Est-ce que les espaces clients que développent les BMS viennent combler le rêve de plusieurs courtiers d’avoir un portail unique pour communiquer avec leurs assureurs ? Non, disent les fournisseurs de systèmes de gestion de courtage.

Il est vrai que l’industrie a connu son lot de déconvenues pour bâtir un portail unique au fil des ans. À la fin des années 1990, le projet Synchron a été abandonné alors qu’Internet en était à ses premiers balbutiements. Puis, c’est le Centre d’études de la pratique en assurance (CSIO) qui s’est cassé les dents avec son Portail CEPA, dans lequel plus de 15 millions de dollars ont été engloutis au début des années 2000. Le Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ) n’a pas eu plus de chance avec sa Centrale RCCAQ, qui a été stoppée vu les couts qui montaient en flèche au milieu des années 2000.

Même si les espaces clients permettent au client de communiquer avec son assureur via son courtier, le problème n’est pas entièrement réglé quant au traitement des données. Pat Durepos, PDG de Technologie Keal, croit toutefois que le portail n’a plus vraiment sa raison d’être comme autrefois.

« Les informations vont et reviennent en format XML. L’uniformisation s’est faite de ce côté. Aussi, avec l’espace client, le BMS devient le point d’accès au consommateur. Il peut y changer lui-même ses informations si nécessaire, peu importe où il se trouve. De plus, la difficulté liée au portail unique est que la règlementation varie d’une province à l’autre », dit-il.

Stéphane Lacasse, vice-président du service de gestion des produits pour le Canada et des produits de tarification d’Applied Systems, apporte un éclairage différent sur la question. Il rappelle que les portails ont échoué notamment parce que les assureurs ne répondaient pas de leur côté.

« Un débat a émergé à la suite de ces échecs : qui doit servir le client : le courtier ou l’assureur ? Certains assureurs semblent vouloir enlever le courtier du centre de l’équation. Or, plusieurs courtiers défendent la relation qu’ils ont avec leurs clients. Le développement de la technologie vient ainsi redonner des habiletés au courtier. »

Son collègue Philippe Joassin, vice-président, ventes et développement des affaires, d’Applied Systems, ajoute que l’avènement des eDocs, développés par le Centre d’étude de la pratique en assurance (CSIO) a permis de solutionner une partie des problèmes que le fameux portail unique devait régler. « Les eDocs ont rendu les courtiers plus efficaces », ajoute-t-il.

M. Joassin souligne aussi que ces développements technologiques au bénéfice du courtage ont forcé l’écoute des assureurs. « Nous avons des pourparlers avec eux sur différents projets et il y a de l’ouverture. Avant, en tant que fournisseur de BMS, nous allions vers l’assureur. Ça a changé. On y va maintenant avec des courtiers, qui expliquent aussi pourquoi tel développement serait avantageux pour eux. On fait ce type de rencontre tant au Québec qu’à l’extérieur de la province. »

M. Lacasse convient que rencontrer un assureur en compagnie d’un courtier met plus de poids dans la balance, surtout si celui-ci place un fort volume chez lui. « L’écoute est meilleure dans ce cas », dit-il. « Et nous faisons de bonnes avancées », ajoute M. Joassin.