Comme leurs clients, les réassureurs limitent leur part de risque, dit André Langlois, vice-président développement, mise en marché de l’assurance et de l’épargne des particuliers pour Desjardins Sécurité financière (DSF).
« Pour une police de 15 M$, 20 M$ ou 25 M$, le réassureur n’a souvent plus la capacité requise. Il doit se tourner vers un rétrocessionnaire. Le réassureur ne pourra probablement pas obtenir le prix sur lequel lui et l’assureur s’étaient entendus à l’origine », dit-il.

Réassureurs et audit
Hélène Châtelain, vice-présidente souscription chez Transamerica, attribue aussi la réduction des montants maximums à une souscription des risques plus prudente. Elle dit se rappeler le laxisme des décennies 1980 et 1990. « Il a fait place à un resserrement ces dernières années », dit-elle.

Avec maintenant six réassureurs vie au Canada, chacun doit prendre un plus gros morceau de la galette des risques, explique Mme Châtelain. Munich Re, Swiss Re, RGA Canada, Scor Re, Optimum Réassurance et Aurigen se sont partagé avec les assureurs la responsabilité de 47,3 milliards de dollars (G$) de primes d’assurance vie au Canada en 2010.

La pratique généralisée au Canada est la réassurance proportionnelle, où l’assureur gardera par exemple 25 % d’un risque sur une police et en cèdera 75 % au réassureur.

Pour couvrir leurs arrières, les réassureurs traiteront à leur tour avec un rétrocessionnaire. Or, ce marché a lui aussi rétréci. L’agence de notation A.M. Best rapportait en 2011 que plusieurs joueurs avaient quitté le marché de la rétrocession vie. Parmi eux, la Financière Sun Life. A.M. Best faisait alors état d’un marché canadien de la rétrocession très concentré.

Mme Châtelain observe que les assureurs tendent à garder moins de risques. « En raison des taux d’intérêts et des règles ce capital plus sévères, nous réassurons beaucoup plus que dans le passé », dit-elle. Les réassureurs se partagent ainsi plus de risques entre eux.

Selon Mme Châtelain, le réassureur se montre prudent. Il scrutera les pratiques de souscription de son client avant de décider quelle limite lui accorder pour tel ou tel produit. « Les réassureurs se basent sur la gestion des risques et les pratiques de souscription de l’assureur. »

Cette vérification s’appelle l’audit et la limite qui en résulte, l’autorité, dit-elle. « Au-delà de cette autorité, les taux habituels ne s’appliquent plus. » Les assureurs ont ainsi réduit les montants qu’ils accordent d’emblée pour protéger cette autorité qu’ils ont réussi à obtenir auprès de leur réassureur, dit-elle.