L’industrie de l’assurance de personnes a tout intérêt à se débarrasser des pommes pourries qui ternissent son image, ont clamé des PDG d’assureurs.Yvon Charest, PDG de l’Industrielle Alliance, Assurance et services financiers, souligne toutefois que l’assureur qui a le courage de les dénoncer peut ternir sa propre réputation par le fait même. « L’assureur qui a le courage de dénoncer quelqu’un, plutôt que de lui dire d’aller travailler ailleurs, pourrait voir son nom apparaitre dans les journaux. Ce qui ressortira, c’est que le conseiller affilié à telle compagnie a fait des choses qui ne sont pas correctes », dit-il.

M. Charest dit avoir sollicité l’aide de l’Autorité des marchés financiers à cet égard. « Il y a des pommes pourries et on ne veut pas d’elles. Cessons de pointer du doigt l’institution qui a eu le courage de les dénoncer », dit-il.

Denis Berthiaume, président et chef de l’exploitation de Desjardins Assurances, ajoute que quand le régulateur sévit contre les conseillers véreux, c’est toute la profession qui est affectée. « Certaines mesures visant à stopper le 2 % des conseillers qui sont pommes pourries sont appliquées mur à mur pour le 98 % qui travaille correctement. Ça amène une lourdeur dans la pratique du conseiller, mais aussi pour nous, comme fournisseur de services », dit-il.

M. Berthiaume préfèrerait voir des mesures ciblées mises en place plutôt que des contraintes appliquées mur à mur. « Ça ajoute des couts, de la complexité et, au fond, ça ne règle rien », dit-il.

Il ajoute qu’il est important pour l’industrie de travailler en étroite collaboration avec l’Autorité des marchés financiers pour qu’elle puisse faire passer son message et s’assurer que les mesures appropriées soient en place.

Steven Ross, PDG des affaires d’assurance de personnes de La Capitale Groupe financier, dit que porter une attention spéciale au développement de produits est une autre façon de gérer le risque associé aux pratiques discutables d’un petit nombre de conseillers. « Comme manufacturier, nous devrions regarder les usages possibles de nos produits. Offrir des produits plus simples, plus transparents et plus faciles à expliquer aux clients permettrait de réduire ce risque », dit-il.

Il ajoute que tout le monde gagne à être plus vigilant dans leurs pratiques, tant du côté des assureurs que des conseillers. « Quand ça sort qu’un conseiller a fait une mauvaise chose, c’est toute l’industrie qui en souffre. On doit tous avoir une certaine vigilance sur l’application de la conformité, sur les suivis, sur le travail qui doit être fait. Chacun joue un rôle et c’est reconnu de plus en plus par le régulateur », dit M. Ross.