RSA a entrepris une vague d’investissements pour moderniser ses opérations. Mais il y a un piège à éviter, prévient son PDG Stephen Hester, RSA doit conserver sa capacité à répondre rapidement aux besoins de ses courtiers et de ses clients.

Le Journal de l’assurance s’est entretenu avec M. Hester au lendemain de l’annonce du départ de Rowan Saunders de la tête de RSA Canada pour prendre les rênes du Groupe Economical. Il s’est dit ravi de l’opportunité qui s’offre à M. Saunders de pouvoir diriger une compagnie qui sera à propriété publique.

Comment pallier le départ d’un tel haut dirigeant à courte notice ? M. Hester souligne qu’une entreprise de l’envergure de RSA a toujours un plan de relève pour occuper une si haute fonction.



« Rowan était avec nous depuis douze ans. On savait que l’on devait se préparer pour le jour où il allait partir. C’est toutefois arrivé plus tôt qu’on le pensait. Mais nous étions prêts. Martin Thompson a été formé pour devenir le prochain PDG de nos activités canadiennes. »

M. Thompson assure l’intérim du poste pour le moment. M. Hester indique toutefois qu’il a les pleins pouvoirs et l’autorité qui reviennent à un PDG dans l’exercice de ses fonctions. Un concours sera ouvert pour pourvoir le poste. Il estime que M. Thompson, qui est d’origine écossaise, a de bonnes chances de l’obtenir.

« Martin a travaillé dans plusieurs de nos divisions à travers le monde. Il a travaillé à deux reprises au Canada. Il en est d’ailleurs un résident permanent », dit M. Hester.

Le Canada demeure ainsi une priorité pour RSA. M. Hester rappelle que le Canada fait partie de ses trois régions stratégiques, les deux autres étant le Royaume-Uni et la Scandinavie. L’assureur britannique se retire d’ailleurs des marchés dans lesquels il n’est pas un leadeur ou considère qu’il ne peut le devenir.

Depuis le début de 2016, RSA a vendu ses activités en Uruguay, au Mexique, en Colombie, au Brésil, en Russie et en Italie. En 2015, ce sont les activités en Amérique latine, en Chine, à Hong Kong, à Singapour et en Inde qui avaient été vendues. Les activités en Lettonie et en Pologne avaient aussi été vendues un an plus tôt. C’est donc dire qu’il croit au potentiel du marché canadien, dit celui qui a pris les rênes des activités mondiales de RSA le 1er février 2014, après avoir dirigé les destinées de la Royal Bank of Scotland. Il a aussi cumulé des expériences de travail en assurance vie et en immobilier par le passé.

« Nous nous concentrons sur les marchés qui présentent des risques similaires, mais aussi qui se ressemble quant aux couvertures offertes. On croit fortement à l’assurance que nous offrons. Nous aimons les marchés où nous sommes présents, comme le Canada, car nous y aimons la dynamique et la stabilité. On comprend les règles de loi qui le régissent, tout comme la règlementation et les occasions de profitabilité qui en découlent », dit M. Hester.

Comment voit-il la présence de RSA dans le marché canadien, considérant la prépondérance qu’a Intact Corporation financière au Québec, mais aussi au Canada ? « Intact a environ 15 % du marché canadien. Ça laisse donc 85 % du marché pour les autres. Nous sommes en quatrième position avec une très forte présence. Globalement, nous sommes aussi une plus grosse compagnie qu’Intact en termes de capitalisation boursière. Il faut poursuivre notre transformation et que le tout soit rentable. On investit d’énormes sommes en ce sens », dit-il.

3 clés du succès

Le plan de M. Hester repose sur trois grandes bases. La première est d’améliorer le service à la clientèle. « On regarde ce qu’on peut faire avec les nouvelles technologies et le numérique. On veut voir comment améliorer le service offert », dit-il.

Vient ensuite l’utilisation du Big Data et des technologies qui y sont rattachées. « Ça nous permet de faire une meilleure sélection de risques et de sophistiquer le tout. On investit beaucoup en ce sens pour améliorer notre souscription, notre agilité et notre tarification, entre autres. » Le troisième volet repose sur la réduction des frais d’exploitation.

Il ajoute que sa compagnie enregistre des progrès forts intéressants au Canada à la suite de ces investissements. Questionné à savoir si RSA investit dans une technologie adaptable à tous les marchés où elle est présente, il répond que non. « Ça peut être un danger d’agir ainsi. En ayant une technologie unique à tous les marchés, c’est plus rapide à développer. Mais ça peut toutefois réduire la vitesse d’exécution une fois mise en application, mais aussi enrayer le mouvement. On veut donc balancer le tout entre nos trois régions. Elles ont toutes une grande autonomie d’action », dit M. Hester.

Robotique en vue

M. Hester a par ailleurs révélé que sa division canadienne fera des tests en lien avec une solution liée à la robotique. Les tests viennent tout juste de s’amorcer et se feront sur trois ans.

« On croit que ça nous permettra d’améliorer notre service à la clientèle, mais aussi notre rentabilité. Nous souhaitons être les meilleurs pour nos clients, mais aussi pour nos actionnaires, tout en considérant que chaque région a son propre environnement concurrentiel. Au Canada, nous souhaitons être aussi bons qu’Intact. Ils font un bon travail. Mais nous sommes aussi très bons dans le marché canadien. Je suis très satisfait de nos opérations au Canada », dit-il.

Est-il possible pour un assureur de réussir en étant uniquement dans le courtage ou uniquement dans la distribution directe ? Non, répond-il. « Il faut investir là où le client est. Et il y a des gens dans le giron de la distribution directe », dit M. Hester.

RSA a aussi connu une année turbulente en 2015 alors que Zurich a fait une offre d’achat hostile pour l’acquérir. Le tout est finalement tombé à l’eau. M. Hester assure toutefois que sa compagnie n’est pas à vendre.

« Une compagnie publique n’est jamais à l’abri de qui peut la posséder. Ce n’est pas quelque chose que nous avions sollicité, mais il nous fallait y répondre. C’est ce que nous avons fait et maintenant, nous poursuivons notre transformation. Nos bénéfices sont résilients. On peut présenter une excellente performance financière, avec de bons retours. Quoi qu’il en soit, notre compagnie est entre bonnes mains et dans une excellente forme financière. Nos résultats de mi-année le prouveront d’ailleurs », dit M. Hester.