Les courtiers doivent faire comprendre aux fournisseurs de systèmes de gestion de cabinets et aux assureurs que tout autre système de commerce électronique que la Centrale du RCCAQ n’aura pas de chance de marcher au Québec. En conséquence, il leur sera difficile d’y faire des affaires.C’est là l’un des appels aux courtiers qu’a livrés André Arseneault lors d’une conférence au congrès du RCCAQ le 23 novembre dernier à Québec. La conférence dévoilait le concept de la Centrale ainsi que son plan de développement. Dans ce dossier, M. Arseneault agit comme expert-conseil pour le compte du RCCAQ.

Antérieurement vice-président exécutif du fournisseur de logiciel de cabinet Applied Systems, M. Arseneault a reconnu que ce nouveau projet soulève du scepticisme dans l’industrie. C’est normal, tout le monde veut d’abord en savoir plus et en évaluer l’impact sur ses affaires, a-t-il dit.

Besoin de soutien

Toutefois, a-t-il lancé aux courtiers, ce projet a plus que jamais besoin du soutien des courtiers. C’est à eux que revient le mandat de convaincre leurs fournisseurs de système de gestion ainsi que leurs assureurs.

« C’est la meilleure chance que les courtiers n’aient jamais eue, a affirmé M. Arseneault. Aidez-vous et le ciel vous aidera. Faites-leur comprendre que leur intérêt est plus dans la Centrale que dans leurs outils technologiques. Il est important que vous croyiez en ce rêve. Si vous y croyez, ce sera possible en 2007. »

La Centrale veut s’imposer comme la solution unique de commerce électronique pour les transactions d’assurance entre assureurs et cabinets, a expliqué M. Arseneault. Elle vise à faciliter les transactions avec les assureurs. Elle permettrait en outre de changer complètement le rapport de force entre assureurs et courtiers, a-t-il dit.

L’un de ses objectifs majeurs demeure l’élimination des solutions privées des assureurs. Du coup, elle veut remplacer les nombreux terminaux des assureurs dans les cabinets qui permettent aux courtiers de transiger directement avec eux. La Centrale veut aussi prendre la place des sites Internet que développent les assureurs pour transiger avec les courtiers.

La Centrale RCCAQ éliminera aussi le recours aux logiciels de tarification comparative, a ajouté M. Arseneault. Puisqu’elle fonctionnera en temps réel au moment de son lancement, le tarif obtenu des assureurs par la Centrale sera plus fiable que le celui fournit par un tiers parti puisqu’il provient directement de l’assureur, a-t-il expliqué. Dans cette perspective, le recours à CompuQuote est à remettre en question, a-t-il ajouté.

À la période de questions, un courtier s’est interrogé sur l’intérêt des assureurs à collaborer à la Centrale. M. Arseneault a répondu percevoir du scepticisme et de l’intérêt. D’ailleurs, il a révélé que AXA Assurances s’est proposé rapidement comme assureur pilote dans le développement du concept.

Chez d’autres assureurs, on affirme n’avoir aucun problème à donner un taux lors d’une soumission. C’est toutefois la souscription en temps réel qui cause problème, a affirmé M. Arseneault. « En général, les vice-présidents technologie me disent aller dans cette direction. »

Quel sera le coût pour les courtiers? Claude Pinsonneault, membre du conseil du RCCAQ, a répondu qu’il faut plutôt se demander ce que cela rapportera comme gain de productivité. « Ce ne sont pas les quelque cent dollars par mois qui vont changer quelque chose pour un cabinet », a-t-il ajouté. Autre avantage : il n’y aura pas d’achat de licence, mais plutôt un coût à l’utilisation.

Comment ça marche?

La Centrale RCCAQ est présentement développée par la firme BComC Canada. Cette firme a développé un site (www.bcomc-qc.com) qui se présente comme une centrale d’achats qui a pour fonction de simplifier la gestion de la chaîne d’achats entre partenaires d’affaires de divers secteurs économiques. Ce sera le cas pour l’assurance par courtage.

BComC affirme que son concept permet de faire communiquer tous les types de systèmes entre eux, peu importe le format de fichier. Il permet aussi à tous les systèmes de gestion d’entreprise de transiger avec la centrale.

Son concept est une sorte de « place de marché » dotée de traducteurs qui permet aux systèmes de communiquer entre eux. Il est installé sur le réseau Internet. On y accède 365 jours par année, peu importe le moment. Une fois les « acheteurs » et les « fournisseurs » inscrits, ils peuvent transiger. BComC n’a pas retourné les appels du Journal de l’assurance pour connaître davantage les autres secteurs économiques pour lesquels la firme a développé des centrales d’achat.

BComC assume tous les frais de développement de la Centrale RCCAQ. La firme tirera ses revenus des coûts facturés aux utilisateurs. Une fois le concept opérationnel, BComC développera les fonctionnalités nécessaires et gèrera la Centrale. Si jamais elle ne fonctionne pas, aucuns frais ne seront facturés au RCCAQ.

Pour le commerce d’assurance, BComC doit développer une base de données qui puisse comprendre tous les champs que requièrent les assureurs de l’industrie, a expliqué André Arseneault. Si l’un d’eux en veut davantage, la Centrale devrait pouvoir afficher des champs uniques. Les données transmises seront encryptées. La Centrale ne conservera toutefois aucune information.

Les fournisseurs de système de cabinet devront s’y intégrer puisque c’est par leur biais que les courtiers devront expédier leurs informations à la Centrale. Il leur restera de décider ou non à rendre l’accès à la Centrale visible ou non dans leur écran de système.

Le système devrait pouvoir transiger les nouvelles affaires, les avenants ainsi que les renouvellements. Le RCCAQ s’attend à montrer des premiers résultats d’ici la mi-2007.