On pourrait penser que les différents événements climatiques en 2010 au Canada ont couté cher en indemnités aux assureurs. Ces derniers estiment toutefois s’en être bien tirés, malgré les nombreuses demandes d’indemnité reçues. Ils ont aussi affirmé au Journal de l’assurance que leur taux de sinistralité avait reculé de 4 % en moyenne en 2010, par rapport à 2009.Plusieurs catastrophes naturelles ont frappé le pays en 2010. Quelques ouragans ont touché terre en Atlantique, dont Igor, au début de l’année. Calgary a aussi subi une tempête de grêle en juillet. Le Québec n’a pas été épargné non plus, alors que des pluies diluviennes se sont abattues sur la Gaspésie en décembre.

Les assureurs qui souscrivent principalement des risques au Québec affirment que 2010 s’est située dans la normale en ce qui a trait aux sinistres liés aux événements climatiques. Chez AXA Assurances, environ 1 000 dossiers de sinistres liés au climat ont été traités en 2010, principalement pour des événements de fortes pluies et de forts vents survenus en juillet et en octobre.

« C’est très minime », souligne Pierre Dépatie, vice-président, indemnisation, opérations. L’assureur avait reçu au-delà de 5 000 dossiers liés à des catastrophes naturelles en 2008. Dans l’ensemble, AXA fait état de près de 4,5 % moins de sinistres en 2010 comparativement à 2009. « 2010 est une bonne année en ce qui a trait aux résultats techniques », ajoute-t-il.

Pour l’assurance habitation, le nombre de dossiers de sinistres reçus chez AXA a diminué de 8 %. En assurance automobile, la diminution est de 4 %, tandis qu’elle est de 3 % en assurance aux entreprises.
Le même phénomène est survenu chez Intact Corporation financière, plus grand assureur au Canada, précise Louis Héroux, premier vice-président associé à l’indemnisation. Cet assureur a reçu environ 5 % de moins de demandes d’indemnités pour le Québec par rapport à 2009. Pour le reste du Canada, la baisse a été entre 3 % et 4 %.
La tempête de grêle à Calgary, qui, malgré son importance n’a pas battu de record, a généré à elle seule environ 12 000 demandes d’indemnités. M. Héroux souligne que le premier trimestre de l’année a fait la différence par rapport à 2009. Les mois de juillet à septembre ont été les pires et ce phénomène s’observe bon an mal an. Normal, dit M. Héroux. La plupart des sinistres rapportés sont reliés à des épisodes de pluie, de grêle ou de vent qui se produisent surtout pendant l’été.
Chez Co-operators, qui est présent partout au Canada, les statistiques sont différentes pour le Québec par rapport au reste du Canada. Pour le Québec, il y a eu moins de réclamations en 2010 qu’en 2009, précise Michel Joubert, vice-président réclamations au Québec. Même chose pour la filiale L’Union Canadienne, et ce, malgré les 200 dossiers traités en juillet et septembre, suite à des fortes pluies, pour un total d’indemnités d’environ deux millions de dollars (M$).

Pour le reste du Canada, ce fut par contre une autre histoire, dit Glen Oxford, directeur national des réclamations en propriété de Co-operators. 2010 a généré beaucoup de sinistres au Canada, soit 9 600 dossiers environ, tous segments d’affaires confondus : automobile, habitation et entreprises. Le total des indemnités versées est de 86 M$, comparativement aux 56 M$ versés en 2009, où 6 300 sinistres avaient été enregistrés.

De tous les sinistres payés en 2010 par Co-operators, pas moins de 32 M$, soit 4 500 sinistres, ont été payés suite à la tempête de grêle du 12 juillet à Calgary. Les provinces de l’Atlantique ont aussi été affectées par l’ouragan Igor, ce qui a généré pas moins de 6,5 M$ en indemnités. La province de l’Ontario, quant à elle, n’a pas connu une mauvaise année comparativement à 2009.

Du côté de Desjardins assurances générales, qui est aussi présent partout au Canada, 2010 a été mieux que 2009, qui elle-même était meilleure que 2008, du point de vue des sinistres payés, dit Louis Chantal, vice-président à l’indemnisation. « Au Québec, par rapport à 2009, le nombre de réclamations a été à la baisse de 8 % en assurance habitation et de 3 % en assurance automobile. Ce qui a surtout marqué le Québec en 2010, ce sont les pluies abondantes de juillet qui ont généré pas moins de 1 M$ de sinistres payés. Il y a aussi eu les dommages causés par les infiltrations d’eau et refoulement des égouts dans la ceinture Nord de Montréal en septembre, pour lesquels Desjardins a payé environ 3 M$ pour 300 dossiers », dit-il.

Il ajoute que pour la clientèle hors-Québec, il y a eu 3 événements majeurs. Le premier est la tempête de grêle à Calgary, qui a couté pas moins de 6 M$ à l’assureur en assurance automobile et habitation. Viennent ensuite les dégâts d’eau à Winnipeg à la fin mai, qui ont généré environ 100 dossiers pour un total d’indemnités de 1 M$. Environ le même montant a été déboursé pour les dégâts causés par les forts vents dans les provinces de l’Atlantique en décembre.
« Les événements climatiques que nous vivons sont de plus en plus concentrés et de plus grande ampleur », précise M. Chantal. Par exemple, les épisodes de pluies deviennent de plus en plus des pluies abondantes. Le climat change et cela a bien sûr un impact sur nos résultats », dit-il.

Du côté de La Capitale assurance générales, 2010 se situe dans la normale. « 2010 n’a rien eu de spécial en ce qui a trait aux événements climatiques », précise Audrey Bouchard, conseillère en communications et relations publiques.

Le Journal de l’assurance a aussi contacté le Groupe Urgence Sinistre (GUS) qui assure un service après-sinistre auprès d’une clientèle d’assureurs, de courtiers et d’experts indépendants en assurance de dommages par le biais de ses 225 franchisés. Le vice-président administratif et aux communications, Pierre Bédard, nous confirme que 2010 a été marquée par une baisse du nombre de réclamations chez les assureurs. Une première en plus de 20 ans, dit-il, qui est due en grande partie au faible taux de précipitation, et ce, autant en hiver qu’en été.
Le Journal a aussi contacté le Bureau d’assurance du Canada (BAC) pour obtenir les statistiques relatives aux catastrophes ayant causé le plus de dommages en 2010. Au moment de mettre sous presse, cette information n’était pas disponible. Le BAC ne fait d’ailleurs pas cette cueillette d’information à tous les ans et ne l’avait pas encore cumulé en 2010, explique Charlotte Sasseville, conseillère en communications au BAC.