L’assurance pourrait aider l’économie mondiale, moins résiliente qu’au début de la dernière crise économique, en comblant un écart de 1 200 milliards de dollars américains en protection, selon l’institut de recherche sigma du réassureur Swiss Re. Il s’agit d’un record, indique le rapport.

L’étude, menée conjointement par la Swiss Re Institute et la London School of Economics, démontre que 80 % des pays observés affichaient des scores de résilience plus faibles en 2018 qu’en 2007. L’épuisement des options de politique monétaire dans de nombreux pays développés et un environnement opérationnel difficile pour le secteur bancaire sont en cause. L’échantillonnage comprend les 31 pays qui comptent pour les trois quarts du PIB mondial.

« Compte tenu de la probabilité de 35 % de récession aux États-Unis l’année prochaine et de ses ramifications mondiales, il est plus important que jamais d’évaluer la résilience sous-jacente de nos économies et de regarder au-delà des mesures traditionnelles du PIB. Globalement, les marges de manœuvre vis-à-vis des chocs économiques sont aujourd’hui plus minces qu’en 2007. La politique monétaire ultra-accommodante de ces dernières années laisse une marge de manœuvre réduite pour les banques centrales, tout en renforçant leur dépendance à l’égard des marchés financiers. Cela risque d’entrainer des récessions plus longues à l’avenir », a dit Jerome Jean Haegeli, économiste en chef du groupe Swiss Re.

La résilience des assurances

Au Canada et aux États-Unis, près des deux tiers des besoins de protection sont actuellement couverts par les ressources existantes, y compris les assurances. Ce sont les régions qui étaient les plus résistantes en 2007 et qui le sont encore en 2018, malgré une baisse au cours de la période.

La protection contre les catastrophes naturelles a contribué à faire accroitre la résilience. C’est le troisième niveau le plus élevé derrière l’Océanie et les économies avancées en Europe. L’assurance vie a diminué en raison de la situation aux États-Unis, où les besoins de remplacement de salaires et l’endettement ont augmenté plus rapidement que les actifs financiers accumulés et où la couverture d’assurance vie est presque stagnante depuis le début du siècle.

Selon l’analyse, le Canada, tout comme la Suisse, a toujours figuré parmi les trois pays les plus résilients au cours de la dernière décennie et les États-Unis se sont régulièrement améliorés par rapport à leur point bas de 2010.

L’Océanie grande championne

La plus grande amélioration de la résilience de l’assurance a été enregistrée en Océanie, où l’indice a atteint 77 %, ce qui en fait de loin la zone géographique la plus résiliente. L’Océanie affiche également le score de résilience le plus élevé pour les risques de catastrophes naturelles de toutes les régions du monde. Cela reflète les couvertures sismiques obligatoires en Nouvelle-Zélande et le succès des efforts qui visent à accroitre l’assimilation de l’assurance contre les inondations en Australie.

Les pays avancés de l’Asie pacifique et continentale sont les plus résilients face aux risques de mortalité de toutes les régions du monde, avec 62 %. Taiwan, Hong Kong, la Corée du Sud et le Japon comptent parmi les économies du monde où le taux de pénétration de l’assurance vie est le plus élevé, grâce aux produits de type épargne.

Quant aux pays émergents, la couverture d’assurance contre les trois principaux risques reste grandement inférieure aux pays émergents. Ils présentent le plus important déficit de protection absolue en assurance, soit près de 80 % du total de la région.

Les deux tiers des besoins couverts en Europe

En Europe, près des deux tiers de tous les besoins estimés en matière de protection contre les trois principaux risques sont actuellement couverts par les ressources existantes, dont l’assurance. C’est légèrement plus que pour toutes les économies avancées du monde. 

Les pays avancés d’Europe doivent une fière chandelle à la protection contre les risques de catastrophes naturelles. L’augmentation de la souscription aux assurances contre les inondations en Allemagne et l’introduction du régime Flood Re au Royaume-Uni à contribuer à réduire la perte des états et représente la plus grande avancée pour l’Europe.

Tandis que les économies européennes émergentes ont vu leur indice de résilience des assurances augmenter depuis le début du siècle, la plus grande amélioration concerne l’assurance vie, qui se place dorénavant à un niveau proche de la moyenne mondiale.

Progrès en Amérique latine

L’indice de résilience de l’assurance a progressé au cours des dix dernières années, mais reste loin sous la moyenne mondiale de 54 %. Les besoins estimés en matière de protection contre les trois principaux risques ne sont actuellement pas couverts par les ressources disponibles, pas même par les assurances.

La couverture d’assurance maladie s’est améliorée depuis 2000 pour atteindre 89 %, soit le niveau le plus élevé de toutes les régions à économie émergente. En revanche, les couvertures en assurance vie et pour les catastrophes naturelles sont restées à un niveau très bas.

L’Amérique latine est par contre la seule région à avoir enregistré une amélioration de la résilience économique, bien qu’à un faible niveau en raison de difficultés structurelles. Les marchés des capitaux de la région ne sont pas suffisamment développés, les marchés du travail ont une faible productivité et une partie importante de la population reste vulnérable au risque de retomber dans la pauvreté.