RBC Assurances fait volteface : l’assureur vient de décider d’étendre aux clients des conseillers financiers l’offre de rabais sur une police d’assurance vie qu’il consentait sur Internet à ses clients en assurance de dommages.La décision a été annoncée au Congrès de la Canadian Association of Independent Life Brokerage Agencies (CAILBA) à Niagara-on-the-Lake par Herb Huck, le vice-président marketing spécialisé et relation avec les distributeurs.

M. Huck a précisé que RBC Assurances n'avait jamais eu comme intention de heurter le réseau des conseillers financiers par son approche sur Internet. Il n'a pas révélé comment sera accordé le rabais aux clients des conseillers, affirmant que l'assureur entend distribuer cette semaine une circulaire d'information dans le réseau qui en dévoilera les détails. Il a toutefois précisé que le rabais sera accordé aux clients dans la mesure où ils détiennent une police en assurance de dommages.

La pratique de RBC Assurances sur Internet avait été critiquée par des conseillers financiers qui en avaient dévoilé l'existence au Journal de l'assurance (voir l'édition de mars 2010). Le site Web de RBC Assurances annonce ainsi une « offre exclusive » aux clients d'assurance automobile et habitation. On leur offre un rabais de 10 % à l'achat d'une nouvelle police d'assurance vie temporaire de RBC Assurances de 10 ans ou de 20 ans. Le rabais de 10 % s'applique seulement au cout de l'assurance vie.

La mesure a été vivement critiquée dans le réseau des conseillers indépendants et des agents généraux à travers le Canada. Comme ils ne pouvaient se prévaloir de ce rabais, ils craignaient de perdre des clients au profit du réseau direct.

Michel Kirouac, vice-président et directeur général au Groupe Cloutier, a révélé au Journal de l'assurance qu'il avait explicitement affiché son mécontentement à RBC Assurances. « L'offre n'avait aucun bon sens. Elle privilégiait le réseau direct au détriment du courtage. » Ainsi, dit-il, un assuré achetant une police de 10 ans dont la prime annuelle est de 50 000 $ se serait senti lésé par son conseiller en découvrant que cette même police lui revenait à 45 000 $ sur Internet grâce au rabais. L'affront était pire lorsqu'on additionne les rabais annuels sur la durée de vie du contrat. La réputation même du conseiller face à son client aurait été entachée à jamais. Cette approche aurait aussi entrainé une série de résiliation de contrats d'assurance et de remboursements de commissions.

Dans ses échanges avec l'assureur, M. Kirouac a reçu comme argument que l'offre de RBC visait un marché différent, celui du temporaire. « Cette avenue ne tenait pas puisque ces temporaires avaient aussi une clause de transformation en assurance permanente. »

Heureux du dénouement, M. Kirouac croit que RBC Assurances a involontairement sous-évalué l'impact de son offre sur le réseau des conseillers financiers et des agents généraux.

Le Journal de l'assurance a aussi joint le président de CAILBA, Peter Lamarche, pour avoir ses commentaires à la suite de l'annonce de RBC. Il s'est dit satisfait et peu surpris de la décision rapide de RBC, qu'il considère proactive. Il a ajouté que son organisme n'avait pas fait pression sur l'assureur pour qu'il prenne cette décision.

Quand les clients des conseillers financiers pourront-ils se prévaloir du rabais? Quelles démarches les conseillers devront-ils suivre pour réclamer le rabais au nom de leurs clients? Le Journal de l'assurance a contacté RBC pour avoir réponse à ces questions. Toutefois, au moment de mettre sous presse, RBC n'avait pas donné suite à notre demande.