taux d’intérêts demeureront tels quels dans les trois prochaines années. Si c’est le cas, je ne crois pas que la recristallisation et le boni de 5 % peuvent survivre dans un tel environnement. Nous devons toutefois peaufiner les différents scénarios que nous avons envers cette option. »
M. Bédard affirme que DSF apportera des changements à la garantie de retrait à vie tôt en 2012. Cette garantie compte actuellement pour les deux-tiers des ventes de fonds distincts chez Desjardins.
Il dit croire que les ventes de garanties de retraits sont trop élevées dans le marché des fonds distincts en général, ce qui préoccupe l’industrie. « Tous les assureurs se posent la même question – que ferons-nous de cette option? Le niveau actuel des taux d’intérêt à long terme presse l’industrie d’agir. Tous travaillent à une nouvelle solution, mais chacun épie son concurrent pour savoir qui bougera le premier. »
La garantie pourrait-elle disparaitre? « Peut-être pas, mais sa nouvelle génération sera moins agressive, car elle a été conçue à une époque où les taux d’intérêts n’étaient pas ce qu’ils sont maintenant. Les assureurs s’attendaient à ce que les marchés boursiers fluctuent. Ils ont mis en place des programmes de couverture en ce sens. Personne ne s’attendait au niveau actuel des taux d’intérêt à long terme. C’est pourquoi tous travaillent à une nouvelle solution. »
DSF entend aussi lancer un nouveau produit de revenu de retraite en 2012, mais ne peut dire quand, car le projet est encore à l’étude. Le marché des produits de revenu de retraite demeure évidemment florissant, ajoute-t-il.
« Nous avons remarqué une explosion des ventes dans l’industrie ces cinq dernières années. Le marché est encore là, mais c’est l’offre de produit qui n’est pas ajustée », dit M. Bédard, reconnaissant que l’actuel format des garanties de retraits est trop risqué pour les assureurs.
Il en veut pour preuve les résultats du troisième trimestre de concurrents tels que Financière Manuvie et Financière Sun Life, deux assureurs qui détiennent d’importants portefeuilles de garanties de retraits. « La rentabilité n’était pas au rendez-vous au troisième trimestre et une des raisons est la garantie de retraits. Elle n’explique pas toutes les pertes, mais constitue un facteur. »
M. Bédard lance un message aux conseillers. « Ils ont un merveilleux produit entre les mains pour l’instant. Avec le nouvel environnement économique, la prochaine vague du produit sera probablement moins agressive et plus conservatrice. Or, ils disposeront toujours de produits destinés aux marchés de la préretraite et de la retraite. L’accent sera encore sur ce créneau. »