La Chambre de la sécurité financière veut devenir la référence de toute l’industrie en matière de formation et de développement de la profession. Elle ira jusqu’à une campagne télévisuelle, alors que son nouveau logo figure déjà sur divers articles promotionnels.
Organisme d’autoréglementation (OAR) des pratiques du secteur de l’assurance de personnes et des fonds d’investissement, la Chambre de la Sécurité financière posera dans les prochains mois des gestes décisifs pour faire avancer son plan triennal 2012-2014.

Dans le cadre de ce plan, la Chambre suit quatre grandes orientations stratégiques : profession; communications et positionnement; gouvernance et organisation. Des orientations qui ont pour objectif de valoriser la profession, mieux la faire connaitre du public et de ses membres, actualiser ses structures et optimiser son organisation.

« Ce n’est pas par hasard si l’orientation profession tient la première place dans le plan », a expliqué le PDG de la Chambre, Luc Labelle, en entrevue au Journal de l’assurance. Cet axe effectue la transition entre les activités de la Chambre et ses membres. »

Le plan couvre trois ans, mais M. Labelle tient à lui donner une vision qu’il qualifie de « 2020 », pour montrer vers quoi veut tendre l’OAR. « Nous voulons être le chef de file reconnu pour ses pratiques proactives et efficaces en matière de protection des utilisateurs de produits et services financiers, d’éducation financière et de valorisation de la profession », dit-il.

Une des pierres d’assise du plan consiste à développer l’image de marque de la Chambre. « Nous développerons un plan de communication spécifique à la profession. Nous réaliserons cette stratégie sur trois ans, dont un morceau en 2012 », dit-il.

Comme premier morceau, la Chambre amorcera dans quelques semaines une campagne qui vise à renforcer l’image de la profession et de la Chambre (voir encadré). Elle fera appel à des messages publicitaires télévisés de 15 secondes et à des panneaux publicitaires, le tout financé à hauteur de 250 000 $. L’OAR cogite encore sur le contenu de la campagne. « Le rôle de la chambre est relativement peu connu du public, déplore M. Labelle. Nous voulons dire aux gens que la Chambre est là pour encadrer la profession. »

La notoriété viendra aussi de la base. La Chambre prévoit utiliser le membre comme levier de promotion en 2012. Une affiche imposante lui est offerte, qu’il peut afficher dans son cabinet. Son format de base fait plus de 26 par 30 centimètres et véhicule un message central en grosses lettres : « Je suis membre de la Chambre forte. » Le message fait aussi l’objet d’un dépliant plus détaillé.

L’organisme ne lésine pas sur les articles promotionnels : chandails, casquettes viennent agrémenter les tournois de golf. Il est possible d’avoir le logo de la Chambre avec le nom de la section régionale, elle qui en compte 20.

Le défi de notoriété ne s’adresse pas qu’au public, mais aussi aux membres qui, de l’aveu de M. Labelle, ne connaissent pas tous très bien l’organisme. « Pour mieux nous faire connaitre de nos membres, nous devrons nous rapprocher d’eux et occuper tout notre terrain », dit-il.

La Chambre souhaite devenir la référence pour tous les conseillers et tous ceux qui s’intéresse de près ou de loin à l’industrie des produits et services financiers. M. Labelle parle en ce sens d’un lobby plus soutenu.

Gouvernance
La gouvernance tient aussi un rôle central dans le nouveau plan triennal. Outre l’élargissement de son conseil (voir encadré), la Chambre veut aussi redessiner la carte de sa gouvernance régionale.

Érigée par la loi 188 sur les vestiges de l’Association des intermédiaires en assurance de personnes du Québec (AIAPQ) en 1999, la Chambre bénéficie d’un solide réseau de sections régionales. Elle veut tabler sur cet héritage. Or, elle souhaite revoir son modèle régional en développant des comités sectoriels. Elle souhaite aussi développer des comités axés sur la pratique.

« Certains de nos membres se sentent interpellés par leur territoire, d’autres par une discipline en particulier », explique M. Labelle. Des membres qui s’intéressent particulièrement à l’assurance de personnes, par exemple, pourraient profiter d’un comité qui s’y spécialise. « Une telle approche complétera la rétroaction que nous sommes en mesure d’obtenir de nos membres. »

La Chambre veut aussi devenir la référence de l’industrie en matière de formation et d’information sur la conformité. Section du site implantée en 2011, Info-déonto constitue un premier bloc vers l’atteinte de cet objectif. « Cette nouveauté a produit un wow auprès de nos membres qui l’ont utilisé. Nous prévoyons le traduire en anglais cette année et poursuivre le développement de nouveaux contenus à partir des questions que nous posent nos membres », dit M. Labelle.

