Le géant mondial de la télématique, Octo Telematics, s’est lancé sur ce marché au Canada, qui présente un potentiel de croissance extraordinaire. C’est ce qu’a affirmé Nino Tarantino, PDG de sa filiale nord-américaine établie à Boston, en entrevue au Journal de l’assurance.Octo entre dans le marché canadien avec la signature d’un client de renom. L’entreprise fournira les appareils de télématique des programmes d’Intact Assurance et de belairdirect, deux filiales d’Intact Corporation financière.

« Le marché canadien est très intéressant et très chaud en ce moment en ce qui a trait à la télématique. Il y a un intérêt des assureurs. Depuis que nous avons annoncé notre arrivée au Canada, j’ai déjà reçu trois appels d’assureurs voulant en savoir plus sur nos produits. Ils souhaitent revoir la tarification de leurs produits et ensuite, mieux segmenter leurs affaires », dit-il.

Octo a vu le jour en 2002, en Italie, avec l’intention de développer des solutions de télématique pour les compagnies d’assurance. Deux ans plus tard, l’entreprise lançait son premier produit, destiné à contrer le vol auto. Depuis, son offre a évolué : l’entreprise est présente dans 20 pays et traite avec 60 assureurs.

Plus de deux-millions de personnes utilisent les solutions de télématique d’Octo, qui équipent plus de 3,3 millions de véhicules. L’entreprise traite ainsi pas moins de 72 000 entrées de données à la minute. Octo a la plus grande base de données en assurance automobile à travers le monde, dit M. Tarantino. Il estime par ailleurs de 30 % à 35 % le taux de pénétration de ses programmes de télématique au sein de la clientèle de ses compagnies d’assurance clientes.

Avant de percer le marché canadien, Octo a développé ses activités aux États-Unis. Elle y fait affaire avec sept assureurs, dont le géant Nationwide. Elle s’est établie à Montréal en formant une coentreprise avec la filiale canadienne du fournisseur technologique américain Directed, qui se spécialise dans les systèmes d’alarme pour voitures et qui a pignon sur rue à Lachine, sur l’ile de Montréal.

M. Tarntino souligne que son offre au Canada a été relativement plus facile à développer qu’ailleurs dans le monde, vu que la fabrication de voitures y est plus standardisée. Il souligne aussi que l’arrivée des programmes Mobiliz, de l’Industrielle Alliance, Assurance auto et habitation, ainsi que d’Ajusto, de Desjardins Assurances, a éveillé l’intérêt des assureurs canadiens.

« Ils veulent voir comment se positionner dans ce marché. Le marché canadien est unique en soi. Les consommateurs et les assureurs sont plus sensibilisés à la tarification. Les assureurs doivent donc être en mesure de répondre rapidement aux demandes des clients », dit M. Tarantino.

Il affirme qu’Octo est capable de s’ajuster aux besoins de ses clients. Certains assureurs préfèreront qu’un dispositif soit toujours à l’intérieur du véhicule pour mesurer la conduite du conducteur, alors que d’autres voudront mesurer le tout pendant un certain temps seulement.

« Les assureurs qui le voudront pourront d’ailleurs savoir quand un accident survient, et ainsi contacter rapidement leurs clients pour leur offrir du soutien en vue de la réclamation », dit-il.

Il prend d’ailleurs en exemple le cas d’Intact. Au Québec, l’assureur collecte les données pendant quelques mois pour établir le rabais de son assuré. En Ontario, le dispositif y demeure en tout temps.

« La différence d'approche s'explique principalement par le fait que la prime moyenne d'assurance automobile au Québec est de loin inférieure à celle des autres provinces. La prime moyenne pour l'Ontario, pour l'ensemble de l'industrie, est plus de deux fois plus élevée qu'au Québec. Par conséquent, le coût relatif du programme, si on prend en compte l’acquisition du dispositif et les frais de télécommunications associés au système, par rapport aux primes versées est beaucoup plus élevé. C'est la raison pour laquelle, après analyse des couts et bénéfices, nous avons décidé que le dispositif ne serait en place que pour une période de six mois au Québec », a expliqué Gilles Gratton, vice-président aux communications d’Intact Corporation financière.

Octo regarde aussi du côté de l’habitation pour y développer des solutions de télématique. « Nous n’avons pas encore de produit dans ce segment. Toutefois, l’un de nos partenaires y travaille. Nous envisageons plusieurs avenues, et pas uniquement pour des systèmes d’alarme. On peut mesurer les fuites d’eau dans une maison ou tout autre dégât causé par l’eau, ou encore les dommages causés par une panne d’électricité. Il y a plein de possibilités », dit M. Tarantino.