Au départ de la polémique, il y a la publication par l'Ontario Trial Lawyers Association (OTLA) d’une étude sur les sociétés d'assurance automobile qui dénonce les tarifs excessifs pratiqués dans la province, et qui conclut sur la nécessité d’une réforme immédiate.

photo_web_118Menée par les professeurs Fred Lazar et Eli Prisman de la Schulich School of Business de Toronto, l’étude révèle par exemple que pour la seule année 2013, les consommateurs auraient payé près de 840 millions de dollars (M$) en trop. Pour la période allant de 2001 à 2013, ce chiffre se situerait même entre 3 et 4 milliards de dollars (G$)!

« Il appartient maintenant au gouvernement de faire ce qu’il faut pour mettre en œuvre le plafonnement des bénéfices des sociétés d’assurance automobile, et de s’assurer que les économies réalisées seront répercutées sur les prix pratiqués », déclare ainsi Steve Rastin, président de OTLA.

Cependant, pour le Bureau d’assurance du Canada (BAC), les auteurs de l’étude parviennent à des conclusions complètement trompeuses car ils excluraient un tiers des acteurs de l'industrie.

« De nombreuses réformes sont en cours en Ontario dans le but de réduire le coût de l'assurance automobile, affirme pour sa part Ralph Palumbo, vice-président du BAC en Ontario. Si des lobbyistes et des avocats bien nantis veulent savoir qui fait grimper les coûts d'assurance, ils doivent se regarder dans un miroir. En appliquant des honoraires exorbitants, les avocats spécialisés dans les dommages corporels mettent la justice hors de portée pour de trop nombreux Ontariens », dénonce-t-il.

Selon le BAC, les honoraires de certains avocats spécialisés dans les dommages corporels représenteraient en effet jusqu’à 40% de la somme obtenue par des victimes d’accidents de la route. Et bien que de nombreux avocats chargent moins (entre un quart et un tiers des sommes perçues), les assureurs comme les automobilistes seraient d'accord sur le fait que les honoraires des avocats sont tout simplement trop élevés, et qu’ils ont un impact significatif sur le coût de l'assurance automobile.

Pour l’Association des courtiers en assurance de l’Ontario (IBAO), ce rapport n’explique pas pourquoi les taux d'assurance automobile sont si élevés en Ontario, à savoir la fraude et les abus en tout genre. Par la voix de son président, Michael Brattman, l’IBAO dénonce également la méthodologie « contestable » et les « conclusions erronées » de l’OTLA.

Et comme le BAC, l’IBAO souligne le fait que l’OTLA a écarté de son examen le tiers des compagnies d'assurance, celles qui perdaient de l'argent au moment de l’étude. Pour cette seule raison, ce rapport ne peut donc pas être pris au sérieux, selon l’IBAO.