Paul Lirette, PDG de GlaxoSmithKline Canada et membre du conseil d’administration de Médicaments novateurs Canada (MNC), admet que la réputation de l’industrie pharmaceutique a été ébranlée par les affaires touchant les fabricants Valeant et Turing.

Ceux-ci ont augmenté de manière considérable le prix des molécules et ont été pris dans des controverses touchant leurs tractations financières. Dans un entretien à La Presse publié en novembre 2015, cité par M. Lirette, Russell Williams, alors PDG de MNC, a d’ailleurs fustigé le comportement de la direction de Valeant, dont le siège social est à Laval.

« Valeant mine la réputation de l’industrie pharmaceutique. Quand il y a des manchettes comme ça, les gens pensent que nous sommes tous pareils. Mais nous ne sommes pas tous pareils. Les membres de notre association se plient à un code d’éthique très sévère. Une entreprise qui viole ce code d’éthique s’expose à une expulsion », disait M. Williams.

Les préoccupations des assureurs privés et des preneurs de régimes collectifs sont prises au sérieux chez MNC. Paul Lirette a rencontré une trentaine d’intervenants en assurance collective afin de mieux comprendre leur situation. Certaines de leurs préoccupations ont trouvé écho dans les projets de loi 92, 81 et 28 soumis par le ministre Gaétan Barrette.

MNC a soumis des propositions au gouvernement du Québec pour les ententes conclues avec les fabricants, a-t-il fait savoir lors du Congrès de l’assurance et de l’investissement 2016. M. Lirette estime que l’industrie pharmaceutique est prête à discuter de solutions similaires avec les intervenants du volet privé de l’assurance médicaments.

En France et ailleurs, l’industrie a instauré des programmes qui visent à garantir le cout en fonction de l’efficacité réelle du traitement. « On dit aux gouvernements : “On pense que notre médicament va aider à réduire l’absentéisme de 15 %, ou de réduire l’hospitalisation de 20 %.” On fait des études réelles sur le terrain afin de mesurer le tout, après un an », dit-il. Si le médicament « ne livre pas la marchandise », le fabricant rembourse le gouvernement ou les assureurs privés.

M. Lirette rappelle que GSK compte 2 800 employés au Canada. Il se préoccupe des couts du régime collectif. « Je paie pour des massages ou j’assure le risque ? Les dirigeants d’entreprises doivent se poser la question. »

Durant les échanges, il ajoute que MNC veut collaborer avec les assureurs à la réalisation des études pharmacoéconomiques sur l’impact des médicaments. « On veut former un comité de travail. Des idées, on en a, il s’agit de se retrousser les manches. »

M. Lirette rappelle que les changements à venir du côté de l’administration américaine touchant la couverture des médicaments auront un impact sur l’ensemble de l’industrie pharmaceutique. En allant chercher un plus grand volume, les fabricants pourront baisser le prix des médicaments couverts.

L’industrie pharmaceutique cherche à améliorer l’efficacité de ses efforts en recherche et développement afin de développer de nouvelles molécules à meilleur cout. « Dans un avenir très rapproché, ne vous surprenez pas si l’industrie vous dit : on veut une marge de profit de 20 %, voici les couts de la recherche et développement, fixez le prix que vous voulez. Notre modèle d’affaires a déjà commencé à changer et ça continuera », conclut-il.