Pour être plus efficace en technologie, les courtiers n'auront pas le choix : ils devront s'unir pour enfin avoir une solution répondant à leurs besoins. La solution du système unique est d'ailleurs revenue lors des discussions, les courtiers présents croyant qu'une telle solution leur permettrait de faire des gains importants en termes d'efficacité.« Nous ne sommes pas les seuls dans le monde à avoir subi une perte de parts de marché en assurance des particuliers. En Hollande, il y a dix ans, ils ont vécu une perte importante, comparable à celle que l'on vit aujourd'hui, relate Serge Lyras. Les courtiers hollandais se sont assis ensemble, mais comme ils étaient indépendants, ils avaient de la difficulté à avoir un projet commun. Ils avaient un problème technologique et se sont donné un outil informatique, comme le RCCAQ a voulu le faire ici. La technologie ne vend pas de police d'assurance, mais elle permet d'être efficient. Les courtiers hollandais ont donc beaucoup gagné en performance et ont remonté la pente. »
Les courtiers qui concentrent actuellement ne le font pas par choix, dit M. Lyras. « Ils n'ont pas de systèmes informatiques qui leur permettent de communiquer avec plusieurs assureurs. On ne peut pas avoir plusieurs systèmes. Ça n'a aucun bon sens. Si les courtiers se donnaient un système unique, ça les aiderait et leur donnerait de l'efficience », dit-il.

Europe
M. Lyras ajoute que les courtiers peuvent aussi se regrouper sur le Web. « En Allemagne et en Angleterre, environ 50 % des transactions en assurance des particuliers se font sur le Web. C'est toutefois très couteux pour un cabinet de se lancer sur le Web. Il faudrait donc se regrouper entre courtiers, mais que ce soit une solution qui n'inclut pas les assureurs, pour ne pas avoir une dépendance envers eux pour ce type de projets, comme on l'a vu dans le passé », dit-il.
Selon M. Lyras, les courtiers ont essayé les solutions des assureurs car ils n'ont pas eu le choix. « La vision est extrêmement importante. C'était d'ailleurs l'élément qui a rassemblé les courtiers fondateurs du Groupe Ultima. Leur vision à long terme a été l'informatique et ils ont un outil en ce moment, qui n'est malheureusement pas une solution d'industrie », dit-il.
Par ailleurs, M. Lyras croit qu'il est essentiel que les courtiers se dotent d'un portail unique pour que les courtiers puissent reprendre une partie de l'ascendant qu'ils avaient en assurance de dommages. « Le constat doit être immédiat et entraîner des actions immédiates. C'est la voie de l'avenir. On doit s'allier ensemble. C'est incontournable », dit-il. Il dit aussi trouver dommage que le projet de Centrale RCCAQ se soit soldé par un échec.

Projet de courtier
Pour Robert Beauchamp, la Centrale RCCAQ était une initiative importante et cruciale. « Malheureusement, nous n'y avons connu que des échecs. La seule façon pour que ça marche, c'est quand un projet de courtiers va être mis sur la table. Les assureurs doivent être des collaborateurs et non des décideurs dans ce type de projet », dit-il.
Pour Robert Bournival, la Centrale RCCAQ aurait pu être un outil utile pour les courtiers de revenir en assurance des particuliers. « C'est ce que j'ai compris quand j'ai vu la déception de plusieurs courtiers à la suite de l'abandon de la Centrale. De plus, la Centrale était un moyen de survivre pour tous les courtiers et non seulement ceux qui sont indépendants. Elle leur aurait permis de retrouver une partie de leur indépendance », dit-il.
Selon Louis-Thomas Labbé, la lourdeur informatique du réseau IARD est un handicap pour les courtiers. « Certains secteurs sont vraiment en avance sur nous et font des choses impressionnantes. Pour le moment, on se doit d'adopter des stratégies de segment. Concentrer en assurance des particuliers peut être un gage d'efficacité en assurance des particuliers. Toutefois, tu te dois de te garder quelques portes ouvertes pour offrir un choix au consommateur. Il y a encore des clients qui nous reviennent pour avoir un contact humain et pour avoir de l'aide dans leur réclamation », dit-il.

Espoir
Pat Durepos dit fonder beaucoup d'espoir sur le projet de transmission des données en temps réel de l'Association des courtiers d'assurance du Canada (ACAC). D'ailleurs, il dit ne pas voir de raisons pour lesquelles ce projet échouerait comme les autres, puisqu'il a l'appui de cinq firmes technologiques et que plusieurs assureurs l'ont endossé.
« C'est l'affaire la plus importante aujourd'hui, car elle est contrôlée par les courtiers. Ce n'était pas le cas des autres projets. Le Portail du Centre d'étude de la pratique en assurance (CEPA) a fini par couter plus de 15 M $. Les courtiers doivent supporter le projet de l'ACAC avec la même agressivité qu'ils ont eue pour combattre l'entrée des banques en assurance. Comme courtier et comme homme d'affaires en technologie, j'ai beaucoup d'optimisme. Le projet a l'appui de l'ACAC et des onze regroupements provinciaux. L'ACAC établira les normes et poussera le CEPA à mesurer le projet, tout en en conservant son contrôle », dit-il.
Pour sa part, Connie Ciccarello a préféré mettre en place elle-même des solutions dans son cabinet, plutôt que de subir une troisième déception. « Je suis prête à appuyer toute initiative, mais je ne suis pas prête à attendre une autre solution miracle qui va régler tous les problèmes. Le consommateur évolue pendant ce temps et veut un service rapide. Il faut aussi comprendre ce que le consommateur veut. Il faut donc être capable de lui répondre de façon à le servir. C'est important. Il faut réévaluer les façons dont on l'approche et se rapprocher de lui, car la vie de ce nouveau consommateur est dur à saisir », dit-elle.