Savoir si un bateau de plaisance a subi un sinistre n’est pas chose aisée au Québec. Divers intervenants de ce secteur souhaitent voir la création d’un registre qui leur permettrait de mieux comprendre le risque auquel ils font face.

Ce registre résoudrait aussi plusieurs autres problèmes, disent-ils. Notamment face au vol de bateaux et de l’identification des clients plus à risque. En ce moment, assureurs grossistes et courtiers nagent pratiquement à l’aveugle sur ces points. Ceux-ci auraient en main une base des données des bateaux assurés.

Rola Nasser, directrice des opérations et développement des affaires de Pacific Marine, croit aux vertus du registre des réclamations. En entrevue au Journal de l’assurance, elle souligne que l’assurance des bateaux de plaisance demeure un produit méconnu. Elle tente de faire avancer l’idée du registre.

Comme assurer son bateau de plaisance n’est pas obligatoire au Québec, obtenir des données liées aux réclamations est d’autant plus difficile, souligne Pierre Duchesne, coordonnateur en assurance des particuliers, à La Capitale assurances générales. « On n’a pas de chiffres précis quant aux nombres de bateaux assurés dans la province. Ce n’est pas comme l’assurance automobile avec l’immatriculation et la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ). »

La directrice de la division québécoise de Premier Canada Assurance, Shirley Gauthier, ajoute que bien que l’assurance de bateau soit importante, c’est une assurance reliée avant tout au plaisir. « Il faut rappeler que l’on profite de nos embarcations pour une courte durée au Québec. L’assurance devient alors un investissement pour peu d’heures de navigations. »

Base des bateaux volés

La directrice d’April Marine Canada, Marie-Eve Paquette, croit que les registres seraient une option envisageable. « Ce serait intéressant de l’avoir. De notre côté, nous avons plutôt ressenti le besoin d’avoir une base de données des bateaux volés au Québec. Ça éviterait que les bateaux soient revendus par la suite et assurés de nouveau. Cela arrive malheureusement trop souvent », déplore-t-elle. Le grossiste en avait d’ailleurs lancé l’idée au printemps 2015, dans les pages du Journal de l’assurance.

Selon la directrice de la souscription chez GroupAssur Marine, Anabela Ponte, un registre serait d’autant plus pertinent pour protéger les assureurs contre les bateaux volés. « Nous n’avons pas de registre de numéros de série comme en assurance automobile. Si le client rapporte un vol, on doit se fier à sa bonne foi à savoir s’il dit la vérité. Il serait bien de pouvoir avoir accès aux informations du client via son numéro de permis. En voyant les sinistres qui lui sont reliés, s’il y a lieu, on pourrait ajuster les primes. »

Rola Nasser est du même avis. Pour Pacific Marine, la création d’un registre ne permettrait pas seulement de connaitre le nombre d’assurés au Québec. Il permettrait aussi d’identifier les types de réclamations et de se protéger des clients à risque élevé.

« À long terme, un tel registre nous permettrait d’identifier les types de réclamation. Nous pourrons cibler les clients qui ont tendance à en faire. Le risque élevé avec ces clients serait mieux identifié. Nous pourrions essayer de créer un standard un peu comme l’assurance automobile. Ça nous aiderait dans la tarification des primes. » Elle invite d’ailleurs les assureurs, les grossistes et le gouvernement à travailler ensemble à la création de ce registre.

Formation supplémentaire recommandée

Plusieurs assureurs requièrent que les conseillers et les courtiers aient une bonne connaissance de l’assurance bateau. Quitte à offrir de la formation supplémentaire.

« À La Capitale, nous avons des équipes dédiées à l’assurance bateau. Lors des grosses périodes, nous avons des gens qui ne s’occupent que de ça. Il faut des connaissances particulières », affirme Pierre Duchesne.

En tant que grossiste, April Marine fait affaire avec des courtiers et compte sur eux pour donner de la bonne information aux clients. « Ce ne sont pas tous les courtiers qui ont des connaissances en bateau. Alors on partage de l’information par le biais d’infolettres et sur notre site Web », explique Marie-Eve Paquette. La directrice ajoute qu’il est primordial de bien conseiller les clients.

Premier Canada Assurance organise des séminaires gratuits pour les courtiers un peu partout au Québec. « La formation n’est pas nécessairement sur nos produits, mais sur l’assurance de bateaux en général. Nous voulons aider les courtiers à bien connaitre les types de bateaux, pour qu’ils puissent poser les bonnes questions à leurs clients. Nous présentons aussi les différents types de couvertures générales qui existent pour ce type d’assurance », explique Shirley Gauthier.

Pacific Marine offre un cours de formation qui explique aux courtiers les types de sinistres, les types de bateaux, ainsi que les particularités des couvertures. « C’est important de renseigner les courtiers sur la responsabilité civile. Par exemple, si un bateau a un renversement d’huile, la marina peut être contaminée au complet. Ce genre de sinistre ne sera pas couvert par l’assurance habitation. Ça peut arriver à n’importe qui », dit Rola Nasser.

L’importance d’une protection en responsabilité civile

Il est possible d’inclure son bateau dans son assurance habitation, mais ce type d’assurance ne comprend pas nécessairement la responsabilité civile en cas de dommages. De plus en plus de grossistes et d’assureurs offrent donc une assurance conçue spécifiquement pour les embarcations de toutes tailles.

« Il est important d’avoir une responsabilité civile reliée à l’embarcation. Il est possible que l’on blesse quelqu’un, par exemple, ou qu’on endommage un quai. C’est faux de croire que les responsabilités civiles de l’habitation prennent nécessairement en considération ce genre d’évènement », ajoute Marie-Eve Paquette.

Chez Premier, chaque embarcation assurée, même les plus petits bateaux, a une protection pollution en plus de la responsabilité civile. « Chaque embarcation est automatiquement couverte en responsabilité civile pour deux millions de dollars et en pollution pour un million de dollar », dit Shirley Gauthier.

« Nettoyer un lac ou une marina coute extrêmement cher. Si ça arrive, le client va être content d’être assuré », ajoute Anabela Ponte, de GroupAssur Marine.