Standard Life Canada ne vend plus de produits d’assurance vie individuelle, ni de maladies graves. L’assureur compte plutôt mettre l’accent sur les segments qui lui permettront de maintenir une croissance soutenable.« Ce changement nous permettra d’accélérer notre croissance dans les trois segments où nous sommes les plus compétitifs », a dit son PDG Joseph Iannicelli, dans un avis distribué le 29 novembre. Ces segments clés sont les fonds d’investissement individuels, les régimes de retraite à cotisations déterminées et la gestion en invalidité et en garanties collectives.

Dans un message à son réseau, M. Iannicelli a assuré le maintien du même degré de service envers les distributeurs et les titulaires de polices. « Nous posséderons encore ces blocs d’affaires après le 1er janvier 2012 et notre effectif en assumera le service. Nous offrirons la possibilité d’augmenter ou ajouter des couvertures à une police en vigueur ou de la transformer. Nous effectuerons comme avant la transformation d’assurance collective en assurance individuelle. »

Ce sont 21 postes qui sont éliminés dans la foulée de cette décision, la plupart au siège social de Montréal, a affirmé en entrevue au Journal de l’assurance, Sylvain Messier, vice-président stratégie et développement de Standard Life. Trois de ces postes étaient vacants, ce qui fait que 18 personnes devront se trouver un nouvel emploi. L’assureur garde plus de 60 employés pour maintenir le service au portefeuille d’assurance individuelle, a ajouté M. Messier.

Standard Life motive entre autres ce retrait par les faibles ventes qu’il a réalisées en assurance individuelle, après avoir monté ses prix de vie universelle en 2005. Fin 2010, les ventes de vie individuelle comptaient pour seulement 1,4 % des nouvelles affaires de l’assureur et 3,5 % de ses primes en vigueur.
M. Messier révèle que la décision de cesser la vente des produits d’assurance vie individuelles reflète aussi la stratégie des dernières années de se concentrer sur les produits qui requièrent moins de réserves de capitaux.

Pas à vendre
En entrevue au Journal de l’assurance, M. Iannicelli a affirmé que son bloc d’affaires en force en assurance vie individuelle n’était pas à vendre, même si Standard Life cesse les ventes. « Nous sommes dédiés à servir nos 202 000 polices. C’est un portefeuille mature, alors, nous en retirons des profits. Le problème était vraiment lié aux nouvelles affaires, vu le capital à maintenir et aussi parce que ça ne représentait que 2 % de nos revenus. »

M. Iannicelli ajoute que quitter ce marché est un pas de plus pour faire de Standard Life une compagnie d’investissement et d’épargne-retraite. « Dans ce contexte, l’assurance vie individuelle ne convient pas à cette stratégie. De plus, ce marché ne générait pas des retours acceptables pour nous ou notre conseil d’administration. C’est pourquoi nous avons cessé d’en vendre », dit-il.

Il dit aussi avoir repoussé l’inévitable lorsque Standard Life a décidé de se repositionner dans le marché de l’assurance vie individuelle en 2005. « À cette époque, nous pensions qu’il était mieux d’avoir ces produits dans notre offre, mais on ne cherchait pas la croissance. »

M. Iannicelli affirme que les conditions actuelles du marché, dont les bas taux d’intérêt, n’ont pas pesé sur sa décision. Elle tient plus du plan stratégique que Standard Life s’est donné pour la période 2012-2016. Il comprend neuf initiatives de croissance et aucune d’entre elles n’est liée à l’assurance vie, dit-il. Quitter le marché individuel vise donc à nettoyer le portfolio de Standard Life avant la mise en place de ce plan.

Les agents généraux peu surpris
Le Journal de l’assurance a approché quelques agents généraux, qui se sont dit peu surpris par cette décision. Ils ont rappelé que les affaires de l’assureur avaient beaucoup diminué dans ce marché après qu’il ait augmenté ses prix il y a plusieurs années. La compagnie connaitra encore de forts résultats dans ses ventes de produits d’investissement auprès des conseillers, croient-ils.

Toutefois, John Hamilton, PDG du Groupe financier Horizons, s’est dit déçu de cette décision. « Ce n’est jamais agréable de perdre un fournisseur, qui en plus est un nom connu. »

Il ajoute qu’Horizons était le principal agent général de Standard Life et qu’il y détient un bloc d’affaires significatif. Il ajoute que cette décision inquiète les conseillers.

« On s’en fait pour nos clients. Même si Standard Life nous assure que les clients vont conserver leurs termes de conversions, on se demande ce qui va arriver de la gamme de produits avec le temps. À quel point sera-t-il compétitif? Vont-ils vendre ce bloc d’affaires? »

Standard Life a fait savoir au Journal de l’assurance qu’elle continuera à offrir des options de conversions compétitives. Toutefois, il ne sera plus possible d’ajouter un avenant d’assurance maladies graves aux polices d’assurance vie.

M. Hamilton dit croire que la décision n’aura pas d’impact majeur pour le conseiller indépendant, vu le choix qu’ils ont sur le marché. « C’est néanmoins un signe des temps auxquels nous devons faire face », dit-il.