Rare sont les sujets d’assurance pour lesquelles les statistiques abondent autant. Problématique sociale autant qu’économique, les maladies mentales suscitent inquiétude et études chez un nombre croissant d’organismes.

Un rapport sénatorial publié en 2004 par le Gouvernement du Canadarévèle qu’à l’heure actuelle, « les maladies mentales et la toxicomanie représentent de 60 à 65 p. 100 de toutes les demandes de prestations d’invalidité chez quelques employeurs canadiens et américains ». (Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie.)

Le rapport fait état de plusieurs autres recherches. Par exemple, que le nombre des prestations d’invalidité attribuables à des maladies mentales augmente sans cesse depuis quelques années. Entre 1989 et 1994, selon la Health Insurance Association of America, les prestations de ce type ont doublé, selon l’article Dewa et al. 2004.

Au Canada, l’invalidité à court et à long terme liée à des troubles mentaux représente jusqu’à un tiers des prestations et 70 p. cent environ de l’ensemble des coûts — soit de 15 à 33 milliards de dollars par an.

La Global Business and Economic Roundtable on Addiction and Mental Health, a pour sa part révélé en 2006 que les maladies mentales (dépression, troubles anxieux et toxicomanie) sont concentrées chez les hommes et les femmes les plus aptes au travail et parmi les personnes ayant entre 15 et 24 ans.

Au Canada, 20 p. cent des heures normales de travail des employés souffrant d’une maladie mentale ou d’une toxicomanie non dépistée ne sont pas productives parce qu’elles ne sont pas travaillées. Ce pourcentage est quatre fois plus élevé que chez leurs collègues de travail (Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie de novembre 2004).

On a en outre observé qu’une proportion significative du problème que constituent les troubles mentaux provient des journées de présentéisme... On distingue ainsi les troubles mentaux des maladies physiques de type chronique. Ces dernières sont associées à des journées d’incapacité totale, tandis que les troubles psychiatriques se traduisent le plus souvent par une incapacité partielle; en fait, ces derniers ont causé 23 fois plus de journées d’incapacité partielle que de journées d’incapacité totale (Dewa et al. 2004).

En 1998, on a chiffré à 8,1 milliards de dollars environ la productivité perdue au Canada, uniquement à cause des maladies mentales. Plus récemment, on a évalué, en tenant compte de la toxicomanie, que l’économie canadienne perd quelque 33 milliards de dollars par an. Ceci correspond à 19 p. cent des profits combinés de toutes les entreprises canadiennes et à 4 p. cent de la dette nationale, selon le Comité sénatorial de 2004.

Ce sont essentiellement sur les employeurs et les employés que retombent les conséquences financières des troubles mentaux au Canada, par le truchement des dépenses de fonctionnement, des charges salariales, des diverses cotisations et des faux frais.

Quelques grandes entreprises canadiennes ont expliqué l’impact financier des troubles mentaux de leurs employés dans des déclarations présentées à l’occasion de la Global Business and Economic Roundtable on Addiction and Mental Health.

À la CIBC par exemple, c’est en moyenne 95 journées de travail sont perdues à cause des maladies mentales, contre 40 à cause d’autres types de maladie.

 

Alain Thériault