Le Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ) dit craindre que les consommateurs québécois se retrouvent face à un monopole à la suite de l’acquisition de Jevco par Intact Corporation financière. Le Regroupement appelle ainsi ses membres à être solidaires pour assurer l’avenir du courtage.Dès l’annonce de la transaction le 2 mai dernier, le RCCAQ a décidé de sonder ses membres pour connaitre leur position vis-à-vis celle-ci. Au moment de mettre sous presse jeudi soir, plus du trois quart des membres avait répondu. Parmi les centaines de réponses reçues, un sentiment est ressorti : l’inquiétude qu’un monopole surgisse.

En entrevue au Journal de l’assurance, Catherine Mainguy, présidente du RCCAQ, s’est dite malheureuse face à la transaction, à la fois pour les courtiers, mais aussi pour les consommateurs. Elle prend en exemple le marché de l’assurance cautionnement. Trois joueurs y étaient dominants il y a un an : Intact, AXA Assurances et Jevco.

« Ce marché se trouve maintenant à 60 % chez un seul assureur. Les trois avaient des philosophies différentes. Il ne faut pas se leurrer, ça ne sera plus le cas. Ce sera aussi le cas dans le domaine de la construction. D’autres secteurs vont se retrouver avec le même problème », dit-elle.

Elle reconnait que cette transaction est un moins grand coup que l’acquisition d’AXA, un an plus tôt. Toutefois, elle dit que la transaction de Jevco est inquiétante pour l’avenir.

« En tant que propriétaires de cabinets de courtage, nous avons tous vécu la même situation au cours des dernières heures. Nos employés sont venus nous voir et ils sont inquiets. Dans certains cas, des employés avaient passé jusqu’à neuf jours chez Jevco en formation sur leurs nouveaux produits », dit Mme Mainguy.

Des courtiers ont aussi laissé savoir au RCCAQ qu’ils avaient signifié leur intention de transférer des volumes d’Intact vers Jevco. À cet effet, la présidente du RCCAQ a mentionné qu’il ne faudrait pas qu’un régulateur vienne émettre de nouvelles règles pour compliquer les choses. « Offrir un choix est une obligation légale du courtier. Si on veut jouer ce rôle-là, on ne peut pas être embourbé de nouvelles règles. Il n’y a aucune crainte à avoir pour le moment, mais il ne faudrait pas que ça change », dit-elle.

Pour toutes ces raisons, Mme Mainguy demande aux courtiers d’être solidaires. « Le courtage d’assurance de dommages est une profession respectable et fort respectée par les consommateurs. On doit continuer à pouvoir bien le faire. On veut que cette transaction soit évaluée d’un œil critique par les autorités. Plusieurs m’ont confié leurs craintes de voir un monopole émerger, autant chez des courtiers que des consommateurs. Ils se demandent tous où cela va s’arrêter? », dit-elle.

Invitée à commenter la transaction Intact-Jevco, l’Association des courtiers d’assurance du Canada (ACAC) se dit malheureuse, tant pour les consommateurs, qui perdent un fournisseur, que les courtiers, qui, eux, perdent un marché.

« Ce qu’on regrette, c’est que le consommateur perd un choix. Il s’agit de deux bonnes compagnies à courtage. Nous espérons que les produits et services d’extrême bonne qualité de Jevco vont continuer au sein d’Intact », dit Steve Masnyk, porte-parole de l’Association.

Il souligne toutefois que c’est le consommateur canadien qui perd le plus au change. « Il bénéficiait beaucoup du choix varié qui lui était offert. Avec un assureur en moins, ce choix est réduit. Chaque perte de choix est malheureuse à notre sens », dit-il.