Le Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ) craint que l’arrivée de la Fédération des cabinets d’assurance indépendants du Québec (FCAIQ) n’amène de la confusion et qu’elle créée une division dans le courtage. C’est pourquoi le Regroupement n’appuie pas la Fédération.C’est ce qu’a indiqué Karine Beaudoin, présidente du RCCAQ, en entrevue avec le Journal de l’assurance. Auparavant, à la mi-juin, le RCCAQ avait fait parvenir une lettre de quatre pages à Robert Beauchamp, président intérimaire de la FCAIQ, lui expliquant pourquoi le Regroupement refusait d’appuyer la création de son organisme. FlashFinance.ca, une publication sœur du Journal de l’assurance, avait obtenu copie de cette lettre et en avait fait état dans son édition du 23 juin 2008.

La principale raison pour laquelle le RCCAQ refuse d’appuyer la FCAIQ vient de la confusion que risque de créer la venue du nouvel organisme dans l’esprit des courtiers et de la population.

« Si on lit bien la mission de la FCAIQ, on voit qu’elle recoupe celle du RCCAQ. Ça amènerait une confusion chez les courtiers. Ce serait la même chose pour les consommateurs. Depuis quelques années, on fait une campagne de branding avec le Bipper à l’échelle nationale. D’autres choses vont aussi venir. S’il y a un autre organisme, y aura-t-il un autre logo au niveau du consommateur? », questionne Mme Beaudoin.

Ne pas embrouiller le consommateur

La présidente du RCCAQ ajoute qu’il ne faut pas embrouiller le consommateur, qui peine déjà à s’y retrouver lorsqu’on lui parle d’assurance. « Des fois, des clients appellent des courtiers pour avoir une soumission de BélairDirect ou de Desjardins. Le courtier doit alors lui expliquer qu’il n’offre pas ce type de produit. La venue de la FCAIQ viendrait diluer le pouvoir du courtier qui doit défendre les intérêts de son cabinet », dit-elle.

Certains membres du RCCAQ ont aussi vu dans la formation du nouvel organisme une opposition à la mission du Regroupement.

« Au RCCAQ, nous supportons les cabinets toutes entreprises confondues. Nous faisons la promotion du caractère distinctif de la profession de courtier. La FCAIQ veut aussi promouvoir l’identité de ses courtiers membres. Ça nous met en opposition directe. Il aurait été préférable pour l’avenir du courtage qu’on se rallie sous un seul organisme », affirme Mme Beaudoin.

Rallier le réseau

La présidente du RCCAQ mentionne que le réseau de courtage a des difficultés à se rallier. Elle dit craindre que la création d’un nouvel organisme rende la mobilisation encore plus difficile.

« Rallier le réseau est très important. On voit qu’il y a une difficulté à mobiliser les gens. Il faut leur faire comprendre qu’on veut aller au bâton pour défendre des choses qui leur tiennent à cœur. On veut toucher leurs cordes sensibles sur certaines problématiques. Ce n’est pas en ayant deux organismes qu’on pourra le faire », dit-elle.

Mme Beaudoin donne en exemple le combat qu’a mené le réseau lors de la refonte de la Loi sur les banques. Elle ajoute que c’est un dossier qui peut refaire surface à tout moment. Elle mentionne aussi le vieillissement de la main-d’œuvre dans le courtage.

« Si on ne fait rien maintenant, ce sont les générations futures qui vont écoper de tout ça. Si on commence à créer d’autres organismes connexes, ça va être encore plus difficile par la suite de rallier les gens à une cause commune », spécifie-t-elle.

Division

En plus de la confusion, le RCCAQ craint que la venue de la FCAIQ ne divise le réseau. « Pour en avoir parlé à des courtiers, il y a un risque de créer une cassure. Si l’organisme voit le jour, on devra discuter plus abondamment avec eux pour voir quel est leur plan de match. Nous n’avons pas encore de réponse à savoir comment la FCAIQ va desservir ses membres et comment ils vont faire leur promotion auprès des consommateurs », soulève la présidente du RCCAQ.

Mme Beaudoin souligne aussi que le dossier du membership n’est pas clos au RCCAQ, même si ses membres ont jugé qu’il ne s’agissait pas d’un dossier prioritaire lors des États généraux qu’a tenus le Regroupement à l’automne.

« On voulait prendre le pouls des courtiers à ce moment. Les gens nous ont dit qu’ils préféraient qu’on travaille sur les dossiers politiques, sur la croissance des cabinets et sur la relève. Nous sommes conscients qu’il y a différents modèles d’affaires. On doit voir comment on peut rallier tout le monde », conclut-elle.

Réponse à venir

Au moment de mettre sous presse, la FCAIQ n’avait pas réagi à la lettre du RCCAQ. Robert Beauchamp a cependant confié au Journal de l’assurance qu’il entendait le faire bientôt.

« Le recrutement des courtiers va bon train, mais nous ne divulguerons pas de chiffres pour le moment. Certains assureurs ont aussi pris position favorablement à notre demande. Nous sommes en discussions avec d’autres assureurs et ils prendront une position ferme sous peu. Nous avons aussi reçu des cotisations de diverses sources », a-t-il révélé.