Info-déonto est une banque de données réservée exclusivement à ses membres. Il contient divers éléments de conformité qui touchent plusieurs disciplines. L’information revêt divers formats, dont des textes, des capsules vidéo, des jeux interactifs et les décisions rendues par le comité de discipline.

En matière de formation, la Chambre se félicite d’ailleurs de la conformité de ses membres. Au terme de la période de formation continue qui prenait fin le 30 novembre 2011, plus de 96 % des membres avaient accumulé le nombre d’unité de formation continue requis par leur champ d’activité, y compris les 10 unités obligatoires en conformité exigées depuis 2006. Il dit s’attendre à ce que la taux de conformité soit le même qu’il y a deux ans, soit 97 %.

Conformité
« J’aime à dire que tous nos membres sont conformes. Ceux qui ne le sont pas sont suspendus. Souvent, les membres non conformes sont simplement des conseillers qui ont pris leur retraite », observe M. Labelle.
Par ailleurs, la Chambre souhaite élargir son offre de formation en conformité, dont celle des cours en ligne. Pour l’heure, la Chambre en offre près de 25, dont une bonne part en conformité, affirme M. Labelle. « C’est ce secteur que nous souhaitons développer. » Le PDG de la Chambre veut voir l’OAR devenir une école de pointe, sans toutefois s’arroger l’exclusivité des formations en conformité.

Des nouveautés se sont par ailleurs ajoutées au Règlement sur la formation continue obligatoire. À toutes les deux périodes de référence (soit à tous les quatre ans), les membres de la Chambre doivent cumuler 3 unités de formation continue (UFC), délivrées dans le cadre d’une activité de formation mise sur pied par la Chambre, que ce soit elle ou un partenaire qui la dispense. Selon le règlement, les membres doivent obtenir ces UFC « dans les matières de conformité aux normes, d’éthique ou de pratique professionnelle ou sur l’évolution des règles de droit régissant les activités visées par l’autorisation qu’il détient ».

En outre, il est désormais possible de reporter à la période de référence suivante un maximum de cinq unités de formation continue (UFC) excédentaires accumulées entre le 1er septembre et le 30 novembre d’une année impaire.

Enfin, une activité de formation peut maintenant porter entièrement sur des produits financiers. Aucune ne pourra toutefois se limiter à enseigner comment vendre ou promouvoir un produit.

Quand au Fonds d’indemnisation des services financiers, la Chambre entend publier un mémoire axé sur les principes d’équité et d’accessibilité, dit M. Labelle. Principe d’équité pour les membres et principe d’équité pour le public.

« Par exemple, nous nous demandons pourquoi les consommateurs qui achètent des valeurs mobilières de plein exercice ne sont pas couverts. Le cout de la protection pour les conseillers animera aussi le conseil dans sa réflexion. » Enfin, la Chambre croit toujours que les gestionnaires de fonds devraient aussi cotiser au fonds.

Les enquêtes ont un chef
Pour sa part, l’orientation organisation tournera essentiellement autour des ressources humaines et technologiques. L’an dernier, M. Labelle avait annoncé son intention de nommer un chef pour diriger le service d’enquête du syndic. C’est chose faite depuis peu. Nouvelle venue à la Chambre, Me Anaïk Le Goff occupe le poste de chef enquêteur à la direction de la déontologie et de l’éthique professionnelle.

Le choc initial de la crise passé, le nombre de dossiers d’enquête est tombé en 2010 à 594, soit un niveau plus normal. En 2009, le bureau de la syndique avait ouvert 700 dossiers d’enquête. M. Labelle estime que 2011 aura été un peu plus occupé que 2010, car le rendement des portefeuilles de placements des investisseurs a été secoué par une forte volatilité. En ce sens, le PDG croit que 2012 produira des résultats similaires. La Chambre connaitra les chiffres officiels de 2011 au mois de juin.

Relève
Questionné sur le peu d’intérêt que semble soulever les problèmes de relève dans l’industrie, M. Labelle mentionne qu’il y a d’ailleurs peu de gens qui le contactent pour discuter de cet enjeu.

« Si la volonté d’agir de façon concertée pour régler ce dossier est si faible, est-ce parce que ce n’est pas un problème pour les assureurs? Les grosses institutions qui ont des réseaux de carrière ne semblent pas vivre la problématique que les autres. Ont-ils mieux tiré leur épingle du jeu? »

Le PDG de la Chambre croit que l’OAR fera son bout de chemin en développant son image et en valorisant plus largement la profession. La Chambre a d’ailleurs l’intention d’être présente dans les salons de l’emploi dès l’automne.