L'Industrielle Alliance évite une perte mais termine l'année 2008 avec un bénéfice net de 66,1 millions de dollars (M$). Un résultat de loin inférieur à son bénéfice de 242,2 M$ réalisé en 2007. Le rendement sur l'avoir des actionnaires s'en ressent : 4,0 % en 2008 comparativement à 15,1% l'année précédente. Les primes et dépôts battent aussi en retraite.L'Industrielle Alliance pourra se féliciter d'être le seul assureur démutualisé de grande taille à avoir évité les pertes en 2008, même si son bénéfice a reculé de 73% l'an passé par rapport à 2007. Les primes et dépôts, mesure du revenu d'un assureur, ont aussi retraité de 5 % durant cette période.

Le ratio de solvabilité (capital) de l'Industrielle Alliance se trouve pour sa part à 199 %. C'est dans le haut de la fourchette cible établie par le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF). Ce ratio, le Montant minimum permanent requis pour le capital et l'excédent (MMPRCE) exigé par le BSIF, est inférieur à celui des autres grands. Sun Life a maintenu le sien à 232 % et Manuvie à 234 %, par exemple. En temps normal, cela ne serait que détail. Sauf que la période actuelle n'a rien de normale, a rappelé le vice-président des relations avec les investisseurs de l'Industrielle Alliance, Jacques Carrière au Journal de l'assurance.

« Maintenant, les investisseurs réagissent au niveau de capital affiché par chaque assureur. Cela ne s'était jamais vu avant », a confié M. Carrière.

Les affaires en assurance vie sont aussi sous les projecteurs, mais ce n'est pas nouveau pour l'assureur. « Les marchés ont toujours beaucoup réagi à nos résultats de vente en assurance vie universelle. Toute information en ce sens a un effet immédiat sur le cours de nos actions, plus que dans le cas de Great-West, Sun Life ou Manuvie, parce que les activités de ces assureurs sont plus réparties à travers le monde », dit M. Carrière.

Comme les affaires d'assurance vie individuelle de l'Industrielle Alliance se concentrent surtout en vie universelle, la diminution des dépôts destinés à investir dans ces polices a d'ailleurs retenu l'attention (voir le dossier sur les options d'investissement en assurance vie universelle, numéro de mai 2009).

« Le quatrième trimestre a été la scène d'un fort recul des ventes dans ce que nous appelons la clientèle à valeur nette élevée », explique Jacques Carrière. Dans les faits, la partie épargne des primes versées en vie universelle a décru de 41 % en 2008, et de 56 % au quatrième trimestre seulement.

Or, les marchés financiers ont davantage grugé le bénéfice net que les ventes de primes excédentaires de vie universelle. Dans son rapport, le président et chef de la direction Yvon Charest attribue, entre autres, aux marchés financiers, le recul du bénéfice net l'an dernier par rapport à 2007. Alors que la baisse des marchés boursiers a amputé de 38,3 M$ après impôt le bénéfice attendu, la crise du crédit en a grugé 25,0 M$.

L'assureur a d'ailleurs dévalué de 14 % des papiers commerciaux non bancaires en 2008. Mais le facteur principal, précise Yvon Charest, c'est le renforcement des provisions mathématiques de 138,2 M$ après impôt.

En dépit des conditions économiques, l'Industrielle Alliance a engrangé un bénéfice net de 46,2 M$ dès le premier trimestre, pour un rendement sur l'avoir des actionnaires de 11,2 %.

La baisse des marchés boursiers, la dévaluation d'une obligation et les mauvais résultats en assurance collective ont toutefois pris leur tribut sur ce bon départ. « La situation économique a, de son côté, contribué à faire grimper les demandes de règlement en assurance collective, notamment pour la garantie d'assurance invalidité de longue durée. Cette hausse a engendré une perte d'expérience de 3,4 millions de dollars après impôts », écrit l'assureur dans ses résultats du premier trimestre de 2009.

Malgré tout, l'assureur annonce avoir obtenu des ventes nettes positives dans tous les secteurs d'activité, et une fois de plus une progression des ventes d'assurance vie individuelle dans le marché de la famille.

L'assureur a aussi profité du premier trimestre pour renforcer son ratio de solvabilité à 204 %.

La citation d'Yvon Charest dans un document sur les réflexions du président pour l'année 2009 risque par ailleurs de s'adresser davantage à ses principaux concurrents qu'à sa propre compagnie : « La crise est la première depuis la mondialisation: elle couvre toute la planète et illustre que la mondialisation, nonobstant ses effets bénéfiques, peut aussi avoir des revers. »