En raison de la concurrence plus vive, des activités liées aux pertes et des résultats positifs en matière de souscription font en sorte que le marché canadien de l’assurance est maintenant axé sur la croissance rentable. 

Le cabinet de services professionnels Aon plc vient de publier son Rapport 2022 sur le marché de l’assurance au Canada. On y note que les conditions du marché se stabilisent, mais demeurent complexes, car les assureurs appliquent une discipline rigoureuse en matière de souscription et de sélection des risques. 

Même si les problèmes structurels ont été largement réglés, l’année 2022 a quand même été marquée « par de nombreux défis : incertitude géopolitique, problèmes continus de chaîne d’approvisionnement découlant des répercussions résiduelles de la pandémie de COVID-19, volatilité économique et changements climatiques, etc. », énumère dans l’avant-propos du rapport Russ Quilley, directeur principal du courtage et responsable de la gestion du risque commercial chez Aon Canada

« Les hausses inflationnistes des évaluations ne sont qu’une composante de l’augmentation importante du coût des réclamations », ajoute M. Quilley dans le communiqué publié le 1er novembre dernier.

Même si l’inflation a augmenté la valeur réelle de l’exposition de manière importante, « on constate un manque important d’entrepreneurs, de fournitures et d’équipement, ce qui prolonge les périodes de récupération visées par des réclamations pour perte d’exploitation », note-t-il. Tous ces éléments font grimper le coût des réclamations et les assureurs ajustent leur tarification en conséquence. 

Les coûts découlant des événements survenus durant le premier semestre de l’année se concrétiseront pleinement d’ici la fin de 2022. Le rapport indique qu’il faut surveiller de près la façon dont les souscripteurs réagissent à des sinistres catastrophiques.

Historiquement, les plus importantes pertes économiques surviennent pendant la deuxième moitié de l’année, et le décompte des dommages associés à la saison des ouragans dans l’Atlantique est loin d’être terminé. Les fortes tempêtes de convection et les feux de forêt continuent de faire des dégâts et l’inflation fera aussi grimper les coûts d’indemnisation. 

Les catastrophes nuisent au rendement des réassureurs, lesquels peinent à mobiliser des capitaux. De nombreux réassureurs atténuent la volatilité en rééquilibrant leurs portefeuilles.

Le capital investi dans le secteur de la réassurance s’élevait dans le monde à 645 G$ à la fin du premier trimestre de 2022. Cela représente une baisse de 30 G$ par rapport au trimestre précédent. 

Principaux indicateurs 

L’année 2021 s’est terminée avec des sinistres assurés totalisant 140 milliards de dollars américains (G$), alors que la moyenne sur 10 ans est de 98 G$. 

Durant la première moitié de 2022, les sinistres assurés liés aux catastrophes naturelles ont coûté 38 G$, une hausse de 18 % comparativement à la moyenne annuelle au 21e siècle. 

« Les sinistres systémiques et les répercussions cumulatives sur l’industrie demeurent une préoccupation majeure pour les assureurs. Certains marchés gèrent les risques liés aux catastrophes naturelles en réduisant leur capacité pour les séismes et les inondations et en imposant des moratoires pour les comptes dans les régions à risque élevé de feux de forêt », lit-on dans le chapitre sur les principaux indicateurs de marché. 

Du côté de la capacité, malgré l’arrivée de nouveaux assureurs dans le marché en 2022, la capacité n’augmente pas au même rythme que la demande.

En 2021, le taux combiné de l’indice total de réassurance d’Aon était de 96,2 %, une amélioration par rapport à la moyenne de 101 % observée au cours des cinq années précédentes. Le résultat est attribuable à la baisse des pertes d’exploitation liées à la COVID-19. 

En 2021, les assureurs canadiens ont affiché un résultat combiné de 83,7 %, une amélioration notable comparativement à l’année précédente (94,6 %). 

Biens commerciaux 

En matière de cybercriminalité, le rapport recommande fortement aux clients de corriger leurs faiblesses et d’investir dans des mesures de contrôle rigoureuses. Ces mesures limitent les pertes futures, mais elles sont aussi essentielles pour obtenir une cyberassurance. 

Du côté de l’assurance des biens des entreprises, l’inflation a des répercussions sur les taux et la capacité. « Les marchés insistent sur l’augmentation des valeurs totales assurées, ce qui fait augmenter le montant de garantie globale de l’assuré pour les sinistres et peut entraîner une réduction de la capacité. Les clients pourraient devoir souscrire une assurance supplémentaire afin d’assurer une couverture adéquate de l’ensemble des risques », indique-t-on dans le rapport. 

Responsabilité 

En matière d’assurance responsabilité, les segments difficiles demeurent les mêmes : immobilier résidentiel, transport routier, exploitation minière, travaux de couverture et fabrication de produits alimentaires.

« Les marchés sont particulièrement préoccupés par les entreprises canadiennes exposées à d’importants risques opérationnels aux États-Unis (plus de 30 %) et limitent considérablement la capacité de cette protection. L’augmentation importante des frais de litige aux États-Unis continue de faire augmenter les taux et les rétentions. » 

Concernant la responsabilité des administrateurs et dirigeants, Aon souligne que « le Québec continue d’être un marché difficile en raison de son contexte juridique unique concernant le devoir de défendre des assureurs, mais les clients constateront un assouplissement au fur et à mesure que des modifications législatives seront mises en œuvre ». 

En 2021, on observe une baisse de 34 % des actions collectives en valeurs mobilières au Canada. De plus, les montants médians et moyens des règlements affichent une tendance à la baisse. 

À propos de la responsabilité professionnelle, la capacité a continué de se contracter de manière importante pour les risques situés au Québec et les souscriptions visant les projets de construction. « La réduction de l’appétit pour le risque au Québec peut également être attribuée à l’incertitude découlant du Code civil. » 

Le rapport comprend aussi des perspectives sur le marché de l’assurance responsabilité liée à la protection des renseignements personnels, les risques maritimes, la logistique et le transport général, les risques aéronautiques, l’environnement, les solutions pour la santé, le cautionnement, les frais juridiques, la gestion de crise et les rappels de produits, la gestion de crise et le terrorisme de même que sur plusieurs autres secteurs.