Le manque de relève, la gestion des effectifs et l’amélioration de la communication entre professionnels seront les principaux défis que devra relever l’industrie du sinistre au cours des prochaines années. Un panel rassemblant quatre leaders du domaine en est venu à cette conclusion le 15 mars dernier, à la Journée de l’assurance de dommages.Jacques Fortier, président du cabinet Dery, Barrette et Associés et de Les Experts en sinistre Trans-Québec, a abordé le sujet de la relève d’emblée. Il a cité des chiffres compilés par la Chambre de l’assurance de dommages, qui indiquent que près de 40 % des experts en sinistres ont plus de 50 ans. « C’est un problème. Il faut nous y préparer », dit-il.

Ce manque de main-d’œuvre est d’autant plus important que le nombre d’experts en sinistres a augmenté de 15 % par rapport à ce qu’il était il y a près de 30 ans. M. Fortier a souligné que le nombre d’experts en sinistre indépendants est resté le même depuis 1984, passant de 664 en 1984 à 671 aujourd’hui. C’est du côté des experts en sinistres à l’emploi des assureurs que la hausse s’est fait sentir. De 1 741 en 1984, on en dénombre maintenant 2 103.

M. Fortier conseille ainsi aux experts en sinistre et autres corps de métier en assurance d’embaucher des jeunes dès maintenant. C’est d’ailleurs ce qu’il fait dans son cabinet.

Les employés rajeunissent

«  En 2002, 92 % de mon personnel avait plus de 50 ans. J’ai donc décidé de frapper à la porte du séminaire de Sherbrooke. Ainsi, pendant cinq ans, j’ai embauché un ou deux experts en sinistre par année, qu’il soit étudiant ou expérimenté », dit-il.

Résultat : le taux d’employés âgés de 49 ans et moins de son entreprise est passé de 0 % à 32 %. De plus, ces embauches lui ont permis de répondre à la demande, alors que les taux de sinistres augmentaient. Par la suite, il dit avoir embauché trois étudiants du séminaire, puis deux avocats.

Extension des assureurs

Autre défi : les experts en sinistre doivent être plus proactifs vis-à-vis les assureurs. « Nous devons leur parler à l’avance pour connaitre leurs besoins, notamment en effectifs, dit Richard Verreault, vice-président principal et exécutif pour la province de Québec chez Indemnipro. À titre d’exemple, lorsque l’ouragan Irene a provoqué des dégâts, nous sommes restés en constante communication avec trois assureurs majeurs. Nous avons ainsi offert un service adéquat ».

Il dit ainsi souhaiter que les experts en sinistre soient l’extension du service d’indemnisation des assureurs. « Les moyens technologiques nous permettent de systématiser nos procédures et de raccourcir les délais », dit-il.

Maintenir un volume constant est l’un des enjeux auxquels l’industrie de l’après-sinistre est confrontée. Pour ce faire, les assureurs doivent fournir des mandats appropriés aux experts en sinistre, dit M. Verreault. Si un certain volume n’est pas maintenu, des experts risquent de perdre leurs employés comme cela s’est parfois produit en 2010. « Cette année-là a été creuse. Plusieurs jeunes ont quitté la profession », fait-il remarquer.

Les différents corps de métier doivent aussi respecter leur champ de compétence pour travailler en harmonie les uns avec les autres. Or, selon M. Fortier, certains cumulent les fonctions. « De plus en plus de restaurateurs après sinistres exercent aussi dans le domaine de la construction. Un restaurateur a d’ailleurs dit à l’un de mes employés que s’il ne faisait pas la construction, il ne ferait pas la déshumidification ».

Mieux diriger l’assuré

De plus, l’expert doit mieux diriger l’assuré, car celui-ci confond trop souvent les différents professionnels. « Les assurés se perdent dans l’ensemble des intervenants et ne savent pas à qui se fier, dit Louis Héroux, premier vice-président associé, indemnisation d’Intact Corporation financière. On le voit dans nos sondages de satisfaction. Ils ont l’impression d’être pris en otage. Ils constatent un manque de coordination entre les assureurs, les restaurateurs ou les fournisseurs en urgence ».