Les chercheurs de la McKinsey & Company font un parallèle entre la crise de la COVID-19 et une crise qui serait provoquée par les changements climatiques.

C’est que « la crise du coronavirus recèle de profondes leçons qui peuvent aider à lutter contre les changements climatiques. Particulièrement si nous plaçons une plus grande résilience économique et environnementale au cœur de notre planification pour la reprise à venir », disent Dickon Pinner et Matt Rogers, associés principaux à San Francisco, et Hamid Samandari, associé principal au bureau de New York, dans leur article Lutter contre le changement climatique dans un monde post-pandémique, paru en avril.

La COVID-19 dresse la table

La situation pandémique actuelle donne un avant-goût de ce qu’une crise climatique pourrait entrainer sur l’offre et la demande et sur les chaînes d’approvisionnement.

Tous les systèmes de roulement, tels que les systèmes de santé, les actifs physiques, les services d’infrastructure et les chaînes d’approvisionnement, ont été conçus pour fonctionner dans une bande de conditions étroite, selon ce qu’indiquent les chercheurs. « Dans de nombreux cas, ils ont déjà du mal à fonctionner au sein de cette bande, et encore moins au-delà. La pandémie de coronavirus et les réponses qui sont mises en œuvre illustrent à quel point l’échec de la résilience peut s’avérer coûteux. » Une crise climatique chamboulerait, aux mêmes tires que la crise de la COVID-19, ces systèmes, croit la McKinsey.

Tant pour les changements climatiques qu’une future pandémie, « les coûts d’une crise mondiale dépasseront largement ceux de sa prévention », ont indiqués les chercheurs

Investir dans la résilience

Les pandémies et les changements climatiques ne peuvent être considérés comme étant des événements inattendus ou comme un « cygne noir », car les experts ont constamment mis en garde contre les deux au fil des ans. La COVID-19 démontre par ailleurs que la plupart des régions du globe étaient mal préparées à prévenir ou à affronter une telle crise.

Le risque pandémique et les risques climatiques représentent tous deux des chocs physiques, qui entrainent un éventail d’impacts socioéconomiques, en plus d’êtres non linéaire et multiplicateurs, écrivent les chercheurs. Ces chocs ne peuvent être corrigés qu’en comprenant et en s’attaquant aux causes physiques sous-jacentes.

Selon MM. Pinner, Rogers et Samandari, il ne faudrait donc pas considérer la crise actuelle ou une crise climatique comme étant un choc financier, malgré les ruptures bancaires, l’écrasement de marchés, ou la dévaluation des devises, « qui sont largement dus au sentiment humain, en plus d’être fréquemment rétablis quand la confiance revient ».

« La lutte contre les pandémies et les risques climatiques nécessitent les mêmes changements fondamentaux au niveau de l’optimisation des systèmes. Ils nécessitent des performances à court terme et de la résilience à plus long terme », disent les chercheurs. 

Utiliser la COVID-19 pour en faire une prise de conscience

« Une élévation moyenne de la température mondiale au-dessus de 1,5 ou 2 °C créerait des risques auxquels l’économie mondiale n’est pas préparée. Il ne resterait qu’entre 10 et 25 ans de capacités en carbone pour fournir l’économie mondiale, indiquent les chercheurs de la McKinsey. L’évolution vers une économie à faibles émissions de carbone présente un défi de taille, mais il est essentiel d’intégrer la réflexion et la planification pour construire une résilience économique et environnementale beaucoup plus grande, dans le cadre de la reprise à venir », poursuit la McKinsey and Company.

Les chercheurs mentionnent dans leur article que les individus, les entreprises et les gouvernements devraient profiter de ce moment pour prendre conscience de l’impact d’une crise climatique, qui pourrait créer des perturbations de grande ampleur et de plus longue durée. C’est également le moment d’apporter des changements de comportements qu’il est possible de garder après la crise, comme la structure établie autour du télétravail, que ce soit pour réduire l’empreinte écologique ou pour favoriser une approche durable.

Ni les pandémies ni les aléas climatiques ne peuvent être affrontés sans véritable coordination et coopération mondiale. Les frontières entre les nations sont beaucoup moins importantes que les frontières entre les problèmes et les solutions, poursuivent les chercheurs.