Le président de l’Association canadienne des compagnies d’assurance mutuelles (ACCAM), Normand Lafrenière, accueille de façon positive la fusion entre Ledor Assurances et La Capitale mutuelle d’administration publique, en raison des valeurs mutualistes de ce gros joueur.

Il estime que les membres de Ledor vont y gagner à plusieurs niveaux, mais en même temps, il espère que les surplus du petit assureur ne serviront pas à enrichir les actionnaires lors de cette transaction.

M. Lafrenière a fait ces commentaires au Journal de l’assurance à quelques heures de l’assemblée générale extraordinaire où les membres de Ledor devaient se prononcer sur la proposition de fusion. Les membres ont finalement approuvé le projet de fusion et de transformation de l’assureur en société par actions.

« Ce que j’en comprends, c’est que le conseil d’administration de Ledor et ses gestionnaires ont à cœur la survie et le succès à long terme de l’entreprise, a-t-il déclaré en entrevue. C’est exactement ce à quoi on s’attend de tous nos membres à l’ACCAM. Les fusions entre les sociétés mutuelles d’assurance ou les compagnies mutuelles d’assurance sont quelque chose que l’on voit fréquemment. Quand j’ai joint l’association, nous avions une centaine de membres et nous en sommes maintenant 76. Malgré cela, nos parts de marchés ont bien augmenté ces dernières années même si nous sommes moins de compagnies qu’autrefois. »

M. Lafrenière compare la fusion entre Ledor et La Capitale au mouvement qui s’est passé au sein des caisses populaires. « Nous ne sommes pas différents », commente-t-il.

Une situation spéciale

Le rôle de l’ACCAM est de défendre la mutualité, rappelle son président, et elle est contre les démutualisations. Dans le cas présent, pour réaliser cette transaction, la structure de La Capitale force la création d’une compagnie à capital-actions afin de pouvoir faire la fusion.

« On comprend très bien que c’est une situation très spéciale qui force Ledor à devenir une compagnie à capital-actions, dit-il. Par contre, elle sera chapeautée par une mutuelle. »

Une police d’assurance vie de 5 000 $ en cadeau

L’ACCAM applaudit le fait que la transaction prévoit que La Capitale remettra aux quelques 60 000 membres de Ledor une assurance décès accidentel votante au montant de 5 000 $ qui va leur permettre de participer aux grandes orientations de l’assureur.

« Il est à souhaiter qu’ils utilisent leur droit de vote », dit Normand Lafrenière.

Sur le plan des opérations, il estime que les membres de Ledor vont gagner à se joindre à une puissante organisation comme La Capitale pour des aspects comme l’informatique. L’obligation qu’aurait eue Ledor Assurances de procéder à des investissements majeurs en technologie de l’information au cours des prochaines années est l’un des facteurs principaux qui ont mené au projet de fusion avec La Capitale.

Normand Lafrenière dit d’ailleurs que l’informatique est l’un des principaux critères qui amènent de petits assureurs, y compris des mutuelles, à fusionner avec des plus grands. Il y a aussi l’aspect des couts d’exploitation qui joue un rôle majeur dans ces décisions cruciales : selon le président de l’ACCAM, ces couts sont souvent les mêmes que les gros joueurs. 

Une crainte pour les surplus de Ledor

Le président de l’ACCAM exprime une seule crainte vis-à-vis cette fusion : que les surplus de Ledor Assurances servent à enrichir les actionnaires. « On souhaite que les surplus demeurent dans la mutualité, donc chez Ledor pour servir à sa croissance à l’intérieur du giron de La Capitale », espère-t-il. La chose serait possible si, comme il le croit, Ledor devient une filiale à part de La Capitale comme elle en possède d’autres.

Il existe des précédents de regroupements du genre au Canada. On se retrouve avec des filiales à capital-actions, mais qui ont la capacité mutualiste. Certaines font partie de l’ACCAM même si elles ne s’appellent pas mutuelles, car les maisons-mères sont elles-mêmes des mutuelles.

« Nous n’avons pas peur, dit son président, car nous avons déjà des exemples où cela va bien. » Il cite le cas au Nouveau-Brunswick de United General Insurance Corporation qui est devenue depuis peu une filiale de Farm Mutual Re, un réassureur appartenant aux mutuelles.

Il survient en moyenne une fusion par année au Canada chez les mutuelles d’assurance.

Normand Lafrenière ne croit toutefois pas que les mouvements du genre vont s’accélérer ces prochaines années au sein des compagnies d’assurance mutuelles.