Avec les couts mirobolants qu’ils entrainent, les problèmes de santé poussent les employeurs à prendre les grands moyens. Mieux servies par elles-mêmes, un nombre grandissant d’entreprises songent à implanter la norme volontaire de santé et sécurité psychologiques au travail.Comme son nom l’indique, la norme volontaire de santé et sécurité psychologiques au travail n’a rien d’obligatoire. Outre l’adhésion médiatisée de mégagroupes comme Bell Canada, la Financière Manuvie et Great-West Life, plus de 30 organisations canadiennes ont accepté de participer à une étude de cas de trois ans selon laquelle elles s’engagent à implanter la norme. Conseiller en avantages sociaux en contact avec plusieurs grandes entreprises, Morneau Shepell fait aussi partie des précurseurs.

Comptable agréé et planificateur financier, Charles J. Bruce a travaillé de nombreuses années dans le secteur de la gestion de patrimoine, et plus spécifiquement dans le secteur de l’assurance collective dans les 15 dernières années. M. Bruce est le PDG du Nova Scotia Public Service Long Term Disability Trust. Il a aussi présidé le comité de travail de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) sur la main-d’œuvre, de 2011 à 2013.

M. Bruce rappelle que le groupe constitué pour l’étude de cas de la CSMC englobe plusieurs dizaines de milliers d’employés canadiens d’un océan à l’autre, dans des organisations qui se répartissent entre fonction publique et entreprises privées et qui recoupent plusieurs secteurs de l’économie. Près des trois quarts de ces entreprises participantes comptent plus de 500 employés.

L’intérêt déborde des frontières de l’étude de cas. Depuis son lancement, le 1er janvier 2013, jusqu’au 31 mars 2014, le document de la norme a été téléchargé 18 000 fois du site Internet de l’Association canadienne de normalisation (Groupe CSA), signale M. Bruce. Ce sont les seuls résultats quantifiables jusqu’à maintenant. « La norme est nouvelle. Les résultats que nous observons actuellement peuvent être qualifiés, mais pas quantifiés », dit-il.

Parmi les bribes récoltées, la vice-présidente de Bell Canada, Lucie Dutil a observé une diminution de 4 % de la durée des invalidités entre 2010 et 2013. M. Bruce n’est pas surpris. Selon lui, Bell a fait figure de leadeur en implantant la norme dès le début, et un de ses dirigeants en ressources humaines siégeait au comité de développement de la norme.

M. Bruce ajoute aussi que l’adhésion dépasse le cadre de l’étude de cas. « Nous savons que plusieurs entreprises ont pris des mesures pour adopter la norme, sans figurer parmi les participants à l’étude de cas », a confié le spécialiste d’assurance invalidité.

« Les autres attendent pour connaitre la suite des choses », poursuit-il. Ceux qui restent sur la touche le font souvent parce qu’ils se méprennent sur la nature de la norme, dit M. Bruce. « Ils pensent devoir partir de zéro, mais ce n’est pas le cas. Plusieurs de ces entreprises ont déjà des pratiques qui cadrent avec le processus d’implantation : programmes d’aide aux employés, gestion de l’invalidité et du retour au travail, formation des gestionnaires, etc. Au moment d’amorcer l’implantation, une étape consiste à tracer la ligne de départ et à construire sur les bonnes choses déjà en place. »

M. Bruce désigne les ressources requises comme facteur propre à refroidir les joueurs tentés par l’implantation. « La question des couts revient toujours », ajoute-t-il. Il dit connaitre une entreprise de 4 000 employés qui n’a affecté qu’un pour cent de ses ressources humaines au projet d’implantation de la norme.