Tel qu’elle l’avait prévu, Intact Corporation financière a vu son portefeuille en assurance automobile se rétrécir à la suite de la hausse des tarifs qu’elle y a apportés.

C’est ce qu’a révélé Charles Brindamour, chef de la direction de l’entreprise, lors d’une discussion tenue avec des analystes financiers à la suite de la divulgation de ses résultats du troisième trimestre de 2018. Des hausses ont aussi été effectuées en assurance habitation, mais les primes y sont en hausse de 2 % par rapport à il y a un an.

Prudence avec la légalisation du cannabis récréatif

La légalisation du cannabis récréatif permettra-t-elle à Intact de réaliser de nouvelles hausses de primes, a demandé un analyste ? Difficile à dire pour le moment, souligne le vice-président sénior en assurance des particuliers chez Intact, Darren Godfrey.

Aucune étude sur la fréquence de sinistres liée au cannabis récréatif n’existe au Canada, alors qu’il y en a aux États-Unis. Le hic, c’est que certaines disent que la légalisation du cannabis récréatif aura des effets négatifs sur la sinistralité des assureurs, alors que d’autres disent qu’il n’y en aura pas.

« Nous sommes très prudents dans notre pensée sur l’impact de la légalisation du cannabis récréatif. Nous serons très attentifs aux fréquences de sinistre et on ajustera les taux en conséquence si nécessaire », dit M. Godfrey.

S’adapter à la pénurie de main-d’œuvre

La pénurie de main-d’œuvre frappe divers secteurs économiques au Canada. Le secteur de la carrosserie automobile en est un, ce qui a nécessité des actions de la part d’Intact.

« La pénurie de main-d’œuvre a eu un impact direct sur le cout de réparation des véhicules, mais aussi des prêts de voitures durant les travaux. Dans certaines relations, il y a eu des anicroches à la fin de 2016 et en 2017 », a souligné M. Brindamour. « Les relations que nous avons avec les membres de notre Réseau Confiance nous ont procuré des avantages en ce sens par rapport à nos concurrents », a ajouté Patrick Barbeau, vice-président sénior, réclamations.

Ces anicroches se sont toutefois résorbées depuis. La preuve, les couts de remplacements sur les véhicules et les couts de location d’Intact ont diminué.

Intact suit de près la règlementation aux États-Unis

La règlementation en assurance automobile dans certaines juridictions canadiennes, notamment l’Ontario, retient toujours l’attention des analystes financiers qui suivent la performance boursière d’Intact. À ce sujet, Charles Brindamour a révélé que sa compagnie suivait de près les développements de la règlementation au sud de la frontière, qu’il qualifie de mosaïque.

« On y retrouve plusieurs juridictions, particulièrement dans les états du Midwest, où la règlementation en assurance automobile est similaire à celle du Québec, et où l’assureur peut lui-même corriger ses taux s’il a été trop agressif. Ce n’est pas le cas en Ontario, où le gouvernement doit les approuver, ce qui peut prendre jusqu’à six mois », a-t-il expliqué.

Croissance d’environ 5 % au Québec

M. Brindamour a aussi fait le point sur la croissance de son entreprise au Québec. Au cours de la dernière année, il l’estime aux alentours de 5 %, et ce, tant dans le courtage qu’en distribution directe.

« La pression vient vraiment de l’Ontario et de l’Alberta, où l’environnement règlementaire est plus contraignant. On bouge plus rapidement que nos concurrents avec des hausses de primes significatives. Les marchés de l’Ontario et de l’Alberta sont ceux où la capacité s’amenuise. Ce sont les marchés où les assureurs tenteront de hausser leurs primes. C’est là que je vois le plus grand delta en termes de croissance au cours des neuf à douze prochains mois. »