Après avoir retiré la garantie de retrait temporaire de son produit Helios en juillet 2009, Desjardins Sécurité financière (DSF) avait laissé planer le doute d'un possible retour. Ce ne sera pas le cas, dit Alain Bédard, premier vice-président, assurance et épargne pour les particuliers. En fait, DSF s'en tire très bien sans cette garantie.Son retrait devait provoquer un ralentissement des ventes d'Helios (voir Journal de l'assurance, août 2009). Ce ralentissement a eu lieu, mais DSF a tout de même fini en force au 31 décembre 2009, se hissant au troisième rang des vendeurs de fonds distincts au Canada en matière de ventes nettes, selon le classement annuel d'Investor Economics.

La firme de recherche spécialisée dans le marché des produits d'investissement révèle que DSF a réalisé des ventes de fonds distincts individuels de 873 millions de dollars (M$) en 2009. C'est une croissance de 120,3 % par rapport à 2008. Son actif sous gestion est passé à 1,8 milliard de dollars (G$) au terme de 2009, soit une croissance de 153 %. DSF est le 9e joueur en matière d'actifs selon le classement d'Investor Economics.

« Nous sommes partis très fort en mai et nous avons fini très fort au mois de décembre. Nous avons plutôt connu notre baisse des ventes en septembre et octobre », a confié M. Bédard au Journal de l'assurance. Il y a une raison pour cette finale en force, poursuit-il. Le boni offert sur la valeur protégée incite les investisseurs à effectuer des dépôts en fin d'année. « Le boni de 7 % que nous versons sur la valeur protégée est déclenché peu importe le moment où l'investisseur effectue son dépôt dans l'année, en autant qu'il n'ait effectué aucun retrait durant cette année », explique-t-il.

Une croissance en fonds distincts remplit les coffres d'un assureur, mais augmente aussi son risque en raison des garanties qu'il offre. Or, DSF se dit en contrôle de la situation.

Risque

« En théorie, plus l'actif s'accroit dans un fonds comme Helios, plus le risque augmente. Cela dépend toutefois des dispositions que vous avez prises pour gérer ces risques. Pour notre part, nous avons entamé notre programme de couverture du risque (hedging) en juillet. Ce programme comprend entre autres une stratégie d'options d'achat et de vente qui couvre le risque des marchés baissiers jusqu'à 90 %, même 95 % », soutient M. Bédard.

Avant de mourir, l'ancien Helios a pu récolter 400 M$ de ventes nettes, dont une partie avant le retrait de la garantie de protection des dépôts 100/100r en mai (100% à l'échéance et 100% au décès). Après ce retrait et celui de la garantie temporaire deux mois plus tard, les ventes ont continué bon train dans les autres options, avec une remontée marquée en novembre et en décembre. Parmi les attraits du produit Helios actuel : le boni de 7 % et la garantie de retrait à vie (GRV).

Depuis que Desjardins a suspendu sa garantie temporaire, plusieurs autres joueurs ont retiré la leur (voir Journal de l'assurance, octobre 2009). « Chez nous, les ventes dans la garantie de retraits à vie ont été favorisées par la suspension de la garantie temporaire. Tout le marché s'oriente maintenant vers des clones de la garantie à vie ou des équivalents », observe M. Bédard.

Bilan

Ce dernier était à l'aise avec le format émincé d'Helios pour affronter la période des REER. Maintenant qu'elle a pris fin, l'assureur en fera un bilan avant d'apporter toute autre modification au produit. Rien n'est décidé encore, a-t-il précisé au moment de l'entrevue.

Or, il entend se pencher sur des garanties considérées comme très généreuses dans le marché, tel le boni de 7 % et les réinitialisations annuelles automatiques de la valeur marchande. Les caractéristiques les plus fréquemment rencontrées dans le marché sont plutôt un boni de 5 % et une réinitialisation automatique aux trois ans. Desjardins pourrait aussi chercher à réduire le risque en revoyant la composition de ses fonds de fonds. « Nous pourrions aussi ajouter d'autres fonds pour s'harmoniser avec ce que désirent les conseillers et les consommateurs », avance M. Bédard.

Si un retour de la garantie de retraits temporaire n'est pas dans les cartons de Desjardins, un retour vers les garanties 100 % à l'échéance et 100 % au décès non plus. « On ne s'en va pas là. Le marché a d'ailleurs passablement éradiqué cette combinaison de garantie. La garantie à 100% à l'échéance peut causer des problèmes importants en cas de baisse des marchés. »

60 % hors Québec

Entamé par l'assureur à la fin des années 2000, le plan de croissance accéléré hors du Québec, en épargne et assurance individuelles et collectives, a pour sa part porté fruit. « Pour la première fois en 2009, nos ventes d'épargne individuelle ont été plus élevées hors Québec qu'au Québec. Elles ont compté pour une part de 60 %, contre 40 % pour le Québec. L'année en cours est encore jeune, mais nos chiffres tendent vers la même direction », a confié M. Bédard.

Les agents généraux ne sont pas étrangers aux succès de Desjardins en épargne individuelle, ajoute-t-il. « SFL, Partenaire de Desjardins Sécurité financière et Desjardins Financial Security Independent Network ont fait une percée significative dans le marché des agents généraux en 2009. Cette percée s'est réalisée essentiellement hors Québec. Les agents généraux hors Québec possèdent une bonne partie du 60 % de ventes nettes attribuables à cette région. »

Ainsi, DSF continue à mettre beaucoup d'efforts à compléter ses équipes de distribution en dehors du Québec. En matière d'effectifs, elles ont augmenté de 25 % à 30 % à la fin de 2009, a révélé M. Bédard.