La Survivance demande le feu vert à ses 75 000 mutualistes pour devenir une mutuelle de gestion dotée d’une société par actions. Elle veut se donner les moyens d’acquérir des concurrents, et éviter de se faire damer le pion, comme ce fut le cas pour AXA Vie.
En entrevue au Journal de l’assurance lors de son assemblée annuelle du 29 mars, son PDG Richard Gagnon se disait aussi sur le point de conclure l’achat d’un volume d’assurance invalidité. Il a ajouté que sa nouvelle structure lui permettra de concrétiser d’autres occasions qu’il a en vue.

M. Gagnon a aussi convoqué une assemblée extraordinaire le 10 mai qui permettra à ses mutualistes de voter sur le projet d’actionnariat. Celui-ci avait fait l’objet d’un règlement interne le 23 février. Un vote favorable des deux tiers des mutualistes donnera l’aval à la nouvelle structure. Chaque membre a une voix, sans égard au nombre de contrats qu’il détient avec sa mutuelle.

Si elle reçoit l’aval de ses mutualistes, La Survivance demandera à l’Assemblée Nationale du Québec d’adopter une loi d’intérêt privé pour autoriser ce que la mutuelle appelle « la transformation ». D’autres mutuelles québécoises l’ont déjà fait par le passé, dont SSQ Groupe financier et La Capitale. M. Gagnon s’est dit confiant de conclure le tout avant que ne se termine la prochaine session parlementaire le 8 juin.

La Survivance préservera son statut de mutuelle par une structure à deux têtes. La Survivance, mutuelle de gestion, regroupera les détenteurs de contrats. La Survivance, compagnie d’assurance, poursuivra les activités de l’assureur. Les mutualistes seront actionnaires majoritaires de la compagnie et conserveront leurs droits dans la mutuelle. Pour leur part, les investisseurs externes ne seront jamais actionnaires majoritaires, a précisé M. Gagnon.

Les futurs investisseurs, nommés « coactionnaires », seront des investisseurs institutionnels. M. Gagnon a aussi révélé que le montant du premier appel public à l’épargne de La Survivance, compagnie d’assurance, devrait se chiffrer à une dizaine de millions de dollars.

M. Gagnon a expliqué pourquoi il ne proposait que maintenant cette transformation. « Nous avons connu une solide croissance organique ces dernières années. Toutefois, les défis qui se posent à l’industrie nous démontrent l’importance d’intéresser des partenaires à soutenir notre développement par le financement de projets d’envergure », dit-il.

La Survivance a plusieurs chantiers en cours. Son PDG a rappelé les ressources qu’engloutissent les exigences accrues de conformité et les normes de capital sans cesse plus rigoureuses. Son programme de conformité est d’ailleurs en phase de déploiement. Les taux d’intérêt historiquement bas et les marchés volatils accentuent la pression sur les marges de rentabilité. La main-d’œuvre qualifiée est rare et La Survivance investit dans le développement des compétences internes.

Rémunération à la hausse
Toute cette rigueur commande un autre poste de dépense important. M. Gagnon a demandé à l’assemblée l’autorisation d’amender le règlement interne de rémunération annuelle globale des membres du conseil. Il a proposé de faire passer le plafond de 175 000 $ à 400 000 $. « Les membres sont sans cesse plus sollicités et s’exposent à des risques accrus », a-t-il motivé. L’assemblée a donné son accord.

L’assemblée a aussi approuvé la réélection pour trois ans des administrateurs Joanne Vézina, bien connue dans l’industrie des fonds communs, et René Delsanne, professeur au département de mathématiques à l’UQAM.

Plus que tout, La Survivance ne veut plus laisser filer d’occasions par manque de capital. Sans la nouvelle structure projetée, La Survivance ne peut espérer mettre la main sur une société d’assurance vie comme l’a fait SSQ avec AXA l’été dernier.

Acquisition en vue
Lors de son discours, M. Gagnon a révélé être sur le point d’acquérir un important bloc d’assurance invalidité. Il n’avait pas voulu en révéler l’origine au moment de l’assemblée. Il s’est limité à dire que la transaction devait se conclure sous peu, sans le secours de capitaux externes.

Questionné à savoir si le portefeuille de l’assureur en faillite Union du Canada pourrait l’intéresser dans le cadre de sa nouvelle structure, M. Gagnon a dit ne pas analyser cette possibilité pour l’instant. Il a toutefois laissé entendre que d’autres occasions se profilaient.