Marie Elaine Farley, PDG de la Chambre de la sécurité financière, a mis en garde le gouvernement contre toute mesure législative qui affaiblirait le rôle-conseil au détriment des épargnants.

Lors de son passage au Conseil des fonds d’investissement du Québec (CFIQ), elle a dit espérer que la révision de la Loi sur la distribution de produits et services financiers (LDPSF) échappera aux pressions dictées par des intérêts commerciaux. « Le dépôt de ce document a d’ailleurs permis à certains intérêts de sonner la charge pour mettre de l’avant leurs positions, dans le but d’influencer les décideurs. »

Pour la PDG de la Chambre la première considération qui doit servir d’assise au gouvernement du Québec dans sa démarche est celle de la protection des consommateurs dans un marché efficient. « Et non pas, comme on semble le voir dans le Rapport d’application, un marché d’abord efficient, dans lequel on souhaite que le consommateur puisse trouver son compte. »

Mme Farley ajoute que l’avenue du numérique ne peut s’emprunter au détriment du consommateur. « Les marchés doivent pouvoir optimiser leurs activités et tirer profit des développements technologiques. Mais il faut un équilibre. »

Elle s’est d’ailleurs questionnée sur la tendance à responsabiliser davantage le consommateur parce qu’il est en mesure de fondre ses décisions financières sur des renseignements qu’il peut lui-même se procurer. La PDG de la Chambre ajoute que remplacer le conseiller par la technologie affectera le bien-être des clients.

« Doit-on comprendre qu’aujourd’hui, à l’ère des applications informatiques, le rôle du conseiller n’a plus la même valeur ajoutée ? Ou malgré la plus grande complexité des produits et services financiers, que le consommateur est soudainement devenu plus averti ? Inciter la population à se priver des services des conseillers alors que l’on sait qu’elle en a besoin comme jamais auparavant, ce serait ni plus ni moins nous faire reculer collectivement. »

Aussi, la valeur ajoutée du conseiller doit-elle être préservée, poursuit Mme Farley. « Il ne faut pas perdre de vue que le consommateur ne sait pas ce qu’il ne sait pas ». La PDG de la Chambre dit aussi ne pas voir le jour où les robots-conseillers ou les centres d’appels pourront établir ce climat de confiance qui caractérise les relations clients-conseillers.

Mme Farley a aussi cité un sondage de la firme ReMark International réalisé dans 14 pays, dont le Canada. « La conclusion est sans équivoque : la très grande majorité des acheteurs d’assurance vie souhaitent bénéficier d’un conseil au moment de leur achat », dit-elle.

Le sondage notait aussi que le pourcentage d’acheteurs qui transigent sans l’intervention d’un représentant, pourcentage déjà marginal, avait diminué par rapport à celui noté au sondage de l’année précédente. Ainsi, la PDG de la Chambre croit que toute règle qui a pour conséquence de limiter l’accès au conseil aura un effet dévastateur sur l’épargne-retraite des Canadiens, et donc sur toute l’économie. Elle range dans cette catégorie l’idée d’abolir les commissions de suivi, une idée que la Chambre a décriée dans un mémoire aux Autorités canadiennes en valeurs mobilières, en 2013.

Une organisation efficace et autonome

Elle a aussi répondu aux critiques qui souhaitent voir la Chambre disparaitre au profit d’une Autorité des marchés financiers aux pouvoirs élargis. Le modèle des Chambres fonctionne, soutient Mme Farley. « Avec ce modèle, le régulateur n’a pas à consacrer son temps à contrôler centralement, à plus grands frais pour l’industrie, une multitude d’intervenants et d’opérations qui se déroulent sur tout le territoire, et qui impliquent des dizaines de milliers de professionnels certifiés. »

Elle ajoute que « pour améliorer, il ne faut pas affaiblir les organisations qui, au Québec, ont pour mission de protéger les épargnants et les investisseurs. Au contraire, il faut poser des gestes qui auront pour effet d’améliorer les structures d’encadrement. »