Une offensive se prépare dans le courtage pour demander aux assureurs d’augmenter la rémunération des courtiers. Le Regroupement des cabinets de courtage d’assurance du Québec (RCCAQ) mènera des pressions à cet égard au cours des prochains mois, conjointement avec les bannières présentes au Québec, a appris le Journal de l’assurance.Une première offensive devrait se faire sous peu pour demander aux assureurs d’intégrer la facturation d’honoraires pour le courtier à même la facture qu’envoie l’assureur aux clients, ont confirmé plusieurs dirigeants de bannières au Journal de l’assurance. Actuellement, seuls Aviva Canada, L’Unique Assurances générales et Intact Assurance (seulement en assurance des entreprises) offrent une telle possibilité. RSA Canada compte le permettre bientôt.

Une deuxième offensive viserait ensuite à demander aux assureurs d’augmenter le taux de commissionnement des courtiers, ont ajouté quelques dirigeants de bannière. Le RCCAQ n’a toutefois pas voulu confirmer ces informations au Journal de l’assurance.

Pierre Boisvert, président d’AssurExperts, dit avoir proposé au RCCAQ et aux autres bannières de faire pression sur les assureurs pour changer le commissionnement. « La dynamique a changé. Les assureurs ont envoyé plus de travail du côté des courtiers. C’est correct, mais l’argent doit suivre. Il y a un déséquilibre en ce moment. Je pense qu’on sera capable d’amener les assureurs à améliorer le commissionnement », a-t-il confié au Journal de l’assurance.

Il se dit aussi persuadé que les assureurs accepteront de demander des honoraires à même leur facturation, pour ensuite les transférer aux courtiers. « Les courtiers ont plus de difficultés financières qu’il y a 20 ans. Depuis deux ans, nous voyons des propriétaires de cabinets nous demander de retarder un paiement de trois jours… Et ce n’est pas de la mauvaise volonté! C’est un manque d’argent! Les salaires et les couts augmentent alors que les primes diminuent. L’équation ne marche pas. Certains courtiers sont en situation de quasi-pauvreté », dit M. Boisvert.

Alain Du Sault, président de la bannière Intergroupe, dit aussi que les couts pour les courtiers sont de plus en plus élevés. « Le taux de commissionnement n’a pas bougé depuis 20 ans. C’est comme dire à ses employés qu’ils vont garder le même salaire pendant 20 ans. Avec ce que nous demanderons aux assureurs, ça donnera aux courtiers une avenue pour exiger des frais et profiter d’un système de prélèvement. D’ailleurs, 60 % à 70 % des primes collectées par les assureurs se font par perception automatique », dit-il.

Facturer des frais peut être agaçant pour un client qui se le fait demander par son courtier, surtout en assurance des entreprises, où le tout peut atteindre 600 $ à 700 $. « L’intégrer dans le système des assureurs facilitera la chose », croit-il.

En tant que président de bannière, Mario D’Avirro, de CourtiersNet, pousse fort auprès des assureurs pour qu’ils augmentent leur taux de commissionnement, mais sans succès. « Les assureurs sont de plus en plus restrictifs. Ils ne veulent pas non plus entendre parler de surcommissionnement. Les contingences ne s’améliorent donc pas. Je suis content que le RCCAQ s’y lance. Le Regroupement était réticent à le faire dans le passé, mais il ne faut pas oublier que le RCCAQ a autrefois vu le jour à cause de cet enjeu. Les assureurs sont de plus en plus gros, alors ça crée un déséquilibre relativement à nos plus petites organisations », dit-il.

Pour Louis Bois, président de Réseau Courtiers Unis, le sujet du commissionnement dans le courtage a toujours été un sujet chaud. Il rappelle qu’il y a eu des périodes où les assureurs voulaient réduire les commissions.

« Ce sont des baisses de primes et de partage des bénéfices que nous vivons, car les objectifs établis par les assureurs sont difficilement atteignables pour certains cabinets. L’indice de rétention d’affaires imposé par les assureurs rend difficile l’atteinte de ces objectifs. Ça amène des baisses de revenus. L’alignement planétaire est plus difficile à atteindre pour que le courtier soit rentable », dit-il. Lors de son dernier congrès, Courtiers Unis a adopté une résolution pour que soit augmenté le taux de commissionnement. La résolution originale a été adoptée à l’unanimité par les membres de la bannière, avec quelques amendements, relate M. Bois.

Il dit voir d’un bon œil la démarche amorcée par le RCCAQ et les bannières. « Ça entre dans leur mandat. Le Regroupement a toujours été très raisonnable dans ses demandes. Le RCCAQ est un syndicat d’affaires très courtois et très respectueux, ce qui doit demeurer », dit-il.

Michel Duciaume, président d’Assurancia, croit aussi que les commissions doivent être revues à la hausse dans le courtage. « Les assureurs nous ont transmis des tâches à l’interne. Nous avons des autorités et des délégations que nous n’avions pas avant. Nous faisons des choses que les souscripteurs faisaient avant. Il faudra donc réviser le tout », dit-il.

Il note aussi que les courtiers ont une pression supplémentaire pour performer, vu que certaines commissions de contingence y sont liées. « Les courtiers devraient avoir une marge pour investir dans leur cabinet. Pour changer, il faudra plus de parts de marché. Les assureurs doivent aider leur réseau », dit-il.

Yannick Jetté, président du Groupe Jetté, mentionne qu’il y a une pression importante sur les bénéfices dans le courtage en ce moment. « Nos revenus sont en lien avec les primes. En automobile, elles sont encore en baisse. Pour le même travail, nos revenus diminuent. Il faut pourtant être en mesure d’investir pour aller chercher des clients. Nous devons trouver des façons de rentabiliser nos entreprises. Ça explique en partie la consolidation qui a cours dans le courtage. Ça fait partie de nos projets, comme bannière, d’aider nos cabinets à être plus efficaces », dit-il.

Il ne cache pas que ce serait salutaire si les assureurs généralisaient l’intégration des honoraires professionnels des courtiers dans leur facturation. « Les assureurs mettent plus d’éléments de performance dans leurs critères. Il est difficile d’obtenir les résultats du passé. Les PME sont des moteurs importants de l’économie provinciale et les courtiers en sont des rouages importants », dit M. Jetté.

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