Les actuaires utilisent l’historique des sinistres pour tarifer les polices. En cette ère où la vitesse du changement s’accélère, cette façon de regarder dans le rétroviseur empêche les assureurs de voir ce qui se passe devant.

Selon Bernard Deschamps, établir des prévisions en se basant sur les résultats antérieurs équivaut « à se priver de l’intérêt du “big data”. C’est la faiblesse des actuaires », dit-il. En se fiant aux statistiques, on élimine parfois les écarts et les extrêmes, on filtre les résultats et on obtient parfois des résultats auxquels on s’attend, poursuit-il.

« Quand tu fais une recherche sur Google, tu obtiens des tonnes de résultats, tu ne sais pas toujours ce que tu cherches, c’est le “free for all”. Mais parfois, tu vois apparaitre des tendances. Elle est là, la richesse », avance M. Deschamps.

Il ajoute que la plus grande menace du marché de l’assurance est « l’incapacité des actuaires de mettre leur modèle de côté pour prédire le futur. C’est ce qui leur fera mal demain. » Selon lui, le jour où des entreprises comme Google trouveront comment valoriser les données non structurées, les assureurs peineront à les concurrencer.

La tendance est effectivement à l’utilisation des métadonnées (« big data »). Michel Bergeron note que sa firme embauche des mathématiciens pour aider les clients, en consultation externe, à développer leur propre modèle prédictif. « Ce qu’on dit aux clients cependant, avant de penser à analyser toutes les données, est d’abord de savoir quelles sont les questions auxquelles vous voulez vraiment des réponses », précise-t-il.