Les ventes d’assurance vie universelle ne seront pas freinées par la hausse du cout nivelé, croient les principaux joueurs du marché. Elles peineront toutefois à répéter l’exploit du premier trimestre de 2010.

Analyste principale et responsable du rapport LIMRA sur les ventes d’assurance vie réalisées au Canada en 2010, Karen Terry croit que les ventes d’assurance vie universelle se stabiliseront. « Le premier trimestre de 2010 a été très fort. Je ne m’attends donc pas à une aussi forte croissance au premier trimestre de 2011, dit-elle. La hausse des prix en vie universelle pourrait avoir un impact sur les ventes, mais je ne suis pas prête à parler de chute des ventes pour le moment. »

En 2010, les ventes d’assurance vie universelle en termes de primes annualisées ont cru de 14 % par rapport à 2009. Par compte, le nombre de polices vendues a diminué de 4 % l’an passé par rapport à 2009. « La taille moyenne des polices a augmenté pour toutes les catégories de produits l’an passé, explique Mme Terry. Cela a résulté en une prime moyenne plus élevée pour chaque police vendue. »

À ce jour, l’assurance vie universelle à cout nivelé n’écope pas encore de la hausse. Il n’y a ainsi aucune fuite marquée vers l’assurance vie universelle à taux renouvelable annuellement, produit épargné par la hausse. « Nous observons toujours un bon niveau de vente en produits à cout nivelé. Nos conseillers sont axés sur les besoins plutôt que les produits et les besoins des clients n’ont pas changé », remarque Steven Parker, vice-président adjoint, marketing produits d'assurance vie individuelle et prestations du vivant à la Financière Manuvie.

À ce sujet, le vice-président, assurance individuelle chez Financière Sun Life, Paul Fryer, rappelle que la majorité des conseillers choisiront une protection à cout nivelé pour les besoins de planification successorale et de protection de patrimoine. « Les ventes de produits à taux renouvelable annuellement répondent quant à elles à des besoins d’investissement », précise-t-il.

Agent général de Québec, Groupe BBA, connait un fort début d’année en ventes d’assurance vie universelle, entre autres. Son directeur de courtage, Pierre Morais, porte une attention particulière au produit de BMO Assurance. Selon lui, le produit de vie universelle à cout nivelé de BMO est très fort dans ce qu’il appelle le petit marché (par exemple 100 000 $ de montant d’assurance avec cout nivelé et prime minimum). « SurLifeguide, leur produit ressort par rapport aux autres dans ce créneau », dit-il.

M. Morais confirme que les conseillers font la différence entre les besoins que comblent le cout nivelé et le taux renouvelable annuellement. Par exemple, plusieurs conseillers utiliseront le produit à taux renouvelable annuellement d’Empire Vie, actuellement le moins cher, pour concurrencer les banques et le Mouvement Desjardins, dans le secteur de l’assurance hypothécaire. Par exemple, la police vie universelle à taux renouvelable à 100 ans d’Empire coutera 31,56 $ par mois (prime minimum) à un non-fumeur de 45 ans qui s’assure pour 500 000 $. Pierre Morais insiste toutefois à l’effet que ce genre de police remplit avant tout les besoins d’investissement des clients.

Hausse salutaire

Vice-président et actuaire en tarification pour les produits d’assurance vie chez Transamerica Vie Canada, Joe Kordovi voit la hausse du cout nivelé d’un bon œil. Elle sert les desseins de sa compagnie, dit-il. La stratégie de Transamerica consiste à promouvoir une couverture d’assurance mieux « étagée » (bien connu sous son nom anglais layering). En vertu de ce concept, il s’agit de vendre moins d’assurance permanente et plus d’assurance temporaire.

« C’est l’occasion d’amener les clients à offrir divers niveaux d’assurance. Ils peuvent vendre de plus petits montants d’assurance permanente et compléter le besoin avec des avenants temporaires (T10, 20, 30). Nous avons remarqué que la plupart des Canadiens issus du marché moyen ont un besoin d’assurance qui décroit au fur et à mesure que leurs enfants grandissent et qu’ils paient leurs dettes », soutient M. Kordovi. Cette avenue à plusieurs niveaux réduit le cout de l’assurance et laisse une plus grande marge de manœuvre au client pour investir, ajoute-t-il.