Intact Corporation financière fait probablement partie des rares entreprises à envisager positivement l’avenir de l’assurance automobile en Ontario. Toutefois, à en juger par les acquisitions du secteur, elle n’est sans doute pas la seule à carburer à l’optimisme.Le Mouvement Desjardins a surpris de nombreux observateurs de l’industrie en annonçant, en début d’année, son intention d’acheter les activités canadiennes de State Farm. Une fois l’affaire conclue en janvier 2015, l’entité créée fera de Desjardins la deuxième compagnie en importance au Canada, derrière Intact.

« State Farm a vécu quelque chose d’assez épouvantable sur le marché de l’assurance automobile de l’Ontario, rappelle Paul Holden, analyste financier au service de recherche institutionnel de la Banque CIBC. Elle y était fortement concentrée, et je pense qu’elle a assez souffert. Elle n’aimait probablement pas voir l’orientation prise par les régulateurs. »

Joel Baker, président de MSA Research, écrit que la société mère de State Farm, située à Bloomington, en Illinois, a injecté plus de 3 milliards de dollars (G$) de capitaux au Canada depuis 1996, afin d’y préserver ses activités sur le marché du Nord. Durant la même période, elle n’a reçu que 53 millions de dollars (M$) en retour. « Après avoir survécu à une deuxième crise de l’assurance automobile ontarienne en dix ans, il va de soi que State Farm n’avait pas envie d’en affronter une troisième, relate-t-il. De toute évidence, elle en avait assez. »

D’autres acquisitions restent à se concrétiser, et Intact fera partie des aspirants. Même chose dans le cas de Travelers Canada, dont le siège social est maintenant à Toronto. Il lui faudra d’abord intégrer son acquisition de Dominion du Canada. D’un autre côté, il n’est pas simple, dans l’immédiat, de repérer les entreprises qui pourraient être à vendre. Comme les compagnies européennes qui auraient pu quitter le Canada en réaction à la nouvelle règlementation ont surmonté ces diverses pressions, il serait étonnant de les voir changer de cap maintenant et accepter d’être vendues.

« Si elles ne l’ont pas fait à l’époque, je ne vois pas pourquoi elles le feraient aujourd’hui, dit Paul Holden en citant au passage les exemples d’Aviva et de RSA. Elles ont trouvé diverses façons de solutionner les problèmes de capitaux, parfois pas nécessairement dans l’intérêt de leurs actionnaires, mais elles restent présentes sur le marché canadien de l’assurance de dommages », fait-il remarquer.