Devant l’intention du ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette,  d’exiger la divulgation des honoraires de ses membres sur la facture des médicaments d’ordonnance, l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) demande les mêmes exigences de transparence à l’endroit de tous les acteurs de l'industrie de la santé, et s’inquiète que naisse un dirigisme de la part des assureurs.

L’AQPP est outré des amendements au projet de loi 92 proposés hier par le ministre, car les pharmaciens deviendraient selon elle les seuls professionnels de la santé à devoir ventiler leurs factures. De leur côté, les assureurs privés font partie intégrante du régime général d'assurance médicaments et n'ont aucune reddition de comptes à fournir ni de factures à ventiler, soutient l’AQPP. « Ce nouvel affront confirme à nouveau l'acharnement du ministre à l'endroit des 41 000 personnes travaillant en pharmacie communautaire au Québec », s’indigne l’association. Elle ne digère pas ce dépôt survenu sans consultation préalable de ses membres.

Liberté contre dirigisme

Vice-président exécutif et directeur général de l'AQPP, Jean Bourcier croit en outre que ces amendements créeront une pression à la baisse sur les prix des médicaments dans le secteur privé, et qu’ils ne ciblent pas la bonne problématique. « C'est le sous-financement des honoraires des pharmaciens du côté du régime public d'assurance médicaments qui est le réel problème. De plus, rien n'empêche actuellement les patients de vérifier les prix d'une pharmacie à l'autre », indique M. Bourcier.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux a également irrité l’AQPP lorsqu’il a selon elle affirmé que l'assureur pourra diriger ses assurés vers un pharmacien offrant un meilleur prix. « Il s'agit d'une attaque directe à la liberté de choix des patients et à l'indépendance professionnelle des pharmaciens. C'est carrément ouvrir la porte au dirigisme de la part des assureurs », tranche M. Bourcier, qui s’interroge devant ce qu’il qualifie  de complaisance du ministre à l'égard des assureurs privés. L'AQPP a aussi souligné ne pas être contre la notion de transparence des prix, mais « pas au détriment de la liberté de choix des patients ou de la pérennité de la première ligne de santé la plus efficace au Québec  ».

Aussi du positif

L’AQPP a par ailleurs déclaré que certains amendements présentés semblent avoir un impact positif sur l'indépendance professionnelle du pharmacien.  « L'AQPP procède à l'analyse de ces amendements afin d'en saisir toute la portée et réagira ultérieurement à ceux-ci », a signalé l’association de pharmaciens propriétaires.