Sylvain Racine, président de la Fédération des courtiers d’assurance indépendants du Québec (FCAIQ), ne le cache pas. Depuis sa fondation, il y a trois ans, le membership de l’organisation stagne. Pour casser cet immobilisme, l’organisme compte devenir un incontournable pour les courtiers indépendants d’assurance de dommages du Québec.La Fédération compte présentement une trentaine de membres, à peine plus que lors de sa fondation, en 2009. M. Racine, qui est aussi président du cabinet Racine Chamberland, estime pourtant que la moitié des cabinets de courtage que l’on retrouve au Québec pourraient être membres de la FCAIQ.

« Le recrutement est très difficile. Beaucoup de gens attendent de voir quels moyens et actions nous mettrons en place avant se joindre à nous. Ils ne veulent pas adhérer simplement aux principes et à la philosophie qui s’y rattache. Ils veulent des retombées. On doit travailler à leur fournir des livrables », a dit M. Racine, en entrevue avec le Journal de l’assurance, le 28 aout dernier.

Pour mieux se faire connaitre, l’organisme a recruté « l’Homme fort de l’assurance », Louis Cyr, à titre de porte-parole. Ce dernier joint aussi la Fédération à titre de membre. La FCAIQ commanditera ses capsules radiophoniques sur les ondes des trois stations de Radio X à Montréal, Québec et Saguenay.

Le rôle de M. Cyr au sein de la FCAIQ reste à définir. M. Racine croit toutefois qu’il contribuera grandement à faire connaitre les courtiers d’assurance indépendants du Québec.

Il dit aussi que le message de M. Cyr aura certainement plus de retombées que la campagne publicitaire menée dans plusieurs grands médias à l’automne 2011, qui avait fait jaser l’industrie, mais qui avait eu peu de retombées chez les consommateurs. « Il aurait fallu que nous injections plus d’argent dans cette campagne et que nous la fassions rouler plus longtemps pour qu’elle ait un vrai impact. Ça n’a pas été à la hauteur de ce que nous nous attendions », dit M. Racine. Il précise toutefois qu’elle a eu l’avantage de mieux faire connaitre le logo de la FCAIQ, que la Fédération utilise aussi comme sceau pour certifier l’indépendance d’un cabinet de courtage. « On veut que le sceau devienne un incontournable pour les cabinets indépendants et qu’il en vienne à signifier qu’un cabinet qui n’a pas ce sceau n’est pas indépendant », dit M. Racine.

Réunion à l’automne

Le recrutement sera d’ailleurs au cœur des actions mises en place par la FCAIQ, au cours des prochains mois. Cet automne, l’organisme compte réunir les cabinets qu’il croit répondre à son profil pour discuter des enjeux auxquels sont confrontés les courtiers indépendants. « Notre but a toujours été d’être un lieu d’échange et d’être un diffuseur d’information pour les cabinets membres, outre la défense de leurs intérêts », dit M. Racine. La campagne de recrutement visera aussi les assureurs.

La tarification pour se joindre à l’organisme sera aussi revue pour permettre aux petits cabinets d’y accéder, selon leur budget. « On veut aider les nouveaux cabinets, qui ne savent pas toujours où aller pour se faire conseiller. Généralement, ils vont s’associer à une bannière, ce qui est correct. Nous, en plus, nous serons prêts à leur donner un coaching », dit-il.

Les conditions d’admission seront aussi revues. Les membres devront fournir une documentation précise pour prouver qu’ils n’ont pas d’assureurs parmi leurs actionnaires. Les cabinets recevant du financement d’un assureur seraient toutefois acceptés. « On veut s’assurer que nos cabinets membres soient maitres de leurs décisions et qu’ils ne subissent pas d’ingérence ou d’influence indue. Ils devront prouver leur indépendance », dit M. Racine. Pour attirer des membres, la FCAIQ mise sur des projets rassembleurs. L’un d’eux est de proposer une solution de financement pour acquérir un cabinet à vendre. L’organisme avait déjà présenté cette solution il y a quelques mois, et elle est toujours dans les plans.

« Nous poursuivons nos discussions avec une banque et une autre institution financière, et on s’attend à des développements. Pour un petit cabinet, il est difficile de trouver du financement ailleurs que chez un assureur. En se regroupant, on présentera un attrait différent », dit-il.

Ramener le rapport de l’AMF à l’avant-plan

La FCAIQ compte demander l’aide de l’Autorité des marchés financiers (AMF) pour exiger que la divulgation de l’actionnariat des cabinets de courtage soit faite de façon plus explicite aux consommateurs. « En ce moment, les consommateurs ne sont pas en mesure de pleinement comprendre les impacts de cet actionnariat sur l’offre de service qui leur est faite. Il a lieu de remettre le rapport de 2005 à l’avant-scène. Certaines choses proposées dans le rapport n’ont pas été suivies. La notion d’indépendance n’a pas été mise en application », dit le président de la Fédération.

Aucun contact n’a toutefois été établi avec l’Autorité pour amorcer cette démarche. « On sait qu’on aura beaucoup de travail à faire. On ne pourra pas juste compter sur le bon vouloir des gens. On s’attend à rencontrer de l’opposition face à une telle démarche. La Fédération est née après l’enquête de 2005. On souhaite que les courtiers s’approprient la notion d’indépendance que l’Autorité nous avait demandé d’avoir », dit-il.

M. Racine reconnait que la présence de la FCAIQ dans l’industrie en dérange plusieurs. Il affirme que la Fédération n’est pas là pour diviser le courtage.

« Les courtiers sont déjà divisés entre les indépendants et les autres. Les courtiers se sentent mal à l’aise de s’assoir à la même table que des collègues qui n’ont pas les mêmes priorités et qui n’élaborent pas les mêmes stratégies », dit-il.

Co-existence possible

Le président de la FCAIQ tient toutefois à préciser qu’il ne s’agit pas là d’une critique du travail du Regroupement des cabinets de courtage d’assurance su Québec (RCCAQ). « Le RCCAQ fait un boulot essentiel en ce qui a trait au lobbying et aux relations gouvernementales. On ne peut pas non plus passer sous silence les évènements qu’ils organisent. Ils n’ont juste pas le même mandat que nous », dit-il.

Il ajoute que d’autres organismes existent dans l’industrie, tels le Bureau d’assurance du Canada (BAC) et la Corporation des assureurs de dommages directs du Québec (CADD). « Tous ces gens se fréquentent et il n’y a pas de problèmes. Nous ne voyons pas pourquoi nous ne pourrions pas nous joindre à cette conversation », dit-il.

Il souligne aussi que la plupart des membres de la Fédération sont aussi membres du Regroupement. « Ils sont membres des deux entités sans problème, mais ne sont pas membres des deux organismes pour les mêmes raisons. Nous ne voulons pas concurrencer le RCCAQ. Notre présence peut déranger, mais elle ne devrait pas, car nous avons un mandat différent du RCCAQ », dit M. Racine.

Robert Beauchamp se retire du CA

Un des membres fondateurs de la FCAIQ, Robert Beauchamp, président du cabinet Invessa, s’est retiré du conseil d’administration de la Fédération. Élu administrateur au conseil de la Chambre de l’assurance de dommages, il ne peut siéger sur un autre conseil.

Par ailleurs, la FCAIQ étudie toujours l’idée de se doter d’une permanence, mais n’est pas encore passée à l’action. « Quand le budget le permettra, on en aura une. On est aussi ouvert à toute proposition. C’est notre souhait d’en arriver là et nous sommes toujours à la recherche de quelqu’un », dit M. Racine.

Il convient que la FCAIQ présente toujours des allures de startup. « Il a été difficile de rassembler les courtiers autour de la philosophie de la FCAIQ, compte tenu de leurs attentes. Toutefois, avec la consolidation de l’industrie, la raison d’être de la Fédération est plus forte que jamais. Il y a de moins en moins d’assureurs. Il y a aussi de moins en moins de courtiers, car les babyboumeurs vendent leur cabinet. La survie du courtage indépendant est en jeu », dit M. Racine.