Il y a à peine dix ans, fonder une thérapie sur l’ADN semblait relever de la science-fiction, mais ce n’est plus le cas. Grâce en partie au séquençage du génome humain, la médecine personnalisée, qui consiste à élaborer un traitement individualisé pour chaque patient, est maintenant une réalité scientifique.

Quels en seront les impacts sur le marché de l’assurance collective ? Est-ce que la médecine personnalisée permettra d’améliorer l’adhésion au traitement, qui peut couter une fortune aux assureurs lorsque les patients ne suivent pas bien leur traitement ?

L’Université Concordia s’est penchée sur les effets de la médecine personnalisée sur les patients. Ayant montré que cette démarche « sur mesure » était efficace pour soigner le cancer, plusieurs professionnels de la santé sont impatients d’étendre son utilisation à d’autres maladies chroniques. Toutefois, les patients doivent d’abord comprendre comment cette approche peut les aider, soulignent des chercheurs de l’université montréalaise.

« Ils y adhéreront seulement s’ils disposent d’une connaissance de leur maladie et comprennent les avantages relatifs de la médecine personnalisée », affirme Lea Prevel Katsanis, professeure de marketing à l’Université Concordia et coauteure d’une nouvelle étude sur le sujet, publiée dans l’International Journal of Pharmaceutical and Healthcare Marketing. Selon elle, pour que les patients acceptent la médecine personnalisée, la communication avec leur praticien est essentielle.

Dans le cadre de cette recherche, la Pre Katsanis et sa coauteure Anja Hitz, ancienne étudiante au MBA de l’École de gestion John-Molson et actuelle chef de la conformité médicale et de la prévention à l’hôpital militaire de Hambourg, en Allemagne, ont sondé électroniquement l’opinion de 307 consommateurs. Elles en ont conclu que la connaissance et les avantages relatifs de la médecine personnalisée sont les facteurs qui influent le plus sur son acceptation par les patients.

« Mieux le patient est informé sur son traitement, plus il aura tendance à l’accepter, explique la Pre Katsanis. D’où l’importance d’éduquer les consommateurs quant aux avantages et aux risques potentiels de la médecine personnalisée. »

D’ailleurs, la compréhension des patients est un facteur clé pour amener les professionnels de la santé, les gouvernements et les compagnies d’assurance à choisir et à financer cette nouvelle approche médicale, d’autant plus que ces traitements ciblés sont souvent plus couteux que les méthodes classiques.

En médecine personnalisée, on ne donne pas le même médicament à des millions de patients, les régimes thérapeutiques étant ciblés. Mais si cette diminution de la taille des groupes de malades engendre une augmentation des coûts, la démarche peut comporter des avantages à long terme. Ainsi, l’accroissement de l’efficacité et de la prévention peuvent avoir pour effet de réduire la quantité de médicaments prescrits. De plus, la médecine personnalisée peut entraîner une diminution des couts indirects résultant de surdoses, d’ordonnances erronées et de réactions indésirables aux médicaments.

« Dans la mesure où l’on peut l’intégrer au système de soins de santé à un coût raisonnable, la médecine personnalisée représente une amélioration considérable dans le traitement des maladies chroniques », ajoute la Pre Katsanis.

Elle conseille toutefois aux responsables marketing d’agir avec prudence : « La promotion des thérapies personnalisées s’adressera de plus en plus aux patients en bonne santé qui ont une prédisposition génétique à une certaine maladie. Bien que cette tendance puisse créer de nouvelles perspectives pour les distributeurs, elle pourrait aussi les amener à cibler des patients en bonne santé qui n’ont en fait nullement besoin d’un traitement contre une maladie évolutive. Au bout du compte, ce ciblage pourrait augmenter les coûts des soins de santé et occasionner des traitements non nécessaires. »