Les institutions prêteuses sont formelles: le financement de placements par emprunt ne convient qu’aux épargnants dont la tolérance au risque est grande!

Et pour plusieurs conseillers hésitants, le prêt levier n’est qu’un autre facteur de nature à faire grimper leurs primes d’assurance responsabilité. Or, des spécialistes croient qu’une approche conservatrice peut convenir à tous.

Consultant chevronné dans ce domaine, Talbot Stevens parle d’ailleurs systématiquement de levier conservateur lorsqu’il évoque la notion de prêts à l’investissement.

« La plupart des plaintes et poursuites en conformité que reçoivent les cabinets de planification financière et de fonds sont liés au levier », fait-il observer. M. Stevens comprend les hésitations des conseillers et entend les aider eux et leur clients à utiliser le levier de façon responsable.

« Conduire une auto n’est pas dangereux en soit. Mais si vous conduisez ivre et vite dans une tempête de neige, vous avez toutes les chances de vous blesser gravement, même de vous tuer. »

Le levier, même conservateur, magnifie les résultats, qu’ils soient positifs ou négatifs, explique-t-il. « Il n’y a pas de garantie. En recourant au levier, vous pouvez être blessé davantage que si vous ne l’aviez pas utilisé. »

Pour limiter les dégâts, M. Stevens propose cinq lignes de conduites qui sont l’essence du levier conservateur : demeurer conservateur sur le montant d’emprunt, sur les garanties accordées et sur vos émotions; éliminer le risque d’un appel de marge; investir à long terme, soit de 8 à 10 ans; diversifier les placements (par exemple fonds mondiaux); passer par un conseiller de confiance qui saura vous montrer les avantages et les désavantages du levier, et respecter votre plan de départ.

Talbot Stevens conseille aussi de ne pas aller trop vite. Si la banque consent à vous prêter 100 000$, vous devriez plutôt commencer par 20 000$ ou 30 000$, quitte à augmenter la mise les années suivantes lorsque vous maitrisez l’approche.

Quant à Scott Bergen, directeur de produits de BanqueManuvie, il croit que le contrôle du risque inhérent au prêt levier réside avant tout dans la gestion des émotions. Il exhorte les conseillers et leurs clients emprunteurs à se préparer à la volatilité. « Lorsque les investissements joueront aux montagnes russes, gardez vos objectifs à long terme à l’esprit. »

Dans notre texte principal « Le marché du prêt à l’investissement se démocratise », M. Bergen soutenait de plus qu’une stratégie de prêts leviers pouvait même, dans certains cas, surpasser les rendements d’un programme de cotisation mensuelle. C’est en tout cas ce que tendent à démontrer les tableaux plus bas, soumis au Journal de l’assurance par M. Bergen dans le cadre de notre recherche sur les prêts leviers, semblent le démontrer.

Alain Thériault