Les payeurs des régimes collectifs prennent des mesures pour limiter la hausse constante des couts. Dans le secteur public, les gouvernements ont adopté diverses mesures pour régir le prix des médicaments génériques. Le secteur privé a mené de son côté du lobbying pour obtenir des prix équivalents pour les médicaments génériques dans les régimes privés d’assurance santé.En 2010, le cout annuel par demandeur était de 792 $ au Québec, tandis qu’il était de 743 $ pour le reste du Canada. La différence, selon Annick Gauthier, chargée de comptes chez Express Scripts Canada, est essentiellement attribuable au taux d’utilisation des médicaments génériques qui est plus faible au Québec.

D’autres facteurs expliquent la différence. La croissance du taux d’utilisation des médicaments a été supérieure au Québec entre 2006 et 2010 comparativement au reste du Canada. Au Québec, on observe aussi une inflation plus élevée qu’ailleurs du cout des honoraires du pharmacien. En 2010, le cout par ordonnance a même baissé en moyenne ailleurs au Canada, tandis qu’il augmentait de 2 % au Québec.

Autre facteur expliquant la différence : les prescriptions sont renouvelables aux 30 jours au Québec. Ailleurs au Canada, il est possible d’obtenir des médicaments de maintenance pour 90 jours. Pour un médicament comme le Synthroid (125 mg), le renouvellement trimestriel, au lieu de mensuel, permettrait à lui seul d’économiser 34,28 $, estime Annick Gauthier.

Taux d’exécution

Le taux d’exécution des génériques, qui atteignait 49 % hors-Québec en 2010, était seulement de 45 % au Québec. « Pour les clients d’Express Scripts aux États-Unis, le même taux est de 74 %, fait observer Annick Gauthier. » En conséquence, le cout total des médicaments a grimpé de 5,6 % au Québec en 2010, comparativement à 2,8 % pour le RDC.

Les législatures provinciales ont tour à tour entrepris de resserrer le prix des génériques en fonction du prix du médicament breveté. En Ontario et au Québec, les génériques seront remboursés à 25 % du prix de la molécule d’origine depuis avril 2012. En comparaison, le Québec remboursait 30 % en 2011-2012, et 45 % en 2010. En Nouvelle-Écosse et en Saskatchewan, les génériques sont payés à 35 % du prix du médicament breveté. Les autres provinces de l’Atlantique et le Manitoba seront aussi à 35 % en 2013. En Alberta, la facture passera de 45 % à 25 % en 2013, tandis qu’elle passera de 35 % en 2012 à 25 % en 2013 en Colombie-Britannique.

Des médicaments d’origine très courants ont vu leur brevet venir à échéance en 2010 (Lipitor, Nexium, Actonel), en 2011 (Aromasin, Avapro, Plavix et Singular) et 2012 (Remicade, Botox, Crestor, Advair, Symbicort). Environ 12 % des dépenses prévues en 2012 sont attribuables à des médicaments dont le brevet est déjà échu ou viendra à échéance cette année.

Selon elle, les payeurs ne peuvent dire grand chose à l’égard des choix thérapeutiques des médecins, comme dans le cas de l’hypercholestérolémie. En 2007, le Lipitor était prescrit à 61 % des patients, tandis que 23 % recevaient du Crestor. En 2010, année où le brevet du Lipitor a été échu, le médicament breveté ou son équivalent générique était toujours prescrit à 47 % des patients, mais le Crestor occupait désormais 41 % du marché des statines. « Le taux d’exécution des nouvelles ordonnances est de deux à trois plus élevé pour le Crestor que pour le Lipitor », note Mme Gauthier. Les forces de ventes des sociétés pharmaceutiques se mettent à l’œuvre et l’existence des génériques n’est donc pas traduite en économies pour les payeurs des régimes.