La plupart des réassureurs ont connu un recul important de leurs revenus et de leurs bénéfices au Canada en 2008. Malgré ces reculs engendrés par la volatilité des marchés financiers, les nouvelles affaires de réassurance vie ont augmenté au Canada l'an passé.Plusieurs des réassureurs actifs au Canada ont vu leur bénéfice net reculer en 2008 par rapport à 2007. Les résultats liés aux bénéfices montrent toutefois une volatilité extrême d'un réassureur à l'autre.

Alors que Suisse Re a essuyé un recul de 29,0% de son bénéfice net en 2008 par rapport à 2007, avec 42,1M$, Munich Re affiche une croissance de 1229,3% de son bénéfice net en 2008 par rapport à 2007, avec 143,274M$. Autre écart entre 2007 et 2008 : General Re a porté son bénéfice net à 1,9M$, pour une hausse de 567,9%. Optimum Re affiche une croissance de son bénéfice net en 2008, soit 16,6% par rapport à 2007, avec 7,4M$.

Outre trois joueurs marginaux, les réassureurs ont aussi vu leurs revenus reculer dans l'ensemble. C'est Suisse Re qui a connu le plus important recul de ses revenus, soit 72,6% entre 2008 et 2007. Plus gros joueurs du marché canadien en termes de nouvelles ventes (voir extra), RGA Canada a aussi essuyé une baisse de ses revenus en 2008, par rapport à 2007, soit de 48,0%. Le plus gros joueur du marché en termes d'affaires en vigueur, Munich Re, a pour sa part connu un recul de ses revenus de 31,7% en 2008 par rapport à 2007. Pour sa part, SCOR Global Life a fait bonne figure en augmentant ses revenus de 11,5%.

Très volatils en 2008, les revenus de placements sont venus brouiller les cartes. Pour cette raison, les revenus totaux seraient une donnée financière à prendre avec un grain de sel au moment d'évaluer la performance des réassureurs, croit la vice-présidente principale et actuaire en chef de RGA, Micheline Dionne.

Depuis janvier 2007, la plupart des revenus de placements sont calculés en utilisant la juste valeur marchande aux fins du bilan et cette valeur fluctue en fonction de la volatilité des taux d'intérêts et de la prime de risque du crédit, a indiqué Mme Dionne. « Dans un tel environnement, dit-elle, les revenus de placements peuvent être négatifs. »

Mme Dionne ajoute que cette volatilité est habituellement contrebalancée en partie par la variation des provisions techniques. Or entre 2007 et 2008, les revenus de placements de RGA Canada ont baissé de 119M$, mais la variation des provisions techniques a aussi baissé, soit de 131M$. « Les revenus ne peuvent plus être regardés séparément des indemnités (prestations versées) et des dépenses. Ce qui peut encore être regardé séparément, c'est le revenu net de primes », explique Mme Dionne. En 2008, les primes brutes de RGA ont augmenté de 6%. Les primes nettes de rétrocession (partie cédée à une autre partie) ont pour leur par diminué de 9% en 2008 par rapport à 2007.

Exceptions

L'année 2008 n'a pas été difficile pour tous les réassureurs, poursuit Mme Dionne. Pour sa part, RGA Canada a eu une bonne année, les ventes n'ont jamais été aussi fortes et l'expérience de mortalité a été bonne, a-t-elle indiqué.

« La crise financière n'a pas affecté indument nos actifs étant donné le conservatisme de notre politique de placement (90% de nos actifs investis sont des obligations gouvernementales) ; à mesure que les primes de risque se sont élargies, les valeurs de nos actifs a baissé, mais nous n'avons pas eu à reconnaître de pertes permanentes importantes, et nous n'avions aucune exposition au marché boursier », a expliqué l'actuaire en chef.

À la fin de l'année 2008, RGA a ainsi pu déclarer un bénéfice net de 10,5 M$ comparativement à 13,1 M$ l'année précédente. Un bon résultat, estime Mme Dionne, parce qu'avec une croissance des ventes de 8%, RGA a dû absorber un drain additionnel relié aux nouvelles affaires. (NDLR : une hausse des ventes amène aussi une hausse des dépenses d'exploitation qui draine une partie des profits.)

Spécialiste

Joueur de spécialité, Optimum Re estime aussi s'être bien tiré d'affaire. « Un bénéfice net de plus de 7 M$, c'est pour nous une année record », a déclaré le vice-président principal au développement des affaires chez Optimum, André Gaudreault. Le rendement sur l'avoir a pour sa part atteint 15,4% en 2008.

Concentré à 60% en assurance vie individuelle, 30% en assurance collective et 10% en assurance maladies graves individuelles, Optimum a développé certains marchés spécialisés. Le réassureur montréalais a fait une de ses niches principales de l'assurance santé pour les assurés qui doivent se rendre hors du Canada. Il prend aussi l'excédent des risques des régimes d'assurance collective en cas de grosse réclamation.

M. Gaudreault observe une grande vigueur du marché de l'assurance vie individuelle au Canada malgré la crise financière, ce qui amène à la réassurance vie au Canada des occasions de croissance. En assurance collective, M. Gaudreault s'attendait à un recul, mais ce n'est pas le cas. « Ce marché aurait dû être affecté par les mises à pied, la stagnation des salaires et des conditions économiques qui poussent les employeurs à réduire les avantages sociaux. Nous avions aussi parlé avec nos clients du fait que la crise financière pouvait peut-être amener plus de réclamations. Tout le monde craignait un impact négatif de ces facteurs mais, à ce jour, cela ne se concrétise pas », observe-t-il.

En 2009, Optimum veut poursuivre sur sa lancée en appliquant « une stratégie agressive de développement ciblé », a révélé André Gaudreault. L'accent sera mis sur des partenariats et des cibles avec un bon potentiel de rentabilité.