Pour Pierre Lortie, conseiller principal, affaires auprès du cabinet Dentons Canada, l’impact positif du conseil se joue et s’additionne dans le temps. Abolir les commissions intégrées ne lui semble pas une bonne idée.

M. Lortie a tenu ces propos lors du 11e Colloque de conformité organisé par le Conseil des fonds d’investissement du Québec le 26 avril dernier. M. Lortie est bien connu dans le monde des affaires au Québec, ayant dirigé plusieurs entreprises bien connues du Québec inc., notamment la Bourse de Montréal, Provigo et Bombardier Transport.

Pour bâtir son argumentaire, M. Lortie s’est appuyé sur des données Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO). Selon cet organisme, un investisseur ayant accès à un conseiller financier accumule un patrimoine financier 3,9 fois plus important après 15 ans qu’un investisseur qui se passe de services-conseils.

« La différence entre ceux qui sont plus riches et ceux qui sont plus pauvres à la retraite réside essentiellement dans la façon dont ils ont distribué leur épargne dans différents types de placement. Les investisseurs qui font affaire avec des conseillers financiers ont tendance à avoir un portefeuille équilibré, mais dont une partie importante est placée dans des investissements plus risqués, comme les fonds communs, qui offrent de meilleurs rendements. »

M. Lortie rappelle que 80 % des fonds communs sont acquis par l’intermédiaire d’un conseiller financier. « Une règlementation qui change la structure de rémunération des fonds communs aura un impact systémique important sur l’ensemble du secteur financier canadien », dit-il.

Et ce changement est dû à la nature économique même du conseil, qui n’est pas un bien. « Le comportement d’un client face au conseil est différent que par rapport à un bien. Quand on achète un fruit à l’épicerie, on le voit, on sait s’il est bon ou non. Les consommateurs ne sont pas prêts à payer à l’avance pour quelque chose dont ils ne connaissent pas la valeur », souligne M. Lortie.