Le Conseil consultatif sur la mise en œuvre du régime national d’assurance-médicaments a présenté son rapport final et recommande au Canada d’adopter un régime d’assurance médicaments universel, public et à payeur unique.

Cette conclusion a reçu un accueil mitigé de la part des différents acteurs touchés de près ou de loin par le futur régime public.

L’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP), qui préconisait un maintien des régimes privés depuis le début, a dit encourager « vivement le gouvernement fédéral à aller de l’avant dans son projet d’élargir l’accès aux médicaments d’ordonnance pour ceux qui en ont besoin, et de maitriser le cout des médicaments ». Or, l’association estime que la collaboration entre les régimes publics et privés est préférable.

« Nous croyons qu’il existe une voie d’avenir réalisable et abordable pour permettre à tous les Canadiens d’accéder aux médicaments dont ils ont besoin, sans mettre en péril ce qui fonctionne aujourd’hui, a déclaré Stephen Frank, président et chef de la direction de l’ACCAP, par voie de communiqué. Selon nous, les régimes publics et ceux des assureurs devraient collaborer entre eux afin de négocier de meilleurs prix pour l’ensemble des Canadiens. En outre, nous appuyons l’établissement d’une liste nationale de médicaments que tous les régimes, qu’ils soient publics ou privés, auraient l’obligation de couvrir, au minimum, afin d’assurer une plus grande uniformité à l’échelle du Canada et de combler les écarts actuels. »

25 millions de personnes déjà couvertes

L’ACCAP rappelle que plus de 25 millions de personnes au pays ont déjà une couverture pour les médicaments d’ordonnance par l’entremise du régime de leur employeur.

Elle tient aussi à rappeler qu’un sondage d’opinion publique démontre que 83 % des Canadiens « veulent que les gouvernements affectent l’argent des contribuables à la couverture des médicaments d’ordonnance pour eux qui en ont besoin, et non pour les personnes couvertes par les régimes d’employeurs ».

« Les Canadiens ont besoin de pouvoir payer les médicaments qui leur sont prescrits. Ensemble, les régimes publics et privés peuvent aider les personnes qui n’ont pas de couverture ou qui sont aux prises avec des couts catastrophiques. C’est ce genre de collaboration qui, selon nous, peut permettre d’atteindre dès maintenant les objectifs d’un régime national d’assurance-médicaments, sans entrainer les couts envisagés dans le rapport publié aujourd’hui », ajoute M. Frank.

L’ACCAP appuie toutefois la création de l’Agence canadienne des médicaments et l’attribution de fonds pour faciliter l’accès aux médicaments onéreux pour traiter les maladies rares.

Les pharmaciens se rangent du côté de la ministre de la Santé

L’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) se range du côté de la ministre de la Santé du Québec, Danielle McCann, qui demande un droit retrait du Québec avec pleine compensation « dans le respect des compétences des provinces ».

Le président de l’AQPP, Jean Thiffault, adopte une position similaire à celle de l’ACCAP en prônant un maintien du régime mixte actuel « qui a fait ses preuves ». « Il est certes perfectible, mais il permet déjà à tous les Québécois d’avoir accès à un régime d’assurance médicaments, peu importe leurs revenus. Nous croyons que le modèle québécois peut servir d’exemple au gouvernement canadien, car il détient la liste de médicaments la plus élaborée au Canada, basée sur des données probantes. »

Les biosimilaires pour soutenir le régime national

De son côté, Biosimilaires Canada conseille au gouvernement de recommander des politiques de gestion des listes de médicaments qui mettent de l’avant l’utilisation des biosimilaires pour « assurer la viabilité du régime national d’assurance médicaments ».

Tel que rapporté par le Journal de l’assurance, le pharmacien Marc Parent recommande au Québec d’adopter une mesure similaire à celle de la Colombie-Britannique. La province veut utiliser les médicaments biosimilaires dans le traitement de certaines maladies, ce qui lui fera économiser plusieurs millions de dollars.

Les recommandations du Conseil consultatif

Les recommandations du Conseil consultatif incluses au rapport final suivent celles énoncées dans le rapport provisoire, publié en mars dernier. Il inclut aussi la création de l’Agence canadienne des médicaments et la mise sur pied d’une liste nationale des médicaments d’ordonnance.

« Le régime d’assurance-médicaments universel, public et à payeur unique permettra à tous les Canadiens, y compris un Canadien sur cinq qui n’a pas d’assurance ou qui est sous-assuré, d’avoir accès à des médicaments d’ordonnance. Un formulaire national permettra de veiller à ce que les mêmes médicaments soient offerts partout au Canada », souligne le Conseil consultatif.

Il recommande également que le régime soit transférable à l’étranger, qu’il existe une voie distincte, dotée d’un financement réservé pour les médicaments couteux en cas de maladie rare et que le processus d’approbation des médicaments soit simplifié.

Le Conseil consultatif avance que le régime permettra une économie de 5 milliards de dollars chaque année grâce à une hausse du pouvoir de négociation, une réduction des couts administratifs et d’autres améliorations. Cela représente une économie d’environ 350 $ par famille en moyenne